Le président du Syndicat caprin réfléchit à transmettre sa ferme
À 58 ans, Jean-Pierre Monthubert, président du Syndicat caprin de la Charente, élève des chèvres depuis 1987 à Ligné. Il brosse un portrait sans fard de la profession - qu'il pratique avec passion - et de ses difficultés.

" Les animaux, c'est tous les jours toute l'année ! Il faut être motivé et courageux ! " Malgré un genou douloureux, Jean-Pierre Monthubert ne ménage pas ses efforts sur son exploitation caprine de Ligné. " J'ai repris la ferme de mon père en 1987. Il avait 7 ou 8 vaches laitières. Mais les vaches, ça ne m'intéressait pas ! J'avais fait un stage en élevage caprin. C'est ce que je voulais faire ". Il commence par 40 chèvres. " On faisait la traite à la main ! Puis je suis monté à 100 chèvres, et j'ai investi dans une trieuse 10 postes, puis 14, puis 20 ! Là, on est à 32. Le bâtiment des chèvres a bien évolué en 7 ou 8 interventions... " Ces dernières années, il a investi dans deux séchoirs pour garantir la qualité de ses fourrages. " C'est une organisation. On sèche de fin avril à fin octobre en principe ". Son épouse Sylvie travaille à ses côtés, en tant que salariée de l'exploitation.
Polyculture-élevage. L'éleveur compte 350 chèvres Alpines en production. Environ 150 chevrettes naissent tous les ans. " Je suis en polyculture-élevage, comme les fermes d'antan. Avec 120 hectares de terres disséminées entre Ligné, Mansle et Fontenille, je cultive de l'orge et du maïs pour les chèvres, un mélange vesce et pois pour sursemer les prairies et réaliser des couverts pour l'enrubannage sans avoir besoin d'utiliser de l'engrais azoté. Je fais de la production fourragère, luzerne, sainfoin, betterave, trèfle. J'ai 8 à 9 hectares de prairies naturelles pour faire du foin ".
Toute sa production de lait de chèvre est récupérée par la coopérative Terra Lacta. " Elle est bon an, mal an, de 300 000 litres. Le prix du lait est correct. Mais avec la conjoncture, tout est tellement plus cher : l'énergie, les charges... C'est compliqué !", soupire-t-il.
Inquiétudes sur l'avenir. Quand il s'agit d'évoquer l'avenir de la profession, le regard de Jean-Pierre Monthubert s'assombrit. " Notre métier est en train de disparaître en Charente. Il n'y a pas assez de repreneurs. Nous essayons de convaincre les jeunes pour créer des vocations... Il y a quelques projets, des personnes qui veulent quelques chèvres pour faire du fromage. Ça peut marcher pour générer un complément de revenus... Mais pour investir, il faut être solide ! "
Cependant, il fonde un certain espoir depuis qu'il a recruté un apprenti en septembre dernier. À 19 ans, Adrien Michonneau est en BTS production animale à Bressuire (79). Fils d'éleveur bovin à Vouharte, il avait envie de découvrir un autre élevage. " Je conduis les tracteurs, je m'occupe de la traite. Je nourris les chèvres. Ça me plaît ! Je voudrais reprendre une exploitation, celle de mon père, celle de Jean-Pierre ou une autre."
" Adrien est motivé par l'élevage et par les cultures, reprend Jean-Pierre Monthubert. On a inséminé 35 chèvres cette année. Il voulait qu'on en fasse 80 ! À mon âge, j'ai besoin d'un jeune pour me pousser. Après son BTS, j'aimerais le prendre comme salarié, puis éventuellement qu'il s'installe ".