Saperfel
« Le problème est sociétal plus qu’agricole »
Considérer la parole de l’autre contribue à l’apaisement. Parce qu’ils auront pris le temps de réfléchir à leurs pratiques, les agriculteurs pourront mieux les expliquer.
Considérer la parole de l’autre contribue à l’apaisement. Parce qu’ils auront pris le temps de réfléchir à leurs pratiques, les agriculteurs pourront mieux les expliquer.
Maintenir la production laitière dans des zones dites intermédiaires est une préoccupation qui ne date pas d’hier. Alors que le nombre d’élevages laitiers – vache – est passé en dessous de la barre des 400 en Deux-Sèvres, le Saperfel voit dans les tensions qui existent entre les agriculteurs et la société un frein de plus au développement de cette activité. Jeudi 19 décembre, à Viennay, Jean-Yves Rousselot et son équipe profitaient de l’assemblée générale de Deux-Sèvres Conseil Élevage pour libérer la parole sur ce sujet et faire émerger, par les témoignages, les comportements et actions les plus prometteurs ; ceux qui participent à l’amélioration de l’image de l’agriculture dans l’opinion publique.
Si ici où là des tensions s’expriment – Basile Baudouin, voisin de ce qui a été la Mau’zad l’été dernier à Mauzé-sur-le-Mignon, en a témoigné – il semble que les agriculteurs, le plus souvent, ressentent une pression. Traitement « à charge » de l’actualité agricole, jugent de nombreux exploitants, regards et attitudes réprobateurs de certains voisins : « Autant que possible, je ne réagis pas dans l’instant », témoigne Jean-Claude Geffard, éleveur à Coulonges-sur-l’Autize. Le producteur préfère expliquer dès qu’il en a l’occasion plutôt que répondre. Lors de repas ou de fêtes villageoises auxquels il participe, il parle de son métier. « Il faut dire les choses, confirme Véronique Patou, coach et formatrice. Pour le faire avec le recul nécessaire, il est indispensable, à tête reposée, de s’interroger sur ses pratiques et de réfléchir à comment les présenter plus que les justifier ».
Elle invite chacun à considérer que cette pression, ressentie par le monde agricole, ne lui est pas propre. « Il suffit de se rapprocher d’un service d’urgence pour comprendre que le problème est sociétal plus qu’agricole. L’individu a une fâcheuse tendance à l’empressement ».
En toute humilité et sans tabou, Fabien Susset, Marine Allain, Stéphane Faidy et Christiane Morisset ont fait part de leurs expériences. Portes ouvertes d’exploitations, marches gourmandes, animation de pages Facebook sont autant de moyens utilisés pour faire savoir ce qui se passe dans les fermes. Hormis sur les réseaux sociaux, les critiques sont rarement formulées de manière frontale. Marine, apprentie au Saperfel, anime la page Facebook « Fier de mon métier ». « Nous avons appris à prendre le temps de comprendre avant de répondre avec certitude mais sans agressivité, témoigne-t-elle. Et puis, il faut savoir abandonner. Argumenter est indispensable pour informer les lecteurs des commentaires. En revanche, il ne sert à rien de chercher à convaincre les personnes dogmatiques ».