Pour la Fnsea 79 et les JA : "Le revenu est une priorité pour redonner le goût d'entreprendre"
À l'aube d'une nouvelle année, Denis Mousseau et Romain Auzanneau s'apprêtent à porter la liste commune de leurs deux syndicats dans le cadre des élections des chambres d'agriculture. Interview croisée.
À l'aube d'une nouvelle année, Denis Mousseau et Romain Auzanneau s'apprêtent à porter la liste commune de leurs deux syndicats dans le cadre des élections des chambres d'agriculture. Interview croisée.
2024 vient de s'achever, quel état des lieux faites-vous de l'année écoulée ?
Denis Mousseau : C'était une année noire pour l'état des trésoreries des exploitations.
Avec des excès d'eau compliquant les chantiers et la survenue de maladies dans les élevages, 2024 démontre, s'il en était besoin, le besoin d'améliorer et sécuriser les moyens de produire des agriculteurs et agricultrices : l'eau, les intrants, la biosécurité, etc.
Cette sécurisation doit s'accompagner d'autres décisions politiques pour faire baisser les charges, et surtout, simplifier les normes demandées aux exploitants. Il s'agit, a minima, de mettre ces règles en cohérence avec la réalité du métier de producteur, notamment pour ce qui est des zonages environnementaux.
Romain Auzanneau : Il faut en effet continuer à aller chercher des fonds d'urgence de trésorerie. L'année a été dure aussi pour l'agriculture car bénéficiant de peu de visibilité gouvernementale.
Sur le plan local, nos deux syndicats ont multiplié les rendez-vous de travail avec les services de l'État pour faire avancer la cause agricole.
Vos syndicats se sont mobilisés à plusieurs reprises en faisant entendre leur voix lors de manifestations. Quels sont les fruits de ces actions ?
R. A. : Les victoires syndicales sont nombreuses depuis l'automne 2023, au niveau national.
Je citerai parmi elles quelques acquis fiscaux comme le relèvement du plafond BA, les 40 % d'exonération sur les plus-values, la déduction de 150 €/vache.
Nous avons aussi obtenu des fonds d'urgence : 11,60 M€ pour la MHE, 50 M€ pour les pertes de cultures, 90 M€ pour la bio, 75 M€. Dernière victoire en date, c'est l'application d'un contrôle unique en ferme : une seule fois par an, et couvrant l'ensemble des contrôles (sanitaire, Pac...).
D. M. : On peut aussi citer le dégrèvement sur la TFNB, la détaxation du GNR. Ou encore les dérogations sur les couverts végétaux et la rotation des cultures.
C'est une réponse à l'incidence climatique du moment. Sur le long terme, il y aura des mesures à inscrire dans le cadre de la LOA et du plan de finances. Dès que la position gouvernementale sera stabilisée.
La loi spéciale, en cours en ce début d'année, valide en tout cas la mesure sur le GNR et sur les prêts garantis par l'État à taux bonifié.
Vous portez la liste "Ensemble, nous sommes l'agriculture" pour les élections qui s'ouvrent dans quelques jours. Quel est le fil conducteur de votre programme ?
D. M. : La priorité, ce sont le revenu et la dignité. Deux choses que doivent retrouver les agriculteurs pour renouer avec le goût d'entreprendre. De là découleront la transmission de fermes compétitives et durables et l'installation de porteurs de projet. Nous souhaitons des agriculteurs nombreux sur tout le territoire.
Améliorer le revenu agricole passera par la sécurisation des moyens de produire, notamment des réserves d'eau, qui doivent nous permettre d'être résilients face à la sécheresse.
Cela passera aussi par la diversification que représentent la production d'énergie, le stockage de carbone, mais aussi les services environnementaux (curage des fossés, entretien des haies).
Attention, ces diversifications doivent rester complémentaires et ne pas prendre le dessus sur la production agricole. Par ailleurs, là encore, ces diversifications ne sont envisageables que si le cadre légal et normatif reste réaliste et simplifié, notamment pour les projets de développement ou de bâtiments. Concernant les phytos, notre credo reste "pas d'interdiction sans solution"!
R. A. : Protéger le revenu de nos agriculteurs, c'est aussi veiller à l'application d'Egalim (qu'en est-il des contrôles et sanctions qui avaient été promis ?) et l'application de clauses miroirs dans les accords de libre-échange.
Pour que notre métier soit durable et reconnu, nos fondamentaux demeurent inchangés : qu'on n'importe pas l'agriculture que nous ne voulons pas. Pour cela nous continuerons de peser dans les instances nationales et européennes pour que les mêmes règles de production soient requises au moins à l'échelle des 27.
Les diversifications de revenu doivent rester complémentaires et ne pas prendre le dessus sur la production agricole. Par ailleurs, là encore, ces diversifications ne sont envisageables que si le cadre légal et normatif reste réaliste et simplifié, notamment pour les projets de développement ou de bâtiments. Concernant les phytos, notre credo reste "pas d'interdiction sans solution"!
Les candidats de la liste
Collège 1 - Denis MOUSSEAU (tête de liste, Epannes), Romain AUZANNEAU (Vouillé), Emilie GERON (Saint-Coutant), Mickaël GATARD (Moncoutant-sur-Sèvre), Lucie MALINGE (Bressuire), Nicolas LIMOGES (Pamplie), Ludovic JARRIAULT (Granzay-Gript), Shayna DARAK (Saint-Pompain), Charlotte LAURENT (Mauléon), Antonin GOULARD (Saint-Maxire), Sophie DUPONT (Beaulieu-sous-Parthenay), Thierry BERNIER (Luché-Thouarsais), Léo VINCENT (Chiché), Isabelle PROUST (Thouars), Antoine MADIER (Aiffres), Richard VEILLON (Vasles), Laure DHENIN (Sainte-Soline), Jean-Baptiste RASILLARD (Saint-Jacques-de-Thouars), Samuel HERAULT (Nueil-les-Aubiers)
Collège 2 - Alain CHABAUTY (Terves), Serge BONNANFANT (Verruyes), Bernadette Touzé (Alloinay)
Collège 4 - Michel GUIONNET (Luché-Thouarsais), Hélène FOUET-BLAUD (Saint-Georges-de-Noisné), Christiane MORISSET (Rom)
Collège 5E - Guylène REVEREAU (Luché-Thouarsais), Thierry BOUDAUD (Frontenay-Rohan-Rohan), Théophile BRELOUX (Marcillé).
En ce début d'année où il est de coutume d'échanger des vœux, quels sont les vôtres pour le monde agricole ?
R. A. : Mon souhait ? Que les agricultrices et agriculteurs votent pour le bon sens !
D. M. : Je leur souhaite de retrouver le sourire. Je leur formule tous mes vœux de réussite, de sérénité et de durabilité dans leurs projets. Très belle année 2025 à tous !
"Une chambre dynamique, et de proximité"
Les têtes de liste de la Fnsea 79 et de JA 79 décrivent ce que doit être une chambre d'agriculture : un outil "au plus près de tous les agriculteurs, qui les mettent en relation entre eux et avec les collectivités locales, pour être le fer de lance du développement agricole et de l'aménagement du territoire".
Denis Mousseau précise : "Elle doit soutenir l'ambition de production et de durabilité de l'agriculture, via un accompagnement sur-mesure et des conseils techniques". Pour le représentant des JA Romain Auzanneau, la chambre d'agriculture doit mettre l'accent sur les dossiers d'installation, en proposant notamment des formations variées, "intégrant davantage les nouvelles technologies comme la modulation de doses par exemple ou les outils d'aide à la décision (OAD)". Enfin, au même titre que les syndicats, la chambre consulaire agricole a aussi le rôle de "faire de la pédagogie auprès des consommateurs sur l'importance de consommer les produits cultivés et élevés en France".