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Programmes
Législatives : les candidats au crible des questionnements agricoles

Cinq candidats aux législatives dans les deuxième et troisième circonscription se sont rendus chez Abel Lumineau et ses associés, à Viennay, pour exposer leur vision de l’agriculture, avant les élections des dimanches 30 juin et 7 juillet.

© Carole Lumineau

C'est un rituel établi depuis quelques années maintenant : les candidats à une élection sont invités par la Fnsea et les JA 79 à venir présenter leur programme agricole. 

Cinq ont répondu à l’invitation : Delphine Batho (Nouveau front populaire), Guy Bourdon (Reconquête) et Frédéric Bizard (Modem) pour la deuxième circonscription ; Jean-Marie Fiévet (Renaissance) et Mattieu Manceau (Les Républicains) pour la troisième. 

Ils se sont retrouvés chez Abel Lumineau et ses associés, à Viennay, mardi 25 juin.

Lire aussi : À la veille des élections européennes, les partis répondent aux agris

L’utilisation des phytosanitaires

Il le dit sans ambages : « Lors du vote sur la réintroduction des néonicotinoïdes, ma main n’a pas tremblé pour la valider, ce qui m’a valu des menaces de mort. Mais sans cela, combien d’agriculteurs aurions-nous perdus ? » questionne Jean-Marie Fiévet, le député sortant Renaissance. Son adversaire LR, Mattieu Manceau, le rejoint sur la question en proposant d’inscrire dans la loi le fait de ne pas interdire de produits sans proposer une solution adéquate derrière. Les deux hommes avancent comme solution le financement de la recherche et développement, ce à quoi Delphine Batho glisse malicieusement que des coupes budgétaires viennent d’être votées dans le domaine de la recherche mais aussi de l’enseignement.

Sans surprise, l’écologiste assume ses positions sur ce qu’elle nomme les pesticides. « Quand il est avéré que c’est un poison, nous avons l’obligation d’arrêter son utilisation tout de suite. Une fois que le produit est interdit, il ne faut plus le produire ou l’importer. On ne voit que trop bien les problèmes de santé publique ». Interpellée sur la baisse des antibiotiques en élevage, la députée sortante reconnaît le travail engagé et assure que « cet exemple montre bien qu’il est possible de se passer de ce type de produits. Il faut en sortir par des compensations et des accompagnements ».

Frédéric Bizard (Modem) se place dans la lignée de ses homologues masculins en demandant des solutions antérieures à l’interdiction mais insiste sur le fait de donner une vision réaliste de ce changement aux agriculteurs pour qu’il puisse connaître leurs perspectives à moyen terme.

Enfin, Guy Bourdon (Reconquête) avance une solution surprenante : effectuer la pulvérisation par drone, une méthode éprouvée en Israël, selon lui, et qui montrerait des résultats certains avec une baisse conséquente du volume utilisé.

La gestion de l’eau

Sans surprise, sur la gestion de l’eau, Delphine Batho n’a pas la même vision que les autres candidats. Pour faire un pas de côté, Jean-Marie Fiévet (Renaissance) met en avant le financement et l’entretien des points d’eau naturels, trop souvent délaissés. Sur les réserves de substitution, Mattieu Manceau (LR) concède la nécessité d’un système pour stocker l’eau plutôt que de la voir partir dans l’océan et Frédéric Bizard (Modem) s’étonne de la contestation d’un tel projet : « Comment un écologiste peut-il être contre ? Les réserves, ce sont du bon sens sur le principe. Il faut ensuite discuter des détails pour industrialiser davantage le processus ». Guy Bourdon (Reconquête) insiste quant à lui sur la dimension collective du projet. « On ne parle pas que de douze exploitations mais de tous ceux qui sont nourris derrière ».

Delphine Batho (Nouveau front populaire), fait remarquer que « toutes ses propositions pour sortir de la situation actuelle n’ont pas été entendues, alors que le dialogue est la seule voie possible ».

La rémunération des exploitants

Tous les candidats, à l’exception de celui de Reconquête, s’accordent sur l’importance de la Pac mais déplorent l’inefficacité des lois Egalim, dont la dernière mouture est « la onzième loi depuis la Loi de modernisation de l’économie en 2008 », comme le souligne Delphine Batho (Nouveau front populaire). « La répartition doit être mieux calibrée », reconnaît Mattieu Manceau (LR). Deux problèmes semblent faire l’unanimité auprès des candidats : le traitement administratif et la gestion des marges.

Pour Frédéric Bizard (Modem), « il faut mettre le doigt dans l’administration pour permettre à la DDT d’être plus réactive ou encore éviter les retards fréquents de paiements de la Pac ». Il estime également l’importance de mettre en place des garde-fous pour faire appliquer les lois. Delphine Batho pointe quant à elle du doigt le manque de formation des vacataires, qui ne sont pas des agents formés de l’État, ce qui se ressent dans le traitement des dossiers.

Pour la députée sortante, la transparence des marges est également à travailler, avec un système de plafonnement et de prix planchers incluant la rémunération jusqu’à deux fois le Smic.

La rémunération passera également par le local. Ainsi, Mattieu Manceau appelle à une révision des marchés publics pour permettre aux agriculteurs d’accéder plus facilement à la RHD quand Jean-Marie Fiévet (Renaissance) voudrait inciter les collectivités à dépasser le seuil de 50 % de produits locaux inscrit dans la loi.

Enfin, pour Guy Bourdon (Reconquête)l’amélioration des revenus ne peut passer que par « une baisse drastique des charges. L’agriculture française reste trop taxée et trop normée », assène-t-il, soulignant au passage que les politiques menées depuis quarante ans « ont mené à un revenu moyen pour les agriculteurs de 1 035 euros par mois, ce qui n’est pas soutenable ». Dans cette optique, il propose le relèvement de la surface minimale d’assujettissement de 12,5 à 20 ha. Une baisse des taxes à laquelle Frédéric Bizard s’oppose : « Les taxes permettent le financement d’outils fondamentaux de l’État ».

Risque suicidaire, formation, libre-échange...

Guy Bourdon (Reconquête) veut faire de l’accompagnement mental des agriculteurs une priorité : « il y a trop de suicides dans les campagnes », indique-t-il.

Frédéric Bizard (Modem), économiste de formation, pense que de la connaissance découle le pouvoir. Ainsi, il souhaite se pencher vers les enseignements agricoles et renforcer notamment le module de gestion. « Bien gérer son entreprise, ça s’apprend ».

Mattieu Manceau (LR) le rejoint en estimant que le monde agricole n’est pas assez mis en avant à l’écoute et est un parent pauvre de la formation. « Appuyons-nous sur les modèles des MFR notamment ».

Jean-Marie Fiévet (Renaissance) s’est quant à lui fait le chantre des traitées de libre-échange, qu’il a défendu à l’Assemblée nationale. « En prenant l’exemple du Ceta, on se rend compte que nous sommes plus exportateurs qu’importateurs. Ce sont des marchés importants qui se sont ouverts à nous ».

Enfin, Delphine Batho (Nouveau front populaire) appelle à un choc de simplification mais pas à une disparition du nombre de normes pour ne pas faire « un alignement par le bas ».

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