L'élevage au coeur des évolutions technologiques
Une vingtaine de digifermes en France expérimentent les technologies de demain. De nombreux programmes ciblent les élevages, déjà bien pourvus.
Une vingtaine de digifermes en France expérimentent les technologies de demain. De nombreux programmes ciblent les élevages, déjà bien pourvus.
Les nouvelles technologies sont plus présentes qu'on ne le croit dans les élevages. Il y a en moyenne 6,6 outils connectés dans les fermes bovins lait, 4 en ovin lait et 3,1 en caprin.
La croissance a été exponentielle en moins de dix ans, le niveau d'équipement en bovin lait ayant été multiplié par 2 à 2,5 par exemple depuis 2015. Dans la filière, un tiers des exploitants souhaitent investir dans un outil de gestion du pâturage dans un avenir proche. L'accroissement des cheptels et la recherche de productivité répondent à ce besoin d'assistance technologique.
Quelques outils sont en phase de test dans le cadre du programme Smart élevage et répondent à ces besoins prégnants. Focus sur trois d'entre eux.
Automatiser la collecte de poids vif
Avec Phéno 3D, l'objectif est d'évaluer le poids d'un animal sans passer par une bascule et un poste de pointage au sevrage qui évalue 19 critères morphologiques (développement musculaire, squelettique et aptitudes fonctionnelles).
Des sessions qui prennent beaucoup de temps à l'éleveur mais également au conseiller, obligé de suivre une session d'homogénéisation chaque année. La lourdeur du dispositif de formation, couplé à un turn-over important dans les structures, est un frein à son développement. De plus, l'évaluation peut être suivie d'une contestation des notes.
Avec Phéno 3D, il suffit de passer sous un portique portable qui va scanner l'animal grâce à une dizaine de caméras RGB-D. L'IA va ensuite traiter les images et prédire les phénotypes. " Les premiers résultats sont encourageants, se félicite Maxence Bruyas, chef de projet Phéno 3D à Eliance. En Charolaise, la moyenne des écarts est seulement de 4 %.
Il faut maintenant démultiplier ces résultats sur les dix autres races pointées ". À terme, l'entreprise souhaite proposer le portique, qui s'installe en quinze minutes, pour le prix d'une bascule neuve.
Accroître la surveillance pour les sorties au pâturage
Fini le comptage des moutons à l'œil : et si on laissait un drone s'en charger pour nous ? C'est ce que propose le programme Icaerus, qui réalise un inventaire des drones existants sur le marché (de 300 à 10 000 € HT) pour en déterminer l'utilisation la plus idoine. "
Le drone fait partie d'une grande famille technologique et nous avons ressenti le besoin de faire le tri pour les éleveurs, qui se retrouvent perdus face à une offre aussi large ", rend compte Adrien Lebreton, ingénieur en élevage de précision à l'Idele. Or, entre un et trois éleveurs sur dix, selon les filières, souhaite se doter de ce type d'équipement.
Deux fermes pilotes font l'objet de recherche sur la question, à Jalogny (51) et à Carmejane (04) afin de mesurer au quotidien les impacts des usages sur les données qualitatives comme quantitatives. Une IA de comptage de petits ruminants est ainsi en cours de développement.
Pour commencer dans la recherche, l'Idele propose un guide simplifié d'utilisation, décryptant la législation et les bonnes pratiques. Il est disponible gratuitement sur son site Internet.
Clôturer les animaux, sans obstacle physique
L'un des freins principaux à la sortie au pâturage est la pose des clôtures, induisant un temps de travail important et un certain budget.
Avec le système No fence, plus besoin de s'astreindre à cette corvée. Il suffit d'équiper les ruminants d'un collier connecté à une application sur laquelle l'éleveur aura délimité ses paddocks.
Via ces données, le collier va émettre un signal sonore de plus en plus fort à l'approche de cette barrière virtuelle avant de délivrer un coup électrique en cas de dépassement.
" Il faut auparavant associer le collier à une barrière physique pour que l'animal comprenne le lien de cause à effet mais cela se fait en quelques jours seulement ", indique Sixtine Fauviot, responsable de ferme environnementale à la chambre d'agriculture des Pays de la Loire. Les colliers étant équipés de trackers GPS, il est facile de retrouver les échappés.
Toutefois, cette technologie n'est pas pour tout de suite dans les pâtures françaises. No fence, l'entreprise norvégienne, a finalement décidé de se concentrer sur le marché nord européen pour le moment.
Autre écueil : le coût. Les prototypes ont coûté 210 € par collier, auquel il faut ajouter un abonnement mensuel de 5 € par animal. Mais l'idée fait son chemin.