Lait
Les coopératives laitières jettent de l’huile sur le feu
Pour toute réponse à l’ultimatum du 27 février que leur avaient fixé les sections laitières des FDSEA, les coopératives préfèrent la sauvegarde de leur trésorerie. Le mécontentement ne faiblit pas.
«Les laiteries Eurial et Glac persistent et signent dans leur décision unilatérale d’amputer amplement le prix du lait de leurs sociétaires au premier trimestre 2009. » C’est donc un constat d’échec que relève la FRSEA alors qu’elle demandait à ces coopératives de faire des propositions conformes aux engagements qu’elles ont pris à l’automne dernier sur le prix du lait de ce premier trimestre 2009.
Après avoir ouvert la porte à la discussion pendant toute la semaine, les représentants des éleveurs laitiers des régions Poitou-Charentes, Pays de la Loire et Bretagne se sont retrouvés le vendredi 27 février, « face à des représentants de coopératives complètement hermétiques à toute discussion ». « Pour aborder la difficile situation économique, ils ont signifié qu’ils préféraient sauvegarder la trésorerie de leurs entreprises au frais des producteurs, en bafouant tous les accords interprofessionnels pris », poursuivent, amers, les syndicalistes.
L’inquiétude se manifeste dans les rangs des coopérateurs d’Eurial-Poitouraine en particulier, mais aussi parmi les livreurs de la CLS, de Pamplie, de la Coop du Pays de Gâtine, pour cette année 2009. « Jusqu’en 2008, ces petites laiteries jouaient le rôle de la coopération, avec acompte et complément de prix, qui les plaçaient dans une position favorable pour les producteurs. Mais nous sommes inquiets pour 2009», explique Christophe Limoges, président de la section laitière de la FDSEA.
Si le marché, tant invoqué par les laiteries, s’est dégradé, les éleveurs ne veulent pas que les coopératives les prennent pour des banquiers. Or, ils estiment qu’Eurial et le Glac « se font de la trésorerie sur le dos des producteurs ». Et Christophe Limoges de fustiger ces laiteries « à l’origine d’une telle déroute ». Il va même jusqu’à dire « qu’il faut faire le ménage » au sein des conseils d’administration, « plus attachés au bras de leur fauteuil qu’au bras des éleveurs. Qu’elles initiatives prennent-ils ? Qu’elles orientations donnent-ils ? », alors que, selon lui, « les coopératives savent se coordonner pour faire baisser le prix du lait, mais elles sont incapables de le faire pour mettre des produits sur le marché ! ».
Le président de la section laitière s’en prend également à la gestion de la production. Il remet en cause la gestion des prêts de fin de campagne alors que les quotas doivent permettre d’équilibrer l’offre et la demande. Il suggère même de diminuer, « s’il le faut » de 1 à 2% le quota « en dure » pendant un an. « A quoi bon travailler plus pour gagner moins ? », s’interroge-t-il, reprenant à sa façon une formule connue.
Dans un premier temps, les membres de la section laitière vont rencontrer les conseils d’administration des laiteries. Mais des blocages de sites ne sont pas à exclure si le dialogue ne suffit pas. « Il en va d’une logique destructrice pour la filière, tant pour les éleveurs que pour les entreprises », estime la FRSEA.