Arvalis
Les coûts de production redeviennent déterminants
Jeudi 6 novembre, et comme chaque année, Arvalis partageait analyses du marché et résultats techniques avec les techniciens de la région. Cent quarante personnes se sont vues confirmer la volatilité du marché.
Depuis la nuit des temps, ceux qui cultivent la terre ont appris à composer avec les éléments naturels. Semis, fertilisation, récolte, supportent chaque année leur lot d’imprévus climatiques. L’agriculteur s’adapte.
Cette capacité à faire volte face sera l’une des qualités essentielles aux céréaliers du XXIe siècle. Les cours, à l’image de ce qu’ils ont été en 2008, s’annoncent à l’avenir aussi imprévisibles qu’un orage perturbateur. Jeudi 6 novembre, à l’Espace régional, sur l’aire de repos des Ruralies, les équipes d’Arvalis avouaient la difficulté, aujourd’hui plus que jamais, à se projeter.
Devant 140 techniciens des chambres d’agriculture, coopératives, négoces et firmes de produits phytosanitaires, Jean-François Garnier présentait une étude aux données inquiétantes. Alors que la tendance pour les cours des céréales est à la baisse, les prix des intrants sont à la hausse. « Entre le mois de juillet et le 15 octobre 2008, la tonne de blé a perdu 58 euros, la tonne de maïs 90 euros. » Actuellement les cours flirtent avec leur niveau de juillet 2006, début de l’euphorie inattendue des deux dernières années. Oui mais, depuis lors, le prix moyen des engrais a doublé.
En août, Arvalis osait la prospective. A partir des données illustrant la conjoncture mondiale, l’Institut du végétal estime que la flambée des charges n’est pas encore à son apogée. « En 2008, les dépenses inhérentes à la production d’un hectare de blé tendre sont de 130 euros supérieures à celles engagées en 2006. » Et 2009 réserve bien des surprises. Si les calculs des ingénieurs d’Arvalis se confirment, il faudra compter 375 euros de plus qu’en 2006 pour cultiver un hectare. « Cette situation redonne aux fondamentaux toute leur légitimité », certifie Jean-Louis Moinier. Le coût de production, qui en période plus favorable aurait pu être oublié, redevient un facteur primordial.
Fertilisation
Pour préserver l’économie de l’exploitation, la gestion de la fertilisation azotée doit être adaptée au contexte. Jean-Louis Moinier, mettant en rapport le prix du blé et le coût de l’unité d’azote conclut « à une dose technico-économique optimale inférieure à la référence (220 kgN/ha) d’environ 30 kgN/ha en moyenne ». Evoquant la conséquence d’une telle baisse sur le rendement et la teneur en protéines, l’ingénieur émet toutefois une réserve. « Selon les marchés convoités par l’exploitant, l’économie n’est pas forcément opportune. Lorsque l’on se positionne sur les marchés du blé panifiable, le risque est grand de perdre des points de protéines déterminants pour le prix de vente de la récolte. »
A ceux qui hésitent, les équipes d’Arvalis recommandent le strict respect du protocole de la fertilisation azotée. En respectant quelques règles fondamentales, l’agriculteur se donne les moyens d’une valorisation optimale de l’azote et peut ainsi espérer une meilleure productivité. « Les unités d’azote au tallage coûtent 1.5 fois plus cher qu’au stade dernière feuille. » Le développement de la plante, les conditions météo à l’épandage sont des éléments déterminants pour la réussite de la fertilisation. « Sans faire varier la dose, on peut également améliorer l’efficience de l’engrais par un simple jeu de fractionnement des apports », conseille l’expert.
Aux économies risquées sur l’azote, Jean-Louis Moinier préfère regarder du côté du phosphore et de la potasse. La dégradation de ces éléments, lorsqu’elle a lieu, est lente. « Sous réserve d’être attentif à la nature et à la teneur du sol, les agriculteurs peuvent ici trouver les moyens d’améliorer ponctuellement la trésorerie de l’exploitation sans menacer les résultats de la culture. »