« Les Cuma, un rempart à la crise»
En début d'été, Roselyne Laurent, directrice de la fédération régionale des Cuma (FRCuma) de Nouvelle-Aquitaine a fait le point sur l'actualité des groupes des douze départements.
Vous dirigez la fédération des Cuma de Nouvelle-Aquitaine depuis sa constitution en 2016. Où en est-on dans le processus de mutualisation engagé par les groupes pour cadrer avec le nouveau périmètre régional ?
Roselyne Laurent : Nous avons lancé la réflexion dès 2015, au tout début de la constitution de la nouvelle région. Le projet de rapprochement a été mené tambour battant et, en 2016, nous organisions l'assemblée générale constitutive de notre fédération régionale telle qu'elle est aujourd'hui.
Comment avez-vous pu aller si vite quand d'autres ont longtemps cherché leurs marques ?
R. L. : Les choses sont allées vite parce que les Cuma ont une culture de la mutualisation et du travail partagé. Les hommes et les femmes qui les gèrent savent faire des consensus, accepter le point de vue de l'autre. C'est l'essence même de la mécanisation partagée telle que les groupes la pratiquent. Elle exige pas mal de compromis, mais c'est pour avancer tous ensemble.
Donc vous estimez que vous êtes arrivés au bout du projet de mutualisation ?
R. L. : Nous poursuivons le travail engagé. À la constitution de notre fédération Nouvelle-Aquitaine, nous avons lancé un projet en sept axes, tels que le développement de l'agriculture de groupe, la performance économique, l'innovation collective... Définir nos orientations n'a pas été compliqué car, si nos fédérations régionales étaient assez différentes, les Cuma portaient les mêmes valeurs et fonctionnaient selon un mode assez similaire. En conséquence, nous sommes partis des 1 660 coopératives de la Nouvelle-Aquitaine pour construire notre fédération régionale qui désormais porte leur voix.
Au-delà de l'aspect communication, quelles sont vos missions ?
R. L. : Nous pilotons des projets d'envergure régionale, notamment pour faire face aux défis sociétaux, en lien avec les fédérations départementales. Nous capitalisons sur ce qui se fait dans les départements, de façon à le faire savoir et à produire des références. Cela dit, nous devons encore et toujours mieux communiquer. Ce n'est pas le plus facile. Des choses formidables se font un peu partout dans le cadre de groupes qui innovent, expérimentent, mais cela reste un peu trop confidentiel à mon goût.
Les Cuma subissent-elles les contrecoups des crises de l'agriculture ?
R. L. : Forcément, puisqu'elles sont un outil au service des exploitations. Si celles-ci souffrent, voire disparaissent, les groupes en pâtissent. Mais au-delà, je constate que la Cuma joue un rôle de tampon économique. Pas seulement parce que l'utilisation partagée du matériel réduit la facture d'achat mais aussi parce qu'on peut parfois payer un peu plus tard la facture de la Cuma. C'est rarement possible quand on fait appel à l'entrepreneur. Elle a un rôle social aussi : même en difficulté, on est moins seul quand on travaille à plusieurs.
Le périmètre des activités des Cuma est-il appelé à s'élargir pour proposer de nouveaux services ?
R. L. : Il évolue sans cesse. Ainsi, les Cuma sont devenues récemment un lieu de travail en commun. Notre fédération impulse une dynamique dans les départements pour qu'il y ait un référent en ce domaine que nous devons professionnaliser. De plus en plus d'agriculteurs ont besoin, non seulement de matériels, mais aussi de personnes capables de les piloter, de les entretenir. L'emploi partagé, même au-delà de l'agriculture, c'est l'avenir, tout comme les travaux menés en agroécologie que l'on doit valoriser plus encore qu'on ne le fait. Enfin, la FRCuma vient d'être certifiée organisme de formation par Vivéa pour nos agriculteurs et nos salariés. Là aussi, nous allons pouvoir apporter une plus-value à l'agriculture de groupe.
Beaucoup de nouveautés donc. Avez-vous réussi à tout aborder lors de votre assemblée générale organisée le 20 juin ?
R. L. : En accord avec notre président régional, Marc Chapolard, nous avons présenté nos activités de 2018 en mettant l'accent sur les partenariats. Beaucoup de thèmes abordés. Pour chacun, l'administrateur référent faisait un point technique, comme par exemple Philippe Martinot sur le Dina, dispositif national d'accompagnement des Cuma. En parallèle, Jean-Rémi Duprat, de la Draaf, est intervenu sur la nécessité d'investir dans la biosécurité. Le PCAE (Plan de compétitivité et d'adaptation des exploitations) a également été abordé en binôme, par notre administrateur Fabrice Casteraa et Emmanuel Le Clerc, du Conseil régional, pour la partie transition écologique. Six thèmes ont été ainsi présentés en 1h30. Pas mal non ?