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Viande bovine
Les éleveurs réclament leur part du ticket Leclerc

Entre 100 et 400 agriculteurs au plus fort de l’action se sont succédés entre dimanche soir et mardi soir pour bloquer la centrale d’achat Leclerc à St-Etienne-de-Montluc. Trois points ont été obtenus.

Pendant 48 heures, entre 100 et 400 agriculteurs se sont mobilisés devant la centrale d’achat Leclerc de St-Étienne-de-Montluc.
Pendant 48 heures, entre 100 et 400 agriculteurs se sont mobilisés devant la centrale d’achat Leclerc de St-Étienne-de-Montluc.
© Jean-Philippe Bouin
C’est à l’appel de la section viande bovine de la FRSEA, des JA et de l’URCA que les producteurs de viande bovine de Loire Atlantique, du Maine-et-Loire et de Vendée ont décidé de bloquer la centrale Leclerc à St-Étienne-de-Montluc dès dimanche soir,  21 heures. Les éleveurs de Sarthe se rendant, quant à eux, devant l’abattoir de l’entreprise Charal. « Nous voulons, dénoncer l’attitude détestable de la grande distribution qui fait croire aux Français qu’elle est le défenseur de leur pouvoir d’achat alors qu’elle étrangle leurs fournisseurs et s’accapare des marges exorbitantes », annoncent d’entrée Guy Hermouet et Mickaël Trichet devant les 200 manifestants qui se sont relayés pendant 2 jours et 2 nuits.
L’objectif des manifestants était clair : obtenir des rendez-vous avec les « patrons » des grandes enseignes. « Cette action déborde du cadre seul de la viande bovine. Tous les produits agricoles sont sous le collimateur, notamment alors que les discussions se poursuivent au niveau national sur la loi Chatel », poursuivait Joël Limouzin, président de la FRSEA venu renforcer les troupes avec les Vendéens et 50 Deux-Sévriens, lundi soir.

Table ronde mardi
En dépit des menaces d’huissiers, menaces de la part des patrons de Leclerc avec vigiles, le barrage s’est maintenu pendant les deux nuits et deux jours. Mardi à 15 h 30, Joël Limouzin obtient la tenue d’une table ronde. Sont présents les patrons des enseignes, le représentant de la Fédération du commerce et de la distribution, les abatteurs, le DRAF. Les vacances de certains distributeurs et abatteurs ont été écourtées. Mais les responsables ligériens de la FRSEA et des JA n’avaient rien à perdre et leurs demandes étaient limpides.
« Les éleveurs de la FRSEA et des Jeunes Agriculteurs des Pays de la Loire demandent la création d’un observatoire permanent des prix de la production à la consommation, la programmation et la tenue, à brève échéance, d’une réunion à l’échelon national identique à celle qui s’est déroulée en Pays de la Loire, sous l’égide de l’Etat, regroupant l’ensemble des acteurs des filières viandes, c’est-à-dire les maillons production, abattage, transformation et distribution. L’objectif de cette réunion sera d’obtenir un engagement ferme sur la mise en place de l’observatoire permanent des prix et une révision de la loi Chatel 2 ». Enfin, il a été demandé et obtenu la programmation d’opérations promotionnelles sur les produits agricoles sans impact négatif sur les prix payés aux producteurs.

Levée de barrage mardi soir
Les discussions vont durer plus de 2 heures. Chacun avance ces arguments. Les responsables agricoles savent que leurs demandes sont importantes sur le long terme. Elles doivent permettre d’engager de nouvelles relations au sein des filières agricoles afin d’aboutir à un meilleur partage de la valeur ajoutée. De retour devant les 400 manifestants du dernier jour, les conclusions présentées par Joël Limouzin et Mickaël Trichet auront abouti à la levée du blocage à 19 heures.
Ces avancées sur le long terme méritent aujourd’hui une traduction concrète à court terme dans les prix de vente des produits agricoles. Le blocage aura duré 48 heures, soit quelques heures de plus qu’en novembre 2001… comme quoi tout augmente, même dans la durée de revendications syndicales.
Jean-Philippe Bouin

Les revendications des FDSEA et JA

Ce qu’ils ont dit sur le porc
« Les coûts de revient se rapprochent des coûts moyens des années 82-92. En 2006, la part de l’aliment représentait, en moyenne, 55 % du coût de production. Ce dernier s’élevait à 1,238 euros/kg. Il atteint aujourd’hui près de 1,35 euros. Aucun éleveur de porcs ne peut supporter une telle envolée des charges sans bénéficier d’une correction du prix du porc. Sans une remontée du cours rapide permettant de supporter ces hausses (objectif minimum de 1,50 euros), la production porcine française risque de disparaître. »

Ce qu’ils ont dit sur la volaille
« Actuellement, produire 1 kg vif de poulet standard coûte 0,929 euros à l’éleveur. À ce coût, il est nécessaire d’intégrer les charges liées à l’énergie qui ont elles aussi augmenté. Une répercussion partielle de ces hausses de coût de production a été actée. Cette évolution a été favorisée par un contexte offre/demande équilibré. On constate une diminution des achats des ménages de viande sur les 2 premiers mois de 2008 avec un retrait de 8.2 % sur la volaille du rayon boucherie et de 9.2 % sur les produits élaborés. Les éleveurs de volailles ont besoin d’être mieux rémunérés pour pouvoir supporter les hausses du prix de l’aliment mais également de l’énergie et pour pouvoir rénover leur bâtiment afin de rester compétitif. »

Ce qu’ils ont dit sur la viande bovine
« Selon les chiffres des Comptes de l’agriculture (SCEES), le revenu 2 007 des éleveurs de viande bovine a chuté de 23 % par rapport à l’année précédente.
Pour 2008, les résultats des éleveurs bovins-viande devraient être encore plus dégradés, compte tenu de la poursuite de la hausse des charges, Cette hausse des charges est évaluée au total entre 150 et 200 euros par animal. La baisse des cours aura aussi un impact : en bovins maigres, les cotations (Office de l’élevage) sont inférieures de 18,5 % à 2 007 en limousin de 300 kg et en charolais de 350 kg, de 12 % en charolais de 450 kg, de 13 % en croisés de 300 kg. »

Ce qu’ils ont dit sur le lapin
« L’aliment représente 70 % des charges opérationnelles en élevage cunicole et a augmenté de 54 %. L’indice ITAVI, coût des matières premières de l’aliment lapin augmente ainsi de 54 % en mars 2008 par rapport à mars 2007 et de 85 % par rapport à septembre 2006, soit une hausse de 47,3 % sur 12 mois glissés (formulation au moindre coût à partir de prix matières premières lissés sur trois mois). Le prix de reprise du lapin vif est en recul en 2007 de 3,0 % par rapport à 2006, s’établissant à 1,588 euros/kg contre
1,637 euros/kg en 2006. Sur les 13 premières semaines de 2008, le prix moyen est équivalent à celui de la même période 2007 mais en baisse de 2,3 % par rapport à la même période 2 006 (avant crise). »

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