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Les outils de travail violemment détruits

La gendarmerie renforce ses rondes nocturnes autour du Bourdet et d’Amuré. Le saccage de quatre enrouleurs, sur deux exploitations, bouscule le monde agricole.

À 19 reprises. La répétition de l’acte fait penser à de « l’acharnement », confie, incrédule, Thierry Géant, l’agriculteur d’Amuré victime de vandalisme sur son exploitation dans la nuit du 2 au 3 août. « C’est violent, ressent-il. Mon salarié, m’appelant sur mon lieu de vacances pour m’annoncer la nouvelle en pleurant au téléphone ».

L’enquête en cours - les victimes l’espèrent - déterminera ce qui s’est passé cette nuit dans les champs situés entre Amuré et le Bourdet. Quatre parcelles, de luzerne et maïs, conduites par deux céréaliers du territoire ont été privées de l’eau dont elles avaient besoin. Les tuyaux des enrouleurs ont été sectionnés au lapidaire, selon leurs propriétaires. « On a réparé au plus vite », confie Cyril Boureau, dont l’outil de travail a également été saccagé. La réalité est triste, mais ne décourage pas les exploitants. « Nous avons besoin de l’eau pour produire », confirme celui qui, ces huit dernières années, a baissé de 50% sa surface en maïs irrigué pour introduire une culture de lentille et augmenter sa sole en tournesol. « La diversification permet, outre une gestion efficiente des volumes d’eau qui nous sont accordés par l’administration, de gérer les mauvaises herbes en réduisant autant que possible les interventions chimiques ».

Irrigants citoyens
Thierry comme Cyril ont porté plainte. Une manière de dénoncer ces actes, quelle qu’en soit l’origine, mais également de s’ouvrir la couverture assurantielle. Pour chaque enrouleur, l’un et l’autre devront au plus tard à la fin de la saison, remplacer les tuyaux de polyéthylène dégradés. « C’est entre 7000 et 8000 € », évalue Thierry.

Sur le secteur, la gendarmerie a programmé une augmentation du nombre de patrouilles de nuit. En complément, les agriculteurs, solidaires, se sont organisés. Il s’agit pour eux d’être présents et vigilants pour décourager toute idée de récidive. Compte tenu de l’acharnement constaté, les exploitants croient en des actes malveillants, conséquence de la bêtise. Ils se refusent à faire quelque rapport entre ces faits et les débats actuels sur l’eau dans le secteur. « C’est impossible », lâche Cyril, évoquant la décision, volontaire, de 14 irrigants de leur secteur. « Compte tenu de la météo de ces dernières semaines, nous avons tous éteint les enrouleurs trois week-ends de suite ». Citoyens et irrigants dont le besoin en eau va bien au-delà du début du mois d’août, les agriculteurs agissent « avec raison ». « Nous nous tenons à la disposition des gens qui veulent en savoir plus sur nos pratiques, nos choix ». Imprégnés des débats de société, ils assurent agir avec responsabilité.  Cette conscience des enjeux a d’ailleurs amené Thierry Géant à une réorientation de sa stratégie d’entreprise. « Les parcelles sur lesquelles se trouvaient les enrouleurs détériorés sont en conversion à l’agriculture biologique depuis un an. L’eau nous coûte. 19 centimes par mètre cube. J’ai un salarié sur l’exploitation. J’ai fait le choix de la valeur ajoutée ». Sur les 80 ha irrigués, haricots verts, pois chiches, lentilles et luzerne, labellisés AB dès 2019, seront produits.

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