Les pollinisateurs : des alliés pour les rendements
Les abeilles et autres insectes visitent les fleurs de colza qui produisent du nectar et du pollen. Ils contribuent de façon déterminante à l’élaboration du rendement. Pendant la floraison, il est donc indispensable de créer des conditions favorables à la pollinisation.
Si vous devez intervenir avec un produit phytopharmaceutique des restrictions d’usage s’appliquent.Les traitements insecticides et acaricides sont interdits pendant la période de floraison. Une dérogation est possible pour l’utilisation des produits bénéficiant d’une dérogation dans le cadre de leur autorisation de mise sur le marché. Ils portent une mention spécifique sur l’emballage :
- « emploi autorisé durant la floraison et au cours des périodes de production d’exsudats en-dehors de la présence des abeilles »
-ou « durant la floraison »
-ou « au cours des périodes de production d’exsudats ».
Attention : cette mention ne signifie pas que le produit est inoffensif pour les abeilles, mais le risque a été jugé moindre que pour d’autres spécialités. Dans ce cas, le traitement doit impérativement être réalisé en dehors de la présence des abeilles
Il faut donc traiter de préférence le soir, après avoir vérifié l’absence d’insectes butineurs abeilles dans la parcelle. Traiter le soir plutôt que le matin permet de limiter l’exposition des butineurs qui ne reviendront dans les parcelles que le lendemain.
Il faut lire attentivement l’étiquette car la « mention abeille » est liée à chaque usage (culture x ravageur).
La base de données e-phy (1) permet de visualiser rapidement les produits qui portent cette mention grâce à un pictogramme spécifique.
Cas des mélanges
Il est interdit de mélanger un produit contenant une pyréthrinoïde avec un produit contenant une triazole ou imidazole en période de floraison ou de production d’exsudats. Si les 2 traitements doivent être effectués sur la même parcelle, un délai de 24 h minimum doit être respecté entre les applications (l’insecticide étant appliqué en 1er).
Les autres pollinisateurs
Protéger les abeilles domestiques ne garantit pas que les autres espèces soient protégées et n’est pas suffisant pour protéger la pollinisation ni les autres services écosystémiques. L’objectif des bonnes pratiques est de protéger l’ensemble des insectes pollinisateurs. Il existe peu d’information sur l’activité journalière des autres abeilles et autres pollinisateurs (syrphes, papillons…).
Les bourdons sont d’excellents pollinisateurs ; ils ont des plages horaires d’activité plus étendues avec des pics d’activités de vol et de butinage en matinée et en soirée. Ils sont actifs à des températures ambiantes inférieures à celles de l’abeille domestique.
Chaque espèce a un comportement spécifique liée entre autres à la luminosité, la température; certaines ont une activité nocturne.
La structure des colonies d’abeilles domestiques permet de compenser la perte de quelques butineuses et ouvrières. De façon opposée, les bourdons n’ont que quelques ouvrières, ce qui ne leur permet pas de compenser une perte de butineuses.
Il faut noter que si la majorité des butineuses des abeilles domestiques rejoignent leur ruche la nuit, les autres pollinisateurs nidifient et se reproduisent dans les cultures ou leur environnement.
Compte tenu de leur activité et de leur écologie distincte de celles des abeilles domestiques, les autres pollinisateurs sont exposés différemment aux traitements phytopharmaceutiques. De ce fait, les conditions identifiées pour limiter l’exposition des abeilles domestiques pourraient ne pas réduire celle des autres pollinisateurs, y compris les bourdons et abeilles sauvages. Ce constat doit donc amener à la plus grande prudence afin de limiter au maximum l’impact des applications de produits.
Les insecticides et les autres produits
L’Anses recommande un élargissement du dispositif réglementaire à :
- l’ensemble des produits phytopharmaceutiques appliqués en pulvérisation pendant les périodes de floraison et/ou périodes de production d’exsudats,
- aux substances systémiques utilisées en pulvérisation avant floraison ou en traitements de semences, afin de s’assurer de l’absence d’effets inacceptables dus à la présence éventuelle de résidus de produits phytopharmaceutiques dans les fleurs au moment de la floraison sans exclusion des produits phytopharmaceutiques à base de micro-organismes..
Florence Aimon Marié
Chambre agriculture 17 - ADA NA
(1) ephy.anses.fr