Les retraités veulent plus de solidarité
Le 10 mai, à Pont-l'Abbé-d'Arnoult, les anciens exploitants ont tenu leur assemblée générale, avec pour thématique, une Europe solidaire.
L'assemblée générale des anciens exploitants FNSEA17 a toujours cette singularité de conjuguer convivialité et sérieux avec une pincée de franchise, quitte à piquer un peu. Vendredi dernier, à Pont-l'Abbé-d'Arnoult, les ''anciens'' ont donné de la voix et la succession de rapports a permis de mesurer tout l'engagement de la section. La présence de deux parlementaires, Daniel Laurent, sénateur et Didier Quentin, député n'a nullement freiné les propos des uns et des autres. C'était même une belle occasion de leur faire comprendre leur mécontentement, devant les 220 personnes présentes.
Dynamiques, appliqués et revendicatifs
Le rapport d'activités, présenté par Joël Bessaguet, secrétaire générale, a donné le tempo entre les différents conseils d'administration de l'année écoulée, une réunion régionale et un congrès national. Tout aussi sérieux et très détaillé, Jeanine Guilbaud a exposé les différentes structures d'accueil et EHPAD (établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes) et a énuméré « des propositions qui iraient dans le bon sens ». L'actualité avec les gilets jaunes, la fiscalité, internet, les déserts médicaux ont été l'occasion pour Jean-Claude Courpron de donner une réflexion sur l'évolution de la société signalant qu'il ne s'agit pas « de refaire le monde qui bouge de plus en plus vite » mais d'accorder de « l'importance à la formation et à l'expérience ».Des sujets en adéquation avec les préoccupations de chacun, tout comme l'Europe, avec les élections, le dimanche 26 mai, mais une « Europe solidaire », thème de cette matinée. Et Michel Pelletier, président de la section, avec sa verve habituelle, a réitéré son mécontentement sur le non-respect de l'application des 75 % du SMIC : « le Smic a augmenté début 2018, de 1,8 % et la revalorisation des retraites reportée au 1er janvier 2019 avec seulement une augmentation de 0,3 %. Notre pouvoir d'achat s'est retrouvé impacté par une augmentation du coût de la vie de près de
2 %. Nous nous retrouvons dans la situation antérieure pour atteindre bientôt 73 % du Smic. » Sur la réforme des retraites, il a estimé que cela doit passer par « un pacte de confiance pour mettre en oeuvre un système universel et surtout être compréhensible » avec un socle commun pour tous les retraités à hauteur de 85 %du Smic, à carrière complète et financé par l'impôt, « c'est-à-dire la solidarité nationale » ; un régime unique par points et des règles communes de convergences en matière de liquidation et de réversion. Là aussi, Michel Pelletier a regretté que les NSA, non salariés agricoles, soient les grands oubliés de cette réforme. Elle ne concernerait que ceux nés à partir de 1963. L'invitée, Hélène Blaud, secrétaire générale de la section nationale des anciens exploitants, a convié l'auditoire à prendre rendez-vous avec les élus et le préfet pour les interpeller sur le sujet. Dynamique et parfois piquante dans ses propos, Hélène Blaud a évoqué le financement de la dépendance : « comment la financer ? En travaillant une journée supplémentaire ? ». La volonté d'Emmanuel Macron de mettre en place des maisons de services de canton : « une découverte pour lui ! ». Et de féliciter la MSA « qui n'a pas déserté les territoires ruraux ». Quant à l'augmentation du point RCO, retraite complémentaire obligatoire, elle l'a considérée comme « un peu ridicule ».
Les anciens exploitants se posent des questions face au Brexit, et les conséquence sur les échanges, mais aussi sur « le niveau d'ambition » en matière environnementale et climatique. Michel Pelletier se dit inquiet sur la politique viticole et les droits de plantation. Il a signalé que « The Economisté a désigné, pour la 3ème année, la France comme le pays ayant le système alimentaire le plus durable au monde. » Un paradoxe pour lui, eu égard aux attaques qui ciblent la profession.
Les retraités ont été sollicités par Luc Servant pour être les ambassadeurs de l'agriculture face à l'agribashing afin de porter un message pédagogique. « Vous avez un rôle à jouer. On a besoin de vous aussi. » La solidarité prend aussi ici tout son sens. Quant à Cédric Tranquard, président de la FNSEA 17, il a annoncé que la section aura un représentant dans les instances nationales FNSEA : « 15 ans que cela n'était pas arrivé. » « La retraite c'est votre nerf de la guerre, pour nous aussi. » Avec son franc-parler, Cédric Tranquard n'a pas manqué de rappeler aux parlementaires qu'« écouter, entendre, c'est bien. Agir c'est mieux. »