L’espoir des éleveurs se porte sur la météo de cet automne
Le froid de juin et la canicule de juillet ont impacté le potentiel de production des prairies. Heureusement, le printemps a permis deux belles premières coupes de l’herbe. Sans un automne clément, la météo de cet été impactera malgré tout l’économie des exploitations.
Thibaud cramponne la végétation de couleur jaune qui se trouve à ses pieds. Il tire. L’enracinement de cette herbe grillée par les deux épisodes de canicule du mois de juillet n’oppose aucune résistance. « Nous sommes sur un sol sablonneux. Il n’y a pas d’épaisseur de terre. L’an passé, nous avons dû refaire douze hectares de prairies », témoigne l’éleveur. Cette année, une vingtaine est déjà en situation délicate sur cette exploitation située à Pompaire. « Si le mois d’août présente des températures moins élevées et que l’automne est humide, on peut espérer que certains couverts repartent ». Les associés du Gaec Le Frêne croisent les doigts. Chaque hectare de prairie retourné coûte 500 €. « Plus que des aides, ce sont des températures clémentes et de l’eau dont nous avons besoin », rappelle Thibaud. Pour cet élevage laitier de 85 Montbéliardes, dont la conversion à l’agriculture biologique est effective depuis le mois de mai, ce cocktail climatique garantira la maîtrise des charges. « La météo du mois de juin - humide et froide - et celle de juillet - sèche et caniculaire - a un impact sur les recettes. Les prairies ont épié sans se développer. La qualité des pâtures en juin était médiocre.
L’affouragement en vert avec du trèfle violet, la nuit, a permis de tenir une certaine qualité de la ration à coût maîtrisé. Nous avons cependant enregistré une baisse de production de deux kilos par vache ». À ce manque à gagner s’est ajoutée une nouvelle baisse de production courant juillet. « Les fortes chaleurs fatiguent les animaux. Au cours des épisodes caniculaires, les vaches mangent peu. La production moyenne qui, sur l’année, est de vingt kilos par vache est tombée à seize ». Rapide calcul. Thibaud évalue à 250 litres la perte de production sur juin et juillet. Payés 440 € les 1 000 litres, les exploitants devront se passer de quelque 6600 € sur la paie du lait.
La diversité des cultures est sécurisante
Pilotes d’un système qui repose sur dix à douze couverts différents sur 215 ha, Thibaud Garnier et son associé Thierry Nauleau se disent relativement sereins malgré ce début d’été atypique. « La diversité des cultures est un atout ». En agriculture biologique la maîtrise des charges est primordiale, explique le jeune exploitant, adhérent à JA 79. Certes, la baisse de production laitière crée des tensions dans la gestion de la trésorerie, mais le manque de fourrages entame la rentabilité de l’exploitation. « Lors de la conversion, nous avons travaillé avec Agrobio Deux-Sèvres sur l’assolement. Plus complexe, il est aussi plus sécurisant », juge le chef d’entreprise.
Aux incidences aujourd’hui mesurables sur les prairies, Thibaud et Thierry redoutent les conséquences de la météo de ces derniers jours sur le maïs : quinze hectares. « L’eau de la semaine dernière fait du bien. Mais vu le retard pris, je ne suis pas sûr qu’il produise beaucoup de grains ». Si tel est le cas, les éleveurs l’ensileront et le réserveront à l’engraissement des animaux. L’équilibre de la ration des vaches laitières se fera alors avec le triticale dont la récolte a été intéressante cette année. Si la météo de fin d’été et de début d’automne le décide, les récoltes de betteraves et de sorgho permettront, elles aussi, de compenser le déficit éventuel en énergie. « En agriculture biologique, les correcteurs coûtent 860 € la tonne. La rentabilité de l’élevage repose sur notre capacité à équilibrer la ration, pour une production moyenne d’environ 20 kg par vache, avec les productions végétales de la ferme ».
Le Gaec Le Frêne, Pompaire
L’exploitation, dirigée par deux associés, Thibaud Garnier et Thierry Nauleau, compte 85 vaches de race montbéliarde, avec un objectif de 120. Le Gaec emploie un salarié à temps plein. Un mi-temps s’ajoutera en fin d’année.
Convertie à l’agriculture biologique, l’exploitation produit sur 215 ha l’intégralité, ou quasi, de l’alimentation nécessaire au troupeau. Cette année, l’assolement est le suivant : 10 ha de trèfle violet ; 7 ha de luzerne ; 28 ha de méteil triticale pois ; 8 ha d’un mélange céréalier blé pois ; 8 ha d’un mélange blé féverole ; 16 ha de féverole pure ; 15 ha de maïs, 21 ha de sorgho ; 14 ha de betterave fourragère ; 11 ha de sarrasin.