L'Europe : au plus près des territoires
Si l'Europe peut sembler bien loin des préoccupations quotidiennes, Isabelle Boudineau, conseillère régionale de Nouvelle-Aquitaine, en charge de l'Europe et de la coopération européennes, nous rappelle dans quelles mesures l'Europe agit au plus près de nos territoires.
Si l'Europe peut sembler bien loin des préoccupations quotidiennes, Isabelle Boudineau, conseillère régionale de Nouvelle-Aquitaine, en charge de l'Europe et de la coopération européennes, nous rappelle dans quelles mesures l'Europe agit au plus près de nos territoires.
Que représentent les fonds européens en Nouvelle-Aquitaine ?
C'est une enveloppe d'1,3 milliard d'euros pour la période 2021-2027. C'est plutôt stable par rapport au précédent programme. Difficile de penser que l'Europe n'a pas de poids dans nos territoires. L'effet levier est considérable pour les projets de développement. Au total, il faut d'ailleurs rappeler que c'est un tiers du budget de l'Union européenne qui est géré directement dans les régions. C'est l'équivalent du budget de la Politique agricole commune.
Pourquoi les régions gèrent ces enveloppes depuis 2012 ?
Alain Rousset avait largement contribué à obtenir pour les régions qu'elles prennent la gestion de ces fonds européens, qui étaient auparavant gérés par l'État. C'est plus logique car il y a des objectifs stratégiques partagés entre l'Europe et les régions. C'est le cas des questions de formation professionnelle, d'innovation et de compétitivité. Et c'est d'autant plus cohérent que la région est une bonne échelle d'intervention pour les thématiques comme le développement économique ou le soutien à la recherche.
FSE, Feder, Feader... Vous pouvez nous éclairer sur ces financements possibles ?
Le Fonds social européen (FSE) agit plutôt sur les questions d'emplois. En Nouvelle-Aquitaine ce sont plus de 100 000 bénéficiaires sur la précédente programmation. Le Fonds européen de développement régional (Feder) constitue une des plus grosses parties de l'enveloppe européenne, avec des projets axés sur l'innovation et la compétitivité. Il y a donc un important volet sur le soutien aux PME. En Vienne, cela a notamment permis la construction d'un bâtiment de l'Inrae à Lusignan pour un peu plus d'1,5 millions d'euros, la modernisation de l'abattoir de Montmorillon (1,1M€) ou encore un système de nettoyage et de tri à la Coopérative de la Tricherie (325 000 €). Dans ce Feder, il y a aussi un volet transition énergétique avec une exigence de 30 % des sommes allouées sur ce volet. La Nouvelle-Aquitaine a même décidé de lui consacrer 40 % de ce budget, dans le cadre de la rénovation thermique des organismes sociaux notamment ou en favorisant les énergies renouvelables. Il y a enfin un volet mobilité urbaine et durable avec, notamment, les itinéraires de pistes cyclables. Elles sont nombreuses, dans la Vienne, à avoir reçu le soutien de l'Europe.
Sur le Feder, la Nouvelle-Aquitaine est la seule région de France à confier une partie des fonds directement aux territoires. Pourquoi ?
En effet c'est un choix du Conseil régional de laisser 17 % du Fonds européen de développement régional (Feder), en gestion de Groupes d'action locale (Gal). Dans la Vienne, il y en a 4. Celui qui réunit les EPCI Grand Poitiers, Haut-Poitou et Vallées du Clain (avec un budget de près de 6,9M€), un autre pour Grand Châtellerault (3,2M€), un 3e pour le sud Vienne (3,1M€), et enfin celui du Loudunais, associé au Thouarsais dans les Deux-Sèvres, (2,4M€). Ils sont liés aux contrats de territoire et les acteurs locaux ont complètement la main sur ces fonds alloués à des projets.
La dernière enveloppe financière à disposition des régions est le Feader et une sous-partie, le Leader.
En effet, c'est le Fonds européen agricole pour le développement rural (Feader) avec une sous-partie, Leader, qui signifie "Liaison Entre Action de Développement de l'Economie Rurale" et dans lesquels on trouve une grande partie des projets en milieu rural et qui concernent les aménagements de territoire, les commerces de proximité en centre bourgs, les maisons de santé, comme à Gençay ou Dangé-Saint-Romain, les pôles petite enfance et autres services de proximité. Je peux aussi citer les travaux de rénovation au cinéma de Lencloître.
Est-ce que les communes, entreprises et associations connaissent bien ces leviers financiers et les utilisent ?
De plus en plus, les porteurs de projets savent qu'il y a des enveloppes à mobiliser. C'est important de les mobiliser d'ailleurs, même si les dossiers sont assez lourds et les délais stricts. Mais il faut que l'Europe profite aux territoires sinon c'est de l'argent perdu pour tout le monde. En revanche, le grand public ne le sait sans doute pas assez et c'est pour cela que les citoyens ne se sentent pas concernés par les décisions européennes ou peuvent avoir l'impression que l'Europe est très loin de nous. Mais c'est aussi parce qu'on ne leur dit pas assez que l'Europe est bel et bien présente au quotidien pour les habitants. En France, l'Europe est plutôt vue comme un bouc émissaire, un empêcheur de tourner
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