L'Europe marque de son empreinte la qualité de vie en Deux-Sèvres
Dimanche 26 mai, les Français de l'Hexagone voteront pour élire leurs députés européens. Hormis la Pac et les réglementations, l'Europe participe à des réalisations concrètes pour l'égalité de tous ses territoires. Quelles sont-elles en Deux-Sèvres ?
Rénovation de bâtiments publics - mairies, salles des fêtes, par exemple -, entretien du patrimoine historique, installation d'une chaufferie bois pour remplacer l'énergie fioul, création de site Internet d'e-commerce pour améliorer la compétitivité des entreprises, formation professionnelle pour augmenter le niveau de qualification des demandeurs d'emploi : les aides européennes, en Deux-Sèvres, permettent de financer des projets de développement économique et social.
Si l'Europe, d'après Patrick Salez, spécialiste des politiques territoriales, ancien fonctionnaire européen et membre du réseau de conférenciers Team Europe, c'est environ 20 % de notre législation française et près de 40 % de nos lois dans nos territoires régionaux, approximativement 80 % des sujets qu'elle traite sont liés à l'aménagement de nos territoires pour tendre à garantir, à tous les Européens où qu'ils soient, une égalité de conditions et de qualité de vie. Ainsi, deux tiers du budget européen partent à destination des territoires ruraux - Pac comprise -, considère Isabelle Boudineau, vice-présidente PS de la région Nouvelle-Aquitaine, à l'Europe et à l'international.
La région Nouvelle-Aquitaine a recensé, de janvier 2014 à avril 2019, un total de 1 593 projets aidés en Deux-Sèvres (hors Pac), à hauteur de 46,6 millions d'euros. Si l'on ne se rend pas toujours compte de ce que l'Europe fait pour nous, quelles sont les réalisations concrètes de l'Europe dans nos territoires, c'est que l'État français ne communique pas assez sur le sujet, selon Isabelle Boudineau. Dans d'autres pays membres de l'UE, lorsqu'un projet bénéficie des aides européennes, ce soutien est bien plus mis en valeur qu'en France, « il s'affiche en grand », a observé la vice-présidente.
Feder-FSE et Feader
Les aides européennes se divisent en trois catégories : les aides Feder-FSE (fonds européen de développement régional - fonds social européen) et les aides Feader (fonds européen agricole pour le développement rural). Le Feder est géré en quasi-totalité par les régions. Il est destiné à la compétitivité des entreprises et des laboratoires de recherche, à l'innovation, à l'aide à la création d'emplois, à la transition énergétique en faveur du climat ; des compétences qui conviennent aux régions, souligne Isabelle Boudineau. Le FSE est affecté à la formation professionnelle, à la montée en compétences des travailleurs, et à l'insertion. Sa gestion ne relève qu'en partie des régions, l'État et les départements sont aussi parties prenantes. Le Feader, qui finance le second pilier de la Pac et qui vise spécifiquement à réduire les inégalités entre les territoires, est régi par les régions et l'État : c'est ce fonds-là qui paie l'indemnité compensatoire de handicaps naturels (ICHN), par exemple, ou l'aide à la diversification des agriculteurs vers des activités touristiques, artisanales ou équestres.
Une initiative qui a vu le jour grâce au Feder, en Deux-Sèvres, est par exemple, l'extension de la carte de vie quotidienne (CVQ) numérique permettant d'utiliser de nombreux services publics (cantines, garderies, ludothèque, centre aquatique, déchetterie...) sur la communauté de communes de Parthenay-Gâtine. Le projet, démarré mi-2015, a été financé à hauteur de 60 %, soit 239 690 euros, par l'Europe. Quant au FSE, il sert, entre autres, à développer l'apprentissage sur le département. Deux « développeurs » mettent en lien employeurs et apprentis depuis 2018. L'aide européenne pour cette opération qui se terminera fin 2020, s'élève à 184 544 euros. Elle représente 55 % du financement du projet.
Le secteur privé n'est pas en reste. La SAS G. Martin, à Bouillé-Loretz, par exemple, a bénéficié, en 2015, de 72 593 euros (45 % du montant nécessaire) pour le développement d'un nouveau procédé - plus économique - de réalisation de ses fenêtres PVC à partir de trois matériaux. La Sarl Boissinot Élevage, elle, de fin 2016 à début 2018, a eu accès à 90 774 euros, soit la moitié de ses besoins, pour refondre totalement son site Internet vers un site d'e-commerce. C'est le Feder qui a régalé. L'unité de méthanisation Demeter Énergies, à Prin-Deyrançon, a eu droit à plus d'un million d'euros (28 % de son financement), Gazteam Énergie, à Combrand, en a reçu 2 (20 % de ses besoins), toujours grâce à Feder.