Pesticides
L'Institut Rousseau présente un plan pour s'affranchir des pesticides
L’Institut Rousseau propose parmi ses quatre premières notes un plan pour « affranchir l’agriculture des pesticides ». Un programme fondé sur trois axes, qui pourrait, selon ses architectes, permettre la sortie des pesticides sous dix ans.
L’Institut Rousseau propose parmi ses quatre premières notes un plan pour « affranchir l’agriculture des pesticides ». Un programme fondé sur trois axes, qui pourrait, selon ses architectes, permettre la sortie des pesticides sous dix ans.
« Une sortie des pesticides à l’horizon dix ans nous semble réaliste », explique Léa Lugassy. La chercheuse en écologie (MNHN, Inrae) a coordonné l’élaboration d’un plan pour « affranchir l’agriculture des pesticides » pour l’Institut Rousseau, nouveau cercle de réflexion proche du Parti socialiste et de La France insoumise, lancé le 4 mars. Pour atteindre cet objectif, les auteurs proposent de fonder l’action politique sur trois piliers : la diversification des cultures, l’engagement de l’aval pour valoriser ces productions, mais aussi sur la protection des agriculteurs français face à la concurrence internationale par le biais de prix minimaux d’entrée sur le territoire communautaire.
Pour que la sortie des pesticides ne se fasse pas au détriment de la compétitivité économique, l’Institut Rousseau propose d’instaurer des prix planchers pour les produits agricoles, sans quotas ni droits de douane. Dans un premier temps, les prix planchers bénéficieraient aux importateurs, qui verraient leurs marges brusquement augmenter. Cet appel d’air permettrait, d’après la note de l’institut, « une harmonisation par le haut des pratiques agricoles », avec une généralisation du zéro pesticide. Dans un second temps, espèrent les auteurs, ces prix conduiraient cependant les importateurs français à reconsidérer la compétitivité et la qualité des produits étrangers. Toutefois, cette mesure « ne peut s’appliquer aux pays avec lesquels nous avons signé des accords de libre-échange, ni avec les autres pays de l’UE ».
Transition technique
La tendance actuelle, de suppression progressive des molécules et produits, manquera son but, selon Léa Lugassy, si elle ne s’accompagne pas d’un véritable changement des itinéraires techniques. Car pour contrôler les adventices et les pathogènes sans produits, « il faut bouleverser les systèmes de culture, avec des rotations beaucoup plus longues, plus complexes », souligne la chercheuse. Elle propose donc de rediriger les financements de l’obtention végétale (FSOV) vers les espèces minoritaires (luzerne, sarrasin, triticale, prairie...), d’encourager l’Inrae à les étudier, et de fixer des objectifs aux organismes de collecte pour les valoriser.
L'Institut Rousseau propose par ailleurs d’intégrer de nouvelles actions, « afin que celles-ci reposent majoritairement sur le contrôle agronomique des ravageurs et adventices ». Les politiques pourraient-ils s’emparer de la note de l’Institut pour envisager réellement une sortie des pesticides ? Pour l’heure, le gouvernement français n’a donné aucun signal franc dans ce sens. Le plan Ecophyto II + est un plan de réduction et non de suppression.
À l’échelle européenne, la Commission se penche sur des objectifs de réduction dans le cadre de la stratégie « de la fourche à la fourchette ». Mais Bruxelles rappelle régulièrement que la législation communautaire existante est déjà très stricte. La suppression des pesticides, au-delà des partis proches des écologistes, ne semble donc pas encore à l’agenda.