L’unité de méthanisation comme projet de territoire
L’unité inaugurée aujourd’hui et demain à Prin-Deyrançon a été pensée comme un projet global au service des agriculteurs mais également de la commune. Fournisseur d’énergie verte, séchoir à foin et à céréales, stockage, les services sont multiples.
Aujourd’hui et demain, l’unité de méthanisation de Prin-Deyrançon va grouiller d’activité. Elle accueille les professionnels ce vendredi, les politiques samedi matin et le public samedi après-midi pour l’inauguration des bâtiments. Cette unité de méthanisation, David et Vanessa Paillat l’ont imaginé dès 2007. Des recherches purement théoriques à la base, structurées dans un coin de leur tête, puis des repérages plus poussés sur des unités en Allemagne et en Italie. « À l’époque, nous n’étions pas assez organisés au sein du Gaec. On s’est dit que ce serait peut-être pour nous mais pas tout de suite », relate David Paillat, membre du Gaec Biraud-Paillat à Mauzé-sur-le-Mignon.
Six ans plus tard, la conjoncture remet la question à l’ordre du jour. « En 2013, on parlait de l’arrêt des quotas, de la diminution des primes Pac. On était en situation de risque car nous produisions du lait et des céréales, deux produits très fluctuants sur les marchés. Il était devenu nécessaire de chercher une voie de diversification qui allait permettre d’apporter un peu de stabilité à l’entreprise ».
Une production de 500 kWh
C’est une rencontre qui va donner corps au projet : celle de David Paillat avec Denis Renoux, le directeur du centre régional des énergies renouvelables (Crer). Ce dernier accepte d’accompagner le développement mais sous certaines conditions. « Pour lui, il était hors de question de nous aider si nous n’avions pas un projet de valorisation d’eau chaude, générée en contrepartie de la production d’électricité. Il souhaitait également que l’apport d’intrants se fasse dans un rayon de 10 km », rapporte l’éleveur de vaches laitières.
Les membres du Gaec cherchent alors des apporteurs de matières ainsi que des gros postes de consommation d’énergies fossile fiables dans le temps. Ils arrivent finalement à 21 000 tonnes d’apports d’effluents et déterminent ainsi la puissance de la production à 500 kWh. Une fois les apports et les besoins calés, le Gaec crée la SAS Demeter Energies pour porter le projet, soulever des fonds et intégrer des partenaires.
Le chantier en un an
La structure nouvellement créée se rapproche alors de cinq entreprises, qui « designent » le site de manière globale. En complément, une trentaine de visites d’installations sont organisées. « Cela a permis d’affiner le projet. C’est comme ça qu’on a eu l’idée d’installer un tank tampon par exemple, qui, avec son autonomie, permet de limiter la main-d’oeuvre le week-end et de ne pas broyer de fumier la nuit », indique David Paillat, devenu président de la SAS.
Une fois le constructeur trouvé, la SAS choisit de déloter en quatorze lots. « Le constructeur ne s’est occupé que du process. Nous avons acheté les cuves, le moteur, les bureaux… ». Le chantier, démarré le 9 janvier 2018, avance vite. Un an plus tard, presque jour pour jour, l’unité tourne à pleine puissance.
Prestations annexes
La nouvelle installation propose une multitude de services. À la commune tout d’abord, en proposant l’énergie verte à quatre points de collecte (piscine, collège, groupes scolaires et hôtel de ville). Une expérimentation est aussi en cours avec la CAN sur le traitement des déchets de tonte de pelouse. La SAS a également travaillé avec le Parc naturel régional au sujet de l’intégration paysagère du site. Ainsi, il a été posé des haies au lieu de grillages, et le niveau d’enterrement des digesteurs a été pensé conjointement.
Pour les agriculteurs, elle propose donc le traitement de lisier et de fumier ainsi que des issues de céréales, des matières industrielles non cuites et non animales, du lait impropre à la consommation et du lactosérum. Le digestat liquide, stocké dans deux cuves de 5 000 m3, libère ainsi les agriculteurs de cette contrainte. Un séchoir à foin de luzerne et un de céréales a aussi été installé. De nombreuses prestations annexes auquel s’ajoute la prise en charge des épandages. « Si l’agriculteur décide de le faire lui-même, nous allons le payer. Ce qui était une charge pour lui devient alors un revenu », explique David Paillat. Avec un budget total de 6,2 millions d’euros, la SAS, qui a eu peur d’enlever un volet du projet, a finalement réussi à conserver tous ces services.
Maintenant, un travail de valorisation de ce digestat est mené par les agriculteurs du groupe pour optimiser l’intérêt de la méthanisation. « On va passer des Cipan, qui étaient une contrainte, aux Cive, dont on doit maximiser le rendement pour devenir un atout économique », précise celui qui est ingénieur de formation.