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Maîtriser l’expansion du cognac avec l’outil Business plan, maintenant et plus tard

Le rendement fixé, la demande d’un nouveau contingent de plantations, les chiffres records de vente du cognac : que de sujets à aborder dans les réunions du syndicat !

© AC

Mirambeau, terre viticole. Fins et Bons bois. L’UGVC a commencé, cette semaine, la première à Cognac, la seconde à Mirambeau, ses réunions de rencontres avec les viticulteurs. Longues après-midis de discussions, de transmissions d’informations, d’échanges et de polémiques sur les « sujets d’actualités ». Pour en débattre, Christophe Véral, le président et Stéphane Roy. Au premier rang, naturellement l’annonce de la fixation du rendement moyen 2019 à 14,64 hl.A.P.. Cette année, les pronostics, de mauvais augure, prédisent une récolte en baisse. (voir notre rubrique p 14) « Le choix du chiffre de 14,64 est politique », assume aujourd’hui Christophe Véral. Selon le calcul, issu du business plan, au regard des ‘‘besoins’’, il aurait dû être à 16. Une position défendue par Stéphane Roy, « même si cette année peu auraient pu faire 16… » En tout cas, ce niveau élevé est largement commenté dans ces réunions. Comme chaque année.

La mécanique des algorithmes

Stéphane Roy est secrétaire général de l’UGVC mais aussi M. Business plan à l’UGVC. Ce jeu de mécano qui ressemble à une vaste moulinette : on y a rentré des milliers de données individuelles des viticulteurs, jusqu’à leur âge, mais aussi les progressions ou les régressions de vente dans le monde, les capacités de stockage du négoce, sa réalité tangible au mois près, les hectares de replantations, des plantations nouvelles, des stades de production… « Nous avons donc des repères chiffrés qui nous permettent de prendre la bonne décision » martèle Stéphane Roy, « mais cela nous permet d’assurer la fluidité des approvisionnements pour le négoce en se projetant sur les années à venir, sur les besoins. Une disponibilité que nous avons bâtie de concert avec le négoce, dans le consensus et l’équilibre. Nous voulons ainsi accompagner le développement de la filière en disant que nous investissons, négoce et viticulture. » Christophe Véral s’empresse d’ajouter que le revenu des viticulteurs s’est amélioré depuis quelques années, aux antipodes d’une technique de raréfaction volontaire des eaux-de-vie pour faire monter les prix payés. Une « prospérité » du cognac qu’étayent les chiffres d’affaires. « Les grands groupes capitalisent aujourd’hui sur le cognac, dans des marchés difficiles où l’objectif final est le consommateur, s’apparentant à du porte-à-porte, pays par pays, distributeur par distributeur. » Un acquis qu’il compte mettre à l’actif de l’équipe de l’UGVC avant les élections syndicales. « La fixation du rendement cognac doit s’envisager dans la longue durée », affirme Stéphane Roy.

Ne pas analyser avec le logiciel d’il y a 30 ans

Si d’aucuns rappelaient leur révulsion à croire en des ‘‘études’’ prospectives, échaudés par celles des années 2000, les dirigeants de l’UGVC ont encore à convaincre de l’utilité d’un business plan, outil de pilotage. Christophe Véral résume : « il y a un pilote dans l’avion cognac ! » Il faut expliquer, disséquer, étayer auprès des viticulteurs pour élargir leur vision individuelle vers une démarche collective. La réunion tourne parfois au cours de mathématiques. Le business plan a bâti des algorithmes de calculs qui parfois paraissent abscons. Surtout si la lecture du business plan se fait à l’année. Tous deux plaidaient pour un regard « prospectif » sur plusieurs années. Et lorsque apparaît sur l’écran la projection de 121 000 ha « nécessaires » en 2040-2050, les viticulteurs présents restent dubitatifs. Certains trouvent déjà que le rythme soutenu de 3400 ha par an de plantations en 3 ans est excessif, difficilement compréhensible économiquement. Stéphane Roy réexplique : « pour tenir à terme un rendement autour de 11-12, il faut planter. Pour répondre aux marchés qui se multiplient de par le monde, il faut planter. » Le syndrome SARES est tenace. Mais cette expansion est « également repartie » dans tout le vignoble : surface totale de plantations divisée par le nombre de demandeurs. Tout le monde servi. Christophe Véral y tient. « Certains crus, dans cette expansion, connaissent des problèmes de foncier disponible… » pondère-t-il, « mais pas de droit sans foncier ! » Dans le débat, certains s’interrogeaient sur l’opportunisme de céréaliers à réclamer aussi leur part de gâteau cognac. Il est vrai que les « courbes » donnaient : 303 M de bouteilles à l’horizon 2030.
D’ores et déjà, la réserve climatique passe de 7 à 10 hlA.P./ha et elle est fortement mise en avant pour qu’elle soit mise en œuvre. Une mesure « induite » par le « redimensionnement du vignoble. »
Si les craintes s’expriment, quelque peu édulcorées dans les réunions de ce type, elles traversent le vignoble. La possibilité d’un revers de conjoncture tétanise un peu les viticulteurs. Stéphane Roy avance un autre échafaudage : le « rebond ». Dans cette prospective, du cabinet Eurogroup, sont envisagées les « crises à venir », les courtes comme les longues. Une notion d’airbag pour éviter de faire du rendement la variable unique d’ajustement. « Par le passé, nous avons trop souvent sur-réagi », avance Stéphane Roy. « Le rebond est un lissage, panachage entre maintien d’un quota de rendement (1,5 Hl A.P.), maintien des volumes d’approvisionnement et réserve climatique. » Dans le « partage du risque », comme le dit Christophe Véral. Pédagogues, le président et le secrétaire général de l’UGVC ne rechignent pas à la tâche explicative (lundi 9 à Archiac) et promettent même des « nouveautés » pour la prochaine grande réunion UGVC du 18 septembre au Castel de Châteaubernard.

 

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