Méthanisation
Meth’innov transforme une contrainte en solution
Le site Meth’Innov, qui approvisionne en gaz la communauté de communes melloise et le site chimique Solvay, a apporté une solution pour la maîtrise des pollutions d’épandage et la gestion des effluents chez les éleveurs apporteurs.
Le site Meth’Innov, qui approvisionne en gaz la communauté de communes melloise et le site chimique Solvay, a apporté une solution pour la maîtrise des pollutions d’épandage et la gestion des effluents chez les éleveurs apporteurs.
Dix-huit mois après sa mise en route, le 24 novembre 2020, et plus de dix ans après avoir éclos dans l’esprit des adhérents de la coopérative Cea, le site de méthanisation Meth’Innov, à Melle, donne satisfaction aux porteurs de projet, au premier titre desquels Jacques Maroteix, son président.
Le fonctionnement est calé et l’unité produit au-delà des prévisions : « La quantité maximale d’injection dans le réseau devait être limitée à 203 m3 par mois. Heureusement, la réglementation a évolué depuis décembre 2021, permettant d’injecter le gaz produit en surplus, payé au cours mondial ». L’unité produit de 205 à 235 m3 selon les mois.
Le tarif garanti du contrat Meth’Innov (10,85 €/kWh, garanti quinze ans) a été négocié en 2018, avant l’arrêté de novembre 2020 fixant une baisse des tarifs. Le tarif du gaz injecté au-delà de 203 m3 oscille entre 9 et 12 €/kWh (contre 5 € avant la flambée). « La possibilité de livrer la production excédentaire permet une meilleure souplesse de la production de l’installation et améliore la rentabilité, sans prise de risque financière ». Le chiffre d’affaires 2021 est légèrement supérieur au budget.
Un maximum de 30 000 t d’effluents par an
La production de gaz de l’unité représente l’équivalent de 18 % de la consommation de la communauté de communes du Mellois (48 168 habitants en 2018, plus l’usine Solvay de Melle). Le potentiel de la structure est limité par la réglementation, imposant un maximum de 30 000 tonnes d’effluents d’élevage incorporés à la ration annuelle, au-delà desquels il faut procéder à l’hygiénisation des effluents.
Je peux dire que je participe à l’écologie à mon niveau"
En 2021, l’unité a traité 19 000 tonnes de fumier et 9 400 tonnes de lisier (principalement de bovins lait), 3 400 tonnes d’issues de céréales et 1 000 tonnes d’ensilage de Cive ou de maïs, apportés par les 22 agriculteurs et les sociétés privées et coopératives engagées auprès de Meth’Innov. Le processus a produit 22 000 tonnes de digestat solide et 3 400 tonnes de digestat liquide.
Gain de temps et économies
Éleveur de 85 vaches laitières à Paizay-le-Tort, à 5,5 km du site de Meth’Innov, Loïc Robin s’est engagé dans le projet depuis le début. Il est devenu président de la SAS des éleveurs Meth’Innov dès sa création, en 2013. Chaque exploitation ayant apporté 4 500 €, la SAS détient 5 % des parts de l’unité. « Il est important que les éleveurs soient au capital pour peser dans les décisions ».
Loïc Robin fournit près de 2000 tonnes de fumier mou au méthaniseur, issues des 150 animaux laitiers présents sur l’exploitation. La participation des éleveurs apporteurs est fixée à 3,50 €/tonne de matière, soit 7 000 € par an pour l’exploitation de Loïc.
Les transports d’effluents et l’épandage sont confiés à la SMTA Guérin. « Je gagne quatre heures par semaine par rapport à ces travaux-là, indique Loïc, listant les impacts positifs sur son exploitation : j’économise 4 300 € de carburant par an et l’équivalent des prestations de transport et d’épandage d’effluents, soit 13 000 € ». L’extension du stockage d’effluents (fumière et fosse) n’étant plus nécessaire sur l’exploitation, ce sont aussi plusieurs dizaines de milliers d’euros qui n’ont pas été investis « pour des installations non-productives ».
Tester le digestat sur cultures
Le poste fertilisation est aussi gagnant. L’éleveur expérimente les apports de digestat sur les cultures, appuyé par Thierry Peloquin de la chambre d’agriculture. Sur une surface de 15 ha de céréales d’hiver, les deux premiers apports ont été constitués de digestat liquide, qui lui ont permis de faire une économie de 480 kg d’engrais chimique par hectare.
Au-delà des économies, Loïc Robin souligne sa fierté de faire partie à cette aventure : « Nous sommes heureux de l’aboutissement de ce projet. Je peux dire que je participe à l’écologie à mon niveau ».
La méthanisation en Deux-Sèvres
« Les projets s’essoufflent un peu, selon Thierry Péloquin, de la chambre d’agriculture. L’incertitude sur les filières d’élevage, la baisse des tarifs de rachat du gaz associée à la hausse des coûts des matériaux limitent le développement. Le réseau public de gaz est demandeur de sites en injection, mais il n’est pas toujours adapté (éloignement des zones de consommation). Le développement de la filière méthanisation pour améliorer notre autonomie énergétique impliquerait de revoir les garanties sur le tarif de rachat du gaz, l’allongement des contrats de rachat et la possibilité d’autoconsommer une partie de son énergie produite ».