Mobilisation jamais vue et organisation au cordeau
Alors que la Coordination rurale bloquait l'A10, la FNSEA et les JA de La Vienne et l'Adiv avaient établi leur campement sur la RN 10. De mémoire, il n'y avait jamais eu de mobilisation si forte, aussi longtemps. Il fallait donc une organisation sans faille. Le mot d'ordre en début de semaine ? Tenir longtemps dans les meilleures conditions possibles.
Alors que la Coordination rurale bloquait l'A10, la FNSEA et les JA de La Vienne et l'Adiv avaient établi leur campement sur la RN 10. De mémoire, il n'y avait jamais eu de mobilisation si forte, aussi longtemps. Il fallait donc une organisation sans faille. Le mot d'ordre en début de semaine ? Tenir longtemps dans les meilleures conditions possibles.
Cette semaine, les agriculteurs étaient bien présents sur les points de blocage de la RN 10, pour la FNSEA, les JA 86 et l'Adiv, et sur l'A10 pour la Coordination Rurale. " On n'a jamais vu une mobilisation aussi forte, aussi longtemps " constataient de façon unanime les agriculteurs. " C'est bon signe, ça signifie qu'on a le bon message qui fédère mais c'est mauvais signe parce que ça révèle un mal-être agricole profond " expliquait Sébastien Berger, président de la FNSEA 86, qui décrivait, du côté du blocage de la nationale 10, " un mouvement carré et propre ". Le rond-point de l'entrée de la RN10 était occupé par les tracteurs et, un peu plus loin, sous le pont de l'autoroute, des bottes de paille et une bâche protégeaient les agriculteurs pendant les temps de repas et de repos. " La ronde des présences s'organise à coups de SMS. Le petit train-train s'est installé " détaillait Sébastien Berger. Autour d'une table garnie de produits locaux apportés par les producteurs, Véronique Marchand s'active. On la présente comme "l'intendante". " L'équipe administrative fait les courses. Moi je dis ce qui manque. J'ai pris des jours de congé pour être là, tenir le camp propre mais tous les gars s'y mettent. Je suis aussi l'oreille qui les écoute. Certains se confient et craquent parfois. Ce mouvement permet aussi cela. Et ils disent qu'ils veulent bien faire plein de choses mais ils veulent des moyens et de la reconnaissance" reprend-elle. Elle a été pendant 12 ans conjointe collaboratrice de son ex-mari et son fils a aujourd'hui repris l'exploitation de son père à Verger-sur-Dive. "Je lui ai demandé s'il était sûr de lui car c'est difficile. Il est producteur de semences et attend des annonces sur l'eau. Sans eau pas de contrat " précise Véronique Marchand. D'ailleurs, sur le sujet de l'eau, l'Adiv, toujours présente sur le point de blocage de la RN10, était aussi en attente en début de semaine. "Gabriel Attal n'a rien dit sur l'eau vendredi dernier. Mais on sait que certains ont obtenu des choses dans d'autres départements " précisait Nicolas Giraud, président de l'Association des irrigants de la Vienne, qui organisait aussi une action ce vendredi 2 février (lire en page 2).
Cohésion
Sur l'A10, c'est la Coordination rurale qui tient le blocage. La solidarité en nourriture et financière s'organise comme la présence sur le camp. " Dès le début du mouvement, on a communiqué via notre groupe Whatsapp. Puis on en a fait un spécifique pour la mobilisation. C'est la cohésion qui maintient le camp. Mais il faut aussi que l'on puisse rentrer chez nous, faire le travail à la ferme, prendre du repos et du temps en famille sans se sentir coupable et en sachant que sur le blocage, ça tient " détaille Karyn Thiaudière de la Coordination rurale, que certains appellent "l'abeille" parce qu'elle est "partout et arrête jamais " confie l'un des agriculteurs présents en début de semaine.
Ne pas lâcher
Le 31 janvier, au lendemain du discours de politique générale de Gabriel Attal, " les gars sont remontés comme des pendules " présente Sébastien Berger, " ils sont en colère et exaspérés mais ils disent qu'ils ne veulent pas lâcher. Si on lâche maintenant, c'est foutu ". Des remorques de paille s'apprêtaient à arriver à Poitiers "pour gagner en confort. On fait de l'isolation paille de notre campement car les nuits sont humides et froides " soulignait le président de la FNSEA, critiquant des négociations qui n'avancent pas, à Paris et, au niveau local. Des discussions "qui ne font que nous endormir. Il n'y a pas de proposition. Pourquoi aller discuter de quelque chose de vide. Ça sert à rien". Il évoque l'invitation du Préfet de la Vienne à des discussions sur les simplifications administratives. Pour la CR, François Turpeau, se disait prêt à discuter localement "mais on ne se fait pas d'illusion et on n'attend pas de miracle. Mardi on n'a pas appris grand-chose de Paris alors c'est pas dans la Vienne que ça va se décider. La fatigue se fait sentir mais la détermination est toujours là. On n'a pas le choix, faut pas lâcher ".