Mobilisations à la hauteur du naufrage agricole
Depuis mardi dernier, les agriculteurs de la Vienne sont mobilisés. S'ils ne font pas tous bannière commune, FNSEA, Jeunes Agriculteurs, Coordination Rurale et Adiv ont multiplié les actions pour dénoncer des contraintes, réglementations et autres évolutions de la Pac qui les mettent sur la paille.
Depuis mardi dernier, les agriculteurs de la Vienne sont mobilisés. S'ils ne font pas tous bannière commune, FNSEA, Jeunes Agriculteurs, Coordination Rurale et Adiv ont multiplié les actions pour dénoncer des contraintes, réglementations et autres évolutions de la Pac qui les mettent sur la paille.
Les premières mobilisations en France ont débuté à Toulouse le 18 janvier, et elles n'ont pas été très longues à atteindre la Vienne. Dès vendredi, la Coordination Rurale annonçait une manifestation pour ce jeudi 25 janvier. Durant le week-end, les discussions menées avec le Préfet, à son invitation (lire en page 3), n'ont pas stoppé le mouvement, et la FNSEA, les JA et l'Adiv ont appelé à la mobilisation dès mardi. Et le moins qu'on puisse dire, c'est que les appels ont été suivis. Issus de 7 convois ayant convergé des 4 coins du département, plus de 150 tracteurs ont investi le centre-ville de Poitiers à midi, pour atteindre la Préfecture. Une "mobilisation impressionnante" de l'avis même du préfet venu dans l'après-midi à la rencontre des agriculteurs. "Si on est autant à Poitiers aujourd'hui, c'est que le malaise est grand" estime Sébastien Berger, président de la FNSEA. À leurs côtés quelques élus : des maires ruraux, mais aussi des conseillers départementaux, candidats aux Européennes, conseillers départementaux et Alain Pichon. Le président du conseil départemental est lui-même agriculteur. "On est des agriculteurs, pas des politiciens. On verrait d'un mauvais œil toute récupération politique" met en garde Sébastien Berger, qui se réjouit quand même de tout soutien. En tête des tracteurs qui ont pu stationner sur la place de la Préfecture (beaucoup ont dû rester dans les boulevards de Verdun et Solférino, faute de place), deux remorques de paille ont pris place à proximité des grilles. Et très rapidement, une pailleuse se charge de répartir le chargement sur les grilles de la Préfecture. "L'État et l'Europe nous mettent sur la paille, on leur ramène !" lance Sébastien Berger dans son discours, avant de lister les problématiques : Pac, MAEC, Egalim, eau. Nicolas Giraud, président de l'Adiv se félicite de la mobilisation, "même si ça montre aussi à quel point on est en difficulté" et demande un retrait de l'application des études Hmuc dans les arrêtés cadre 2024. Hervé Jacquelin, irrigant et ancien président de l'Adiv, interpelle directement le Préfet : "Vous avez laissé la gestion de l'eau à d'autres, comme l'EPTB, qui fait sa propre politique. L'eau devrait être un domaine régalien, géré par l'État". Quelques minutes plus tard, Henri Surreaux, des JA 86 assène : "On veut des actes forts, pas seulement des réponses" avant de prévenir : "On ne lâchera rien. de toute façon, on n'a plus rien à perdre !". Le temps du déjeuner, les agriculteurs se sont organisés pour les actions à suivre. Vers 15h, ils ont pris la direction de la permanence de Lisa Belluco, députée de Poitiers 1, à qui ils reprochent des prises de position lors des manifestations des anti-bassines, et ont installé à proximité une réserve. Le convoi s'est ensuite séparé en deux pour rejoindre la DDT et le supermarché Leclerc, où les pailleuses ont repris du service. Les tracteurs ont ensuite rejoint l'autoroute à Poitiers sud, pour bloquer l'A10. "Il ne fait pas bon travailler dans les champs en ce moment, nous ne sommes pas pressés" avait dès le début averti Sébastien Berger. Un campement a donc été installé sous le pont de l'autoroute dès mardi soir. Les agriculteurs pensent y rester jusqu'au moins vendredi, avec quelques "sorties" comme mercredi où un rendez-vous s'est organisé à la DDT. "Nous avons rencontré le DDT, un représentant de la Draaf et de la Dreets qui nous a donné des explications sur les retards de paiement des Maec. Visiblement, il faudra attendre avril ou mai..." détaille Sébastien Berger. Si l'échéance de vendredi a été choisie pour une éventuelle levée du camp, c'est que c'est à cette date que le Préfet de la Vienne devrait revenir d'un rendez-vous au ministère de l'Agriculture. "On vous attend".
Jeudi, à l'appel de la Coordination Rurale, une centaine de tracteurs et des remorques pleines de fumier, lisier, paille et autres pneus, ont investi à leur tour la Préfecture de la Vienne. "Je ne veux pas rentrer parler au Préfet, je l'ai déjà fait. Je lui demande de venir parler avec nous" a lancé François Turpeau, président de la CR, qui a, dès son arrivée, appelé au blocage de Poitiers. "C'est dramatique de se retrouver dans ces conditions" a ajouté Philippe Tabarin, président de la chambre d'agriculture. "Il va y avoir des matières qui puent qui vont être déversées. Mais est-ce que ça pue plus que l'attitude du gouvernement ?".
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