Moissons 2020 : Une bonne qualité, mais trop peu de quantités
Les semis perturbés de l’automne/hiver et les conditions météorologiques du printemps ont sérieusement impacté les volumes de collecte des coopératives, hormis en colza. Heureusement, les indicateurs qualitatifs des céréales sont globalement positifs.
La récolte 2019 s’était distinguée par des volumes exceptionnels en blé (mais une qualité variable), de bons chiffres en orges et en pois, et une grande déception en colza. Son de cloche très différent pour les moissons 2020, à en croire les coopératives de Charente-Maritime. Chez Terre Atlantique, dix réunions post-collecte ont été organisées pendant le mois de juillet, avec plus de 200 agriculteurs participants. De ces rendez-vous, Christian Cordonnier, directeur de la coopérative, tire un constat : « le bilan est triste en terme de résultats : difficile d’équilibrer les comptes sur les cultures d’été ». Pour les adhérents de Terre Atlantique, « les rendements sont plus faibles que pour la moyenne décennale, bien plus faibles que l’an dernier. La collecte d’été se situe pour nous à - 35 % par rapport à 2019 et à - 30 % par rapport à la moyenne des cinq dernières années ».
Des chiffres qui recoupent ceux de Thierry Buna, directeur de la Coop de Matha. Il constate une baisse « essentiellement sur les blés et orges, qui sont les plus impactés ». À la Coop de Beurlay, Lilian Bertin, responsable d’exploitation, avance des données plus alarmantes encore. « Le bilan annuel n’a pas été figé, car il nous reste encore quelques remorques à rentrer, mais je pense que nous serons de l’ordre de 40 à 45 % de volume en moins par rapport à l’an dernier, voire peut-être même 50 %. »
Des surfaces semées en chute
En cause, des rendements plus bas que les années précédentes (à 50 qx par exemple pour la Coop de Matha en blé tendre, contre 70 qx en moyenne), mais aussi et surtout des semis en chute. « On estime au final qu’on a eu 15 % de blés semés en moins, et 30 % d’orges d’hiver », annonce Christian Cordonnier. À la Coop de Beurlay, les surfaces semées en blé ont été divisées par deux par rapport à l’an passé. Les difficultés d’implantation de l’automne dernier auront eu un impact durable sur la plupart des secteurs. « Certains blés durs ne sont pas encore récoltés d’ailleurs », explique le directeur de Terre Atlantique. « Il en reste dans les marais qui ont été semés tard et ont levé très tard. »
Heureusement, les céréales collectées sont de plutôt bonne qualité. Pour la Coop de Matha, « les taux de protéines en blé tendre sont bons mais pas exceptionnels ». Thierry Buna note une différence entre la collecte charentaise-maritime et celle réalisée en Charente, qui présente plus de problèmes à ce niveau-là. « Pour nous, au niveau de la qualité, c’est globalement très bon », estime Christian Cordonnier. « Les protéines sont de l’ordre de 12 de moyenne, forcément en raison des rendements très faibles. Les PS (poids spécifiques) sont à 78 de moyenne, il n’y a pas de problème de mycotoxine et pas de souci du temps de chute de Hagberg. En blé tendre, il n’y aura pas de souci cette année. » En blé dur, par contre, quelques soucis ont émergé. « Le temps de chute d’Hagberg est dégradé sur une partie de la collecte, à cause d’une succession de températures très chaudes début juin puis d’un épisode de températures plus fraîches autour du 10-15 juin, avec un peu d’humidité et un processus de pré-germination, voire de germination. » À la Coop de Matha, environ 10 % des blés durs seraient touchés. « On a par contre des blés de force qui sont très bons », assure Thierry Buna.