Édito
« Ne pas désagriculturaliser la France »
Déléguer à d’autres notre souveraineté alimentaire crée une dépendance dangereuse. Conserver une agriculture nourricière et performante est une nécessité pour notre pays. Or, nous avons une chance inouïe : deuxième employeur de France, produisant une nourriture saine, belle, bonne et variée, à des prix accessibles, avec des méthodes d’exploitation qui sont d’abord et avant tout familiales, notre agriculture coche toutes les bonnes cases ! Ce bien précieux, il nous faut le soigner et le préserver. Ne pas « désagriculturaliser » la France comme elle a été désindustrialisée. Ne pas renvoyer les paysans à la pénibilité en leur imposant des conditions de travail dont nous ne voudrions pas pour nous-mêmes, comme leur demander de travailler la nuit ou de se priver des mesures de protection face à ces ravageurs dont notre santé paie lourdement le prix.
Il ne faut pas opposer les modèles agricoles, mais les associer : nos terroirs sont si variés que toutes les formes d’agriculture peuvent y trouver leur place.
Même si nous aimons nos campagnes, nous ne reviendrons pas tous cultiver la terre ! Partout dans le monde, le prix de la nourriture conditionne la paix sociale. Bien sûr, l’agriculture doit être écologiquement responsable, mais sans renvoyer le paysan à la pénibilité et à la précarité : les méthodes les plus modernes doivent être mobilisées. Et pour le faire, il faut des moyens, de la reconnaissance, du respect. Notre agriculture est stratégique, ceux qui la mettent en œuvre au quotidien méritent tout notre soutien.
(*) Sylvie Brunel est géographe, écrivain, professeur à Sorbonne Université. Ce texte est un extrait de sa tribune parue dans le FigaroVox du 20 avril.