Prédation
« On n’élève pas des animaux pour l’équarrissage »
Jeudi 13 janvier, la fédération des chasseurs et la chambre d’agriculture organisaient un point presse sur le renard. L’enjeu : répondre aux récentes polémiques sur la régulation des Esod, et réaffirmer sa nécessité pour maintenir l’agriculture locale.
Jeudi 13 janvier, la fédération des chasseurs et la chambre d’agriculture organisaient un point presse sur le renard. L’enjeu : répondre aux récentes polémiques sur la régulation des Esod, et réaffirmer sa nécessité pour maintenir l’agriculture locale.
En décembre, le renard faisait la une de la presse locale. La raison ? Les municipalités de Melle et de La Crèche interrogeaient son statut et sa régulation. Volonté de sortir le canidé de sa classification d’espèce susceptible d’occasionner des dégâts (Esod) ou avis défavorable donné aux battues, ces positions municipales ouvrent la voie à une réduction de la régulation de ce prédateur.
Un non-sens pour qui veut conserver le tissu de production agricole local, selon la chambre d’agriculture et la fédération des chasseurs (FDC79), qui rappelaient les enjeux en présence lors d’un point presse à Nature Gâtine, jeudi 13 janvier.
Une pression trop importante
La rencontre donnait d’abord la parole aux éleveurs qui l’accueillaient, Aurélie et Arnaud Piot, producteurs de volailles plein air en vente directe à Mazières-en-Gâtine : « Les attaques de renards, ça fait partie de notre métier, mais là c’est trop. Depuis qu’on s’est installés en 2006, les renards picoraient, avec une grosse attaque tous les trois ans en moyenne. Maintenant on a une attaque de 30 à 40 animaux deux à trois fois par an ».
Au-delà du choc psychologique de voir ses volailles saignées, éparpillées et laissées sur place – la signature même du renard –, les pertes sèches sont conséquentes, malgré les moyens de protection mis en œuvre. « Les renards passent en dessous et au-dessus des grillages. On peut dire qu’on se fait prendre 300 volailles (sur 10 000) environ par an, ça représente près de 4 500 €. On n’élève pas des animaux pour le renard, ni pour l’équarrissage ».
Notre système plein-air perd en cohérence avec la prédation, certifie Damien Breton, éleveur ovin.
Déclarer, malgré l’absence d’indemnités
À leur suite, Damien Breton, éleveur ovin à La Chapelle-Saint-Laurent, témoigne : « Mon modèle est plus extensif qu’avant : MAEC depuis 2015, HVE… Mes 1 900 brebis vendéennes sont à l’herbe et les agneaux rejoignent les pâtures très peu de temps après l’agnelage. C’est mieux pour leur digestion, pour leur état corporel, leur bien-être. Mais sur 700 agneaux au champ, les renards m’en tuent 35 à 70 par an ».
Un manque à gagner qui peut aller jusqu’à 10 000 €. « Je ne le déclarais pas, comme il n’y a pas d’indemnités derrière. Et je me suis formé au piégeage. Notre choix de faire du plein air pour la performance environnementale et le bien-être animal perdent en cohérence avec la prédation », déplore l’éleveur.
Pour que son travail de toute une année ne soit pas abîmé en une nuit d’attaque de renard, Damien déclare désormais ses dégâts auprès de la fédération des chasseurs. C’est le premier pas, essentiel, pour que l’espèce reste dans le classement Esod, et puisse continuer d’être régulée en fonction des besoins exprimés par les producteurs et particuliers des Deux-Sèvres.
Une nouvelle classification Esod en 2023