Observer de près les parcelles pour décider de la date d’ensilage
La situation varie d’une parcelle à l’autre. Celles ayant bénéficié d’une irrigation régulière sont légèrement en avance par rapport à l’an passé et ont un potentiel de rendement correct. La situation est plus délicate pour celles conduites sans irrigation et ayant une réserve utile faible.
Les maïs non irrigués ont souffert d’un déficit hydrique doublé d’un déficit thermique cette année. Lorsque la température moyenne journalière est supérieure à 30°C, le maïs ne pousse plus. La période caniculaire a été longue et est intervenue autour du stade de la floraison, stade clé pour le maïs. L’observation des parcelles est donc primordiale. Il faut parvenir à classer les maïs en fonction du potentiel de rendement et du comportement des plantes. La chaleur a pu affecter la fécondation des parcelles prévues en maïs grains. Dans ce cas, il peut être intéressant de réfléchir à la possibilité d’ensiler la parcelle pour valoriser au mieux l’énergie disponible.
Parcelles prévues en ensilage
L’élaboration de la teneur en amidon de la plante se fait avec le remplissage des grains. Lorsque la fécondation a été fortement perturbée par les conditions climatiques, il est possible que certains maïs aient un nombre de grains très affecté voire une absence totale de grains. Cependant, il n’est pas judicieux d’ensiler le plus tôt possible pour récolter les sucres contenus dans la partie végétative de la plante. Un ensilage trop précoce engendrerait des taux de matière sèche très faible puisque la teneur en eau des tiges est encore très importante malgré l’aspect extérieur de la plante. Cela pourrait conduire à des pertes de sucres solubles trop importantes par les jus, lors de la mise en silo. Il est conseillé d’ensiler au plus tôt un mois après la mise à fleur : à partir de 28% de matière sèche plante entière. Il est nécessaire de moduler cette information en fonction des dates de semis et de la pluviométrie de la semaine dernière selon les secteurs.
Le pâturage des maïs possible
Il est important de noter qu’un ensilage plus précoce aura également l’avantage de libérer les terres plus tôt et de profiter ainsi de meilleures conditions pour l’implantation des céréales d’hiver voire des dérobées si la météo le permet. Dans les cas les plus extrêmes, le pâturage est possible. Il doit être uniquement envisagé en dernier recours, lorsque la récolte en ensilage se fait à perte et qu’il n’y a pas de grains sur la totalité de la parcelle. Il n’y a aucun risque sanitaire à faire pâturer du maïs mais il faut surveiller les animaux. Ils commencent par consommer les épis sans grains avant de s’attaquer à la plante verte. Cependant, le gaspillage est important. L’idéal serait de faire pâturer au fil et de laisser accès à un fourrage complémentaire pour assurer le lest. Une autre possibilité serait de faucher le maïs et de le faire consommer une fois coupé.
Quelques repères visuels pour gérer les maïs asséchés
- Toutes les feuilles au-dessus de 15 cm du sol sont vertes, quelques feuilles sont enroulées sur elles-mêmes en pleine journée. L’émission des feuilles se fait normalement. La plante continuera son cycle dès le retour des pluies, il est trop tôt pour ensiler. La teneur en MS de la plante entière est d’environ 18 %.- Seules quelques feuilles du pied de la plante ont une teinte gris marron. Toutes les feuilles sont enroulées et ont une teinte vert grisé. L’émission de nouvelles feuilles commence à ralentir. Sauf exception et selon les stades, le maïs peut repartir si les pluies reviennent. Après floraison, il est nécessaire de diagnostiquer le niveau de fécondation des épis. Ce dernier dépend également des températures. Il est encore trop tôt pour ensiler. La teneur en MS de la plante est aux alentours de 22 %.- Près de 90 % des feuilles sont de couleur marron clair - gris blanc. La croissance est complètement stoppée. Seules la base des dernières feuilles et la tige sont encore vertes. Quel que soit le stade, le rendement et la valeur alimentaire ne s’amélioreront pas. La plante doit être récoltée sans plus attendre.- Valeur alimentaire d’un maïs sans grain : peu de références existent. Dans tous les cas, il faut prendre un échantillon de fourrage le jour du chantier, en prélevant quelques poignées de chaque benne pour être représentatif de l’ensemble du silo. L’échantillon sera placé à l’abri du soleil durant le chantier, puis au congélateur. L’échantillon peut être apporté à la chambre d’agriculture, qui se chargera de l’envoi au laboratoire. Seule une analyse chimique pourra être utilisée, car il s’agit d’un fourrage atypique.