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Ovins : Les antiparasites, c’est pas automatique

L’abus de traitements risque de favoriser la résistance des parasites. Le respect de procédures et la bonne connaissance du cycle de vie des parasites font partie des connaissances indispensables pour lutter contre ces fléaux de l’élevage ovin.

Philippe Dubois, vétérinaire du GDS 16-17.
Philippe Dubois, vétérinaire du GDS 16-17.
© AC

Invité de l’assemblée générale de la Fédération départementale d’élevage ovin à Saint-Loup le 28 mars, le vétérinaire Philippe Dubois du GDS 16-17 s’est penché sur les visites sanitaires en élevage, obligatoires dans la filière ovine depuis février 2017. Au cours de ces visites, les éleveurs sont soumis à un questionnaire sur leurs bonnes connaissances de l’avortement ovin et du parasitisme. « Il ne faut pas le voir comme quelque chose de coercitif, a expliqué Philippe Dubois. C’est un moment d’échange avec le vétérinaire. » Une information d’autant plus utile que de nombreuses maladies ovines « sont transmissibles à l’homme ».
Il est donc nécessaire, pour se protéger soi-même et épargner à son troupeau le maximum de contaminations, d’observer une conduite rigoureuse. L’achat de nouveaux animaux doit ainsi se faire précautionneusement, notamment quand les bêtes viennent de secteurs sujets à problèmes. À l’est de la région, par exemple, le wohlfahrtia étend sa zone d’impact. « Soyez prudents si vous allez chercher des ovins dans la zone contaminée », a-t-il ainsi prévenu. Sur ces départements, le nombre de communes touchées est passé de 5 fin 2016 à 45 dernièrement. « Le paramphistome fait aussi des dégâts dans le Limousin, méfiez-vous en Charente-Maritime ». Pour éviter la propagation de ces parasites, « il est obligatoire de faire observer une quarantaine aux nouveaux animaux et de les traiter si nécessaire ».

Connaître l’ennemi

Traiter, oui, mais de façon raisonnée, pour un maximum d’efficacité. Comme pour les antibiotiques, la résistance aux antiparasitaires est un sujet d’inquiétude chez les vétérinaires. Plus encore que l’abus de traitements, c’est peut-être leur sous-dosage qui a pu aboutir à l’apparition, par exemple, de strongles gastro-intestinaux insensibles : les faibles doses ont laissé les parasites les plus résistants survivre, et ils ont ainsi pu se reproduire plus vite, dans un environnement débarrassé de leurs congénères. Il importe donc de bien respecter la posologie des doses. Autre impératif : varier les traitements, ne pas toujours utiliser les mêmes familles. « Attention à ne pas prendre le même générique, mais bien à changer de molécule », a souligné Philippe Dubois. D’anciens remèdes, délaissés au profit de nouveaux produits, pourraient ainsi se révéler encore bien utiles. Enfin, « il faut essayer, quand on peut éviter de traiter, de ne pas traiter. C’est une décision qui n’est pas forcément facile à prendre. »
Pour pouvoir faire son choix, il importe de connaître l’ennemi – le parasite – et de connaître son environnement de prédisposition. « S’il y a de la douve, c’est que vous êtes en zone humide, alors méfiez-vous des paramphistomes », a rappelé le vétérinaire. Autre information, plus intéressante encore, son cycle de vie. « C’est bien de le connaître pour savoir quelles mesures préventives et curatives prendre. » Et cela importe aussi pour repérer la maladie ; la coproscopie permettant de détecter l’infection sera ainsi beaucoup plus efficace en hiver pour les douves, alors qu’il vaut mieux attendre le printemps pour les strongles.
Enfin, une fois le traitement effectué, il importe de traiter avec précaution les résidus. Philippe Dubois recommande de les traiter comme des résidus de produits phytosanitaires classiques pour limiter l’impact sur l’environnement. Cette question a pu amener certains éleveurs à privilégier les médecines alternatives, notamment les huiles essentielles, mais il recommande de les employer avec précaution. « Règlementairement, vous n’êtes pas dans les clous s’il n’y a pas de LMR (Limite maximale de résidus). Ce sont des produits chimiques comme les autres. Ceci dit, il y a des choses dans les huiles essentielles qui fonctionnent parfaitement bien. Il faut juste qu’il y ait un cadre. »

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