Peste porcine africaine : la France se met en ordre de bataille
Renforcement de la biosécurité, sécurisation de l’export : le ministère a lancé un plan de prévention contre la peste porcine africaine (PPA), quelques semaines après l’arrivée de la maladie en Italie.
Renforcement de la biosécurité, sécurisation de l’export : le ministère a lancé un plan de prévention contre la peste porcine africaine (PPA), quelques semaines après l’arrivée de la maladie en Italie.
Alors que la peste porcine africaine (PPA) a été détectée dans le nord de l’Italie, le ministère de l’agriculture a lancé le 9 février un plan d’action afin de prévenir l’arrivée de la maladie dans les élevages français. Au niveau national, ce plan prévoit notamment d’atteindre un « objectif d’élévation rapide de la biosécurité en élevage et dans les transports ». Bien que le gouvernement prévoie d’accompagner les éleveurs dans leurs mises aux normes, aucun budget n’est mentionné dans le document de présentation du plan d’action.
Outre ces mesures, la rue de Varenne compte « recenser aussi rapidement que possible les éleveurs ou détenteurs de porcins non déclarés », en s’appuyant sur les mairies, les vétérinaires et les chambres d’agriculture. « Bon nombre de détenteurs de porcins ne sont pas encore connus ou n’ont pas déclaré leur cessation d’activité en base de données », constate le ministère, rappelant que « ces déclarations sont obligatoires ».
Les sangliers dans le viseur
Depuis l’arrivée de la maladie le 5 janvier, 34 cas de PPA ont été détectés en faune sauvage au nord-ouest de l’Italie, à 100 km de la frontière avec la France. Les cinq départements frontaliers font l’objet d’une attention particulière : les élevages devront s’y mettre aux normes « dans des délais acceptables », avec le lancement « d’ici avril 2022 », d’un plan de contrôle officiel. Les autorités prévoient aussi de « réduire la population de sangliers par le biais d’actions de chasse ».
Contrairement à l’épisode de PPA en Belgique en 2018, le gouvernement ne mentionne pas dans son plan l’érection d’une clôture à la frontière. « La barrière des Alpes est inclôturable », rappelle la FNP (éleveurs de porcs, Fnsea) dans un communiqué le 13 février. L’association spécialisée y réclame « des mesures drastiques et immédiates de régulation, à l’échelle européenne ».
Sécuriser les exportations
Alors que plus d’un quart de la production porcine française est exporté, le gouvernement veut aussi sécuriser les débouchés dans les pays tiers (9 % des abattages nationaux). Après avoir décroché un accord de zonage avec la Chine, qui permet aux départements indemnes de PPA de continuer à exporter, les pouvoirs publics mènent des discussions similaires avec la Corée, les Philippines et le Japon notamment.
D’après une récente estimation de l’Ifip (institut technique), en l’absence de tout accord de zonage, la fermeture de nombreux pays tiers pour cause de PPA pourrait amputer les exportations françaises de 50 000 tonnes sur plus de 760 000 t exportées en 2020, avec des pertes estimées entre 157 et 364 M€ pour la filière, selon l’intensité de la demande internationale en viande porcine.
Décrochage potentiel des cours
Cette perte brutale de débouchés « pourrait causer un décrochage des cours à la production de l’ordre de 14 %, soit une perte estimée entre 21 et 23 ct/kg », ajoute l’Institut du porc. S’y ajouterait l’impact économique et sanitaire direct de la maladie. L’Ifip a calculé les pertes possibles en situation réelle autour de 1 M€ sur un élevage naisseur-engraisseur de 466 truies (environ le double de la moyenne française). Quant aux élevages voisins d’un foyer, ils seraient pénalisés par l’interdiction des mouvements d’animaux, synonyme d’alourdissement des porcs. Autant de pertes qui ne seraient couvertes que partiellement par les indemnisations publiques.