Artisanat
Petit moulin cherche meunier pour se réveiller
Depuis les années 80, la famille Boiron fait tourner la minoterie éponyme, en plein cœur de La Crèche. Inscrite dans la tradition artisanale et la valorisation des circuits courts, l’équipe cherche un repreneur.
Depuis les années 80, la famille Boiron fait tourner la minoterie éponyme, en plein cœur de La Crèche. Inscrite dans la tradition artisanale et la valorisation des circuits courts, l’équipe cherche un repreneur.
De la quinzaine de moulins qui jalonnaient la boucle de la Sèvre à La Crèche, la minoterie Boiron constitue le dernier en activité. La bâtisse érigée au 17e siècle a conservé l’essentiel de ses machines des années 1930 pour moudre la farine. Seule concession faite : plus de mouture sur meule et une turbine électrifiée. Bon an mal an, l’activité perdure, et 700 t de farine (blé, seigle, sarrasin et mélanges spéciaux) sortent chaque année du moulin sans ailes ni roue à eau.
« Nous avons une capacité de traitement de 12t de céréales par jour, et un rendement de 1,5t à l’heure, évoque Gaëtan Boiron, le gérant de la minoterie ; avant de présenter les différents broyeurs, convertisseurs, affineurs des années 30 qui permettent d’aboutir la granulométrie des farines via un système de tuyaux – en bois ! – abritant des élévateurs à godets faisant la liaison entre les étages. « Il y a une quinzaine d’étapes en tout », décrit le maître des lieux, ajoutant que les process n’ont pas changé depuis des décennies, d’où le maintien des machines. « Le tout est de rester vigilant sur la qualité, en brassant en continu notre silo de 20 t par exemple, pour garantir l’homogénéité de la farine ».
Farine ultralocale
Si la farine utilisée en France est désormais majoritairement française, la farine locale est plus rare. La minoterie Boiron travaille avec des agriculteurs du coin (coopératives Sèvre & Belle, Océalia) et fournit des clients à moins de 200 km : une quinzaine de boulangeries artisanales, quelques Super U lors d’opérations commerciales, et des particuliers (par livraison ou sur le site du moulin, un débouché qui représente 7% des ventes environ).
Pour Gaëtan Boiron, ces circuits courts sont gages de qualité : « c’est synonyme de trajets plus courts. Nous réalisons aussi les tests de panification nous-mêmes en privilégiant les meilleurs mélanges de blés. Le taux de protéines ne fait pas tout ! Et puis ça veut dire aussi une farine bien emballée, bien livrée, avec le sourire d’un livreur qu’on connaît : le boulanger est d’office content ! ». La minoterie Boiron est aussi adhérente de l’association La dynamique céréalière (lire encadré) qui met en valeur les acteurs locaux via deux baguettes stars : la « Signé Poitou-Charentes » en GMS et, depuis le printemps, la « Aliénor » pour les boulangeries artisanales. « Ces marques sont un tremplin pour communiquer », assure le patron du moulin créchois.
Futur meunier, réveille-toi !
Communiquer est un impératif pour la minoterie, dont la totalité de l’équipe va partir à la retraite dans les deux-trois ans. La communauté de communes et la commune gardent à l’œil ce lieu insolite, dans l’optique de conserver ce morceau de patrimoine industriel… à la condition de trouver un meunier pour assurer son fonctionnement. Gaëtan Boiron étudie quelques pistes de repreneurs, qui devront acquérir également le foncier. « Ce sont surtout le portefeuille de clients et le contingent qui intéressent pour l’instant », indique-t-il. La phase de cessation-transmission prendra du temps. « L’idéal serait qu’une personne issue d’une famille de meuniers se présente, avec un bon sens du commerce ! ». A bon entendeur…
Agriculteurs, meuniers et boulangers : partenaires dynamiques