Lait de chèvre
Plus 5 centimes par litre de lait de chèvre
Les laiteries de la région Poitou-Charentes et Pays-de-la-Loire augmenteront le prix du lait de chèvre d’au moins 5 centimes d’euro par litre sur toute leur zone de collecte.
Les représentants des éleveurs des deux régions concernées demandaient « une réaction rapide et forte sur le prix ». Ils avaient jugé « insuffisants » les gestes précédemment annoncés par les laiteries face aux difficultés qu’ils rencontrent. Mais ils insistaient aussi sur un contexte particulier où les transformateurs recourent « de façon accrue » aux importations puisqu’elles atteignent sur les huit premiers mois de l’année la quantité record de 76 millions de litres.
Cette revalorisation s’appliquera au plus tard le 1er janvier 2008. Mais certaines entreprises l’anticiperont dès le 1er novembre en fonction de leurs grilles de prix et de leurs politiques de désaisonnement. « La hausse représente 6 centimes d’euro pour une bûchette de 180 grammes et la grande distribution a déjà anticipé en augmentant les prix de vente des fromages », précisent les producteurs.
Les éleveurs considèrent que l’augmentation annoncée dénote « une prise de conscience de la gravité de la situation et un geste encourageant ». Ils maintiennent cependant leur revendication à 70 euros / 1 000 litres, et insistent pour que les entreprises réagissent au plus vite, au risque de voir des arrêts d’activité de production. Ils annoncent qu’ils poursuivront leurs actions pour défendre l’élevage caprin en région : contacts avec le terrain, sensibilisation des consommateurs, relevés de prix, rencontres avec les entreprises et la grande distribution.
Une augmentation qui ne compense qu’en partie la hausse des charges
Quelles sont vos réactions après cet accord intervenu du 16 octobre ?
- Jean-François Bernard, représentant de la FRSEA au Brilac : «Je voudrais d’abord souligner qu’au nom des producteurs nous demandions une revalorisation du prix de base du lait de 70 euros pour 1 000 litres par rapport au prix de base de 2007. Alors, bien sûr, les 50 euros que nous avons obtenus ne sont pas suffisants mais c’est mieux que rien et l’accord porte sur l’ensemble de l’année 2008. Les entreprises pourraient cependant faire un geste avant le 1er janvier, sur le prix de base ou sur les compléments de prix. On en saura plus dans les prochains jours. Je voudrais également souligner que nous avons la preuve dans cet accord que le dialogue amorcé il y a deux ou trois ans avec les entreprises porte ses fruits. Souvenons-nous que nous avons obtenu + 4 euros sur les six mois en 2005, + 8 euros en 2006 et à nouveau + 8 euros en 2007.
L’écart entre la demande des producteurs et le résultat s’élève tout de même à 20 euros…
- J.-F. B. : «Effectivement et ces 70 centimes résultent d’une série d’augmentations de charges constatées dans les élevages depuis six mois, et principalement le coût alimentaire. Il s’élève à 54 – 55 euros en moyenne, auxquels nous devons ajouter 4 à 5 euros pour l’alimentation des chevrettes et 10 euros pour les autres charges. Donc même avec 50 euros, il faut s’attendre à des pertes de revenus qui vont continuer à affaiblir certaines exploitations qui étaient déjà justes. Toute erreur technique sera chère payée. Cet écart va obliger certains à une remise en cause de leur système de production en recentrant l’alimentation des chèvres sur les produits de l’exploitation.
Ce geste, que les entreprises jugent important, n’est-il pas aussi le résultat d’une tension sur les marchés ?
- J. -F. B. : Dans la région, la production n’augmente plus. Elle est même en légère baisse à - 0,65%, sur les neuf premiers mois de l’année, alors que dans d’autres régions, en-Pays-de-la-Loire ou Midi-Pyrénées, elle progresse jusqu’à 5%. On constate également que sur la même période, les importations sont équivalentes à celles de 2006. Nous craignons que les importations ne continuent à augmenter et que le seuil de 20% que nous estimons critique soit rapidement atteint. Si la demande est au rendez-vous en France, il faut que la production suive. C’est tout l’enjeu d’une politique d’installation dynamique."