Dossier lapins
Produire moins pour être payé plus
Cette semaine dans votre journal Agri79 un dossier lapins : un contexte difficile pour cette filière, investir pour durer et promouvoir le lapin y sont présentés.
En 2008, et avec en perspective la revalorisation du prix du lapin dès l’automne, les éleveurs acceptent des quotas de production plus stricts qu’en 2007.
Unilap (*) mobilise 300 000 euros pour redonner un peu de couleur aux trésoreries exsangues des élevages de lapins. Une aide sous forme de don, « pour permettre à nos producteurs de tenir », explique Jean-Louis Heulin, directeur. Au phénomène structurel de baisse de la consommation, s’est ajouté en 2007 le handicap conjoncturel de l’augmentation des charges. La cuniculture souffre. « Acheté 200 euros la tonne en janvier 2007, l’aliment pour le lapin coûte, en janvier 2008, 270 euros la tonne. » Une réalité qui accélère « l’inéluctable » restructuration d’une filière, victime chronique de comportements alimentaires qui tendent à laisser sur le bord de l’assiette les produits carnés. « En France, la consommation de viande est en baisse de 10 % depuis le début de l’année. Le lapin, dont la place dans le panier de la ménagère n’est pas réservée, fait les frais de cette réalité inquiétante pour le monde de l’élevage. » Dans l’ambition, dès septembre, - la baisse saisonnière de consommation passée - d’obtenir des abattoirs une revalorisation des cours du lapin, le maillon production accepte les invalidants quotas. De la semaine 12 à la semaine 18, les éleveurs devront se résigner à une baisse de leur activité de 8 %. -12 % est le quota qui s’appliquera jusqu’à la semaine 35. « Cet effort, associé aux cessations d’activité, doit permettre de réduire la production de 5 % en 2008 ». Délesté de ce tonnage excédentaire, le marché devrait se rééquilibrer à l’automne. « Le prix du lapin, entre 1,6 ? et 1,650 ? du kilo selon la saison, devra alors être revalorisé. Une augmentation de 25 centimes d’euros le kilo est le minimum auquel nous devons arriver, pour espérer compenser l’augmentation des charges alimentaires dans les élevages », analyse Jean-Louis Heulin. Bousculé, le monde régional de la cuniculture ne perd toutefois pas espoir. « Les abattoirs sont dans notre région, les groupements de producteurs et les éleveurs également. C’est ici, aujourd’hui et demain, à une centaine de kilomètres autour de Cholet, qu’est l’avenir de cette filière. » Tenir est par conséquent le mot d’ordre. En cette période difficile, seuls les élevages les plus performants le peuvent. À Poitou-Lapins, conscient de cette réalité, on travaille les résultats technico-économiques. Mais on sait bien que cette période ne passera pas sans abandon. Quand le groupement de producteurs comptait 182 adhérents en 2001, il n’en compte plus que 146 en 2008. « Pour le moment le nombre de cages-mères se maintient », souligne le directeur. La restructuration s’est faite au détriment du nombre d’éleveur. Demain, elle affectera également le volume produit. L’aval de la filière entre dans une zone de turbulence. C.P. (*) Unilap : Union des groupements de producteurs Poitou-Lapins et Terrena.
A noter - Poitou-Lapins tiendra son assemblée générale vendredi 6 juin. Le rendez-vous est fixé à 14 heures salle de Passerelle à Mauléon.