Produits laitiers : la valorisation comme levier de croissance
Qualité, respect des normes environnementales... Des critères qui permettront peut-être aux éleveurs laitiers de mieux vivre de leur métier.
Entre 330 et 335 euros. C’est le prix des 1 000 litres de lait qui devrait s’appliquer dans la grande majorité des coopératives laitières cette année en Poitou-Charentes, sur une base similaire à celle de l’année dernière (voir encadré). Trop peu pour reconstituer les trésoreries exsangues et faire repartir les investissements. Face à ce constat, une rencontre lait a été organisée aux Ruralies à l’instigation de l’Idele, de la chambre d’agriculture et d’Inosys, jeudi 28 juin, avec tous les acteurs de la filière pour mettre en avant des pistes permettant de mieux valoriser les produits laitiers.
Une des solutions avancées est la transformation à la ferme, une méthode qui reste encore peu développée, du fait notamment du temps de travail que cela implique et des investissements nécessaires. «Néanmoins, cette pratique permet d’acquérir une certaine autonomie et surtout de ne pas être tributaire des cours du lait», présente Anne-Laure Veysset, animatrice à la chambre d’agriculture de Charente, qui a mené une enquête auprès de 32 éleveurs transformateurs picto-charentais, dont 2 en Charente-Maritime. La vente directe, qu’elle soit sur les marchés ou directement à la ferme, est en plein boom et ne subit pas encore de forte concurrence, même si la GMS se met sur ce créneau.
«Un produit de qualité vaut son prix»
C’est le cas notamment de Leclerc, via sa démarche nationale Alliances locales, qui vise à établir des partenariats directs avec les producteurs dans un rayon de 100 km autour des magasins. Sur celui de Niort Mendès-France, 12 producteurs laitiers sont partenaires (32 en tout), ce qui représente un volume annuel de 215 000 UVC (unités de vente à la consommation). Et son directeur commercial, Dimitri Fageon, ne veut pas s’arrêter là. «On essaye de leur donner de la visibilité dans les rayons et via des actions ponctuelles. On estime qu’un produit de qualité vaut son prix, il faut arrêter avec le dogme des prix toujours plus bas», indique-t-il. Un constat partagé par Sylvain Drillaud, chargé de mission à l’Enilia-Ensmic, à Surgères. «Ceux qui transforment directement ont parfois comme objectif d’être moins cher qu’un produit industriel car il y a moins d’intermédiaires mais ce raisonnement est une erreur. L’acte d’achat se fait de plus en plus par la qualité du produit».
Le non-OGM, norme des années à venir
Outre la qualité, la valorisation des produits passe également, aux yeux du grand public, par un respect toujours plus poussé de l’environnement. Et les groupes laitiers prennent le pli depuis plusieurs années. Ainsi, Savencia mène depuis 4-5 ans une démarche pour une production durable et responsable. Tous les producteurs se voient ainsi proposer un diagnostic de leur exploitation ainsi que des formations afin d’améliorer leur empreinte carbone et de baisser les coûts de production. Une démarche qui leur permet d’acheter le lait en moyenne à 350 euros, avec un prix de base à 325 euros. Dans la continuité de ce travail, le groupe a aussi le projet de passer en non-OGM.
Cette démarche, Pamplie est déjà en train de la mener. Depuis six mois, un petit panel d’éleveurs adapte ses pratiques pour proposer un lait sans OGM dès 2019. «La laiterie veut aller plus vite que le cahier des charges AOP et propose 6 euros de plus les 1 000 l en guise de compensation», présente Ludovic Cotillon, animateur bovins lait à la chambre d’agriculture des Deux-Sèvres. Cette transition vers le non-OGM est jugée nécessaire par les acteurs de la filière car ce qui s’avère être une niche actuellement devrait être la norme dans quelques années.
De son côté, la coopérative Biolait souhaite valoriser le travail des éleveurs avec un contrat plus sécurisant pour ces derniers. Est ainsi en place un accord tripartite avec Biocoop et Système U «qui change les relations commerciales et qui part du prix du producteur bloqué pendant 5 à 7 ans, auquel s’ajoute ensuite l’évolution des charges», présente Michel Coutant. Une démarche qui trouve écho au niveau national dans la loi Egalim, qui vient d’être validée par le Sénat en début de semaine.