Rassemblements et attentes sur l'eau
Manifestations, recharge des nappes, projet de territoire pour la gestion de l'eau : points d'actualité sur la question de l'eau avec Nicolas Giraud, président de l'Association des irrigants de la Vienne.
Quels étaient les objectifs du rassemblement des agriculteurs samedi à Jaunay-Marigny?
Il y en avait plusieurs. D'abord, réunir tous les syndicats agricoles, les irrigants et non-irrigants, à côté de la manifestation annoncée par Bassines non merci à Saint-Léger-La Pallu. Il s'agissait de faire groupe. Mais c'était aussi montrer ce qu'on a réalisé sur le bassin du Clain, dans le cadre du contrat territorial, autour de nos engagements environnementaux.
C'est une réponse à ceux qui disent que les agriculteurs ne respectent pas leurs engagements du contrat territorial?
Tout à fait. Et dans le cas précis, il s'agissait de montrer ce que nous avons fait ce qui concerne la plantation de haies et l'aménagement des cours d'eau. Au lieu-dit Train par exemple où la Pallu a été rempierrée et retravaillée pour améliorer l'activité microbiologique et l'oxygénation du cours d'eau.
Vous avez dit que samedi, il s'agissait aussi de faire groupe, à côté de l'appel de Bassines non merci. Il y avait des craintes de violences? Dans un communiqué, vous appeliez "au calme".
Disons qu'en faisant monter la mayonnaise, avec l'arrivée de gens de partout, on craignait clairement des violences de leur côté. Les agriculteurs à proximité avaient peur que les manifestants viennent casser et les autres agriculteurs étaient là pour les soutenir. Pour nous, se réunir, c'était leur dire "OK, vous faites votre action de plantation de racines, nous ne voyons aucun problème à cela", mais on voulait aussi faire groupe pour qu'ils ne cassent rien.
Tout s'est bien passé?
Oui, nous avons passé une très bonne journée autour de produits locaux.
Sur la situation de l'eau dans le département, où en sommes-nous dans les niveaux des recharges des nappes?
On est très bien dans le département. On enregistre 350 à 400mm de précipitations depuis le 18 octobre alors que notre moyenne annuelle est autour de 700mm. On savait qu'après des périodes sèches, nous avions des périodes humides et je ne dirais pas que le niveau de recharge est historique, car ce n'est pas le cas partout, mais c'est très bien et on est très sereins sur la prochaine période d'irrigation.
Autre point d'actualité : le projet de territoire pour la gestion de l'eau (PTGE). C'est officiel, le département portera le projet. Quel est votre point de vue?
Je pense que c'est en effet au Département de le piloter. Car on parle ici du PTGE sur le bassin du Clain mais, demain, il y en aura d'autres sur la Creuse-Gartempe, la Vienne et la Dive du Nord. À long terme, c'est donc logique que ce soit le conseil départemental qui porte ces projets. De mon point de vue, le PTGE est incontournable pour reprendre l'étude Hmuc et surtout l'adapter à la réalité, notamment économique de notre territoire. Nous avons des attentes sur le planning et pour nous, il faudrait qu'il rende des conclusions et des actions, notamment sur la construction des réserves, d'ici la fin 2024. Nous attendons depuis 2019... Il faut que le PTGE puisse débloquer la situation.
PTGE : un premier comité de pilotage en février
C'est officiel depuis le début de cette semaine, par un courrier de la préfète coordonnatrice du bassin Loire-Bretagne. Sophie Brocas valide le pilotage du projet de territoire pour la gestion de l'eau dans le bassin du Clain par le conseil départemental de la Vienne. Les choses sérieuses vont sans doute pouvoir commencer. Si ce n'est qu'il faut encore attendre le "porté à connaissance" du Préfet, pour le début d'année. "Ce sera la synthèse de toutes les études sur la question de l'eau et notre base de travail, pour un premier comité de pilotage en février " a précisé Joëlle Peltier, vice-Présidente du Conseil Départemental de la Vienne, en charge du Climat et du Développement Durable. Les élus de Grand Poitiers tenaient dans la foulée une conférence de presse. " La proposition de gouvernance au sein de 4 collèges nous convient " avait alors formulé Florence Jardin, présidente de Grand Poitiers. Les acteurs économiques, les producteurs, les associations des milieux aquatiques et les citoyens se retrouveront au sein de 4 collèges pour mettre en œuvre un plan d'action. Et si Grand Poitiers table sur 4 ans de travail, le conseil départemental confirme mais rassure : " Le PTGE se déroulera en 3 phases et nous n'attendrons pas la fin pour agir ".