Rémunération carbone : les bio dans le doute
Dans le cadre d'un projet étudiant, en partenariat avec la chaire Agriculture biologique et Bordeaux Sciences Agro, sur le stockage de carbone en grandes cultures biologiques, des agriculteurs de la Vienne ont assisté à une intervention sur la rémunération carbone.
Dans le cadre d'un projet étudiant, en partenariat avec la chaire Agriculture biologique et Bordeaux Sciences Agro, sur le stockage de carbone en grandes cultures biologiques, des agriculteurs de la Vienne ont assisté à une intervention sur la rémunération carbone.
Selon le Ministère de l'Agriculture, en 2023, environ 4 000 agriculteurs seraient investis dans le dispositif "bas carbone" mais pas de chiffres concernant la filière bio. "Peu de projets seraient financés à 100%" précise Johanna Manteau, chargée de mission climat à la Fédération Nationale de l'Agriculture Biologique (Fnab), présente dans la Vienne cette semaine pour présenter à des agriculteurs le principe de la rémunération carbone et l'outil Acct Fnab, (pour Agri Climate Change Tool Fnab). "C'est un outil de diagnostic gratuit qui, contrairement aux autres existants est multifilière et permet de déterminer les leviers sur lesquels l'agriculteur pourra agir sur le bilan carbone de son exploitation". Sorti en mars 2023, 30 conseillers ont depuis été formés l'année dernière pour effectuer les diagnostics.
Ils seront 30 de plus en 2024 pour un objectif de 200 diagnostics en fin d'année. " L'objectif est de créer des statistiques sur les impacts de la bio sur le climat et amener les agriculteurs à la réflexion sur leurs impacts et les adaptations possibles".
Créer de la statistique, les agriculteurs présents ne semblent pas contre, mais des voix se sont soulevées sur une problématique d'actualité : la rémunération. "Je veux bien faire avancer la cause, dit l'un d'eux, mais on passe un temps fou et il n'y a pas de rémunération derrière". Un autre, en polyculture-élevage, témoigne d'un diagnostic (pas de la Fnab) fait sur sa ferme, avec analyses de sol pour une photographie de l'exploitation mais qui "n'a pas porté ses fruits et nous n'avons pas eu de transformation en euros de ce diagnostic et donc pas de rémunération". Johanna Manteau en convient : "Le diagnostic c'est du temps et de l'argent. Les agriculteurs bios ont déjà fait des efforts qui ne sont pas récompensés et étant donné que les projets bas carbone sont financés sur les marges de progrès, il n'en reste pas forcément beaucoup pour eux. C'est ce qui explique qu'ils n'y vont pas.
Autre explication avancée : "Le prisme carbone efface les prismes biodiversité et eau et les bios souhaiterait que le bloc climat ne soit pas le seul pris en compte dans ce dispositif de rémunération des services de l'agriculture".