Rester dans une démarche de construction
Vendredi dernier, l'assemblée générale de la FNSEA de la Vienne a attiré près de 150 personnes. L'occasion de faire le point sur les récentes mobilisations, notamment avec Arnaud Rousseau, le président national.
Une assemblée générale, c'est évidemment toujours le moment de dresser un bilan des activités de l'année. Du côté de la FNSEA de la Vienne, en 2023, il y a eu les fermes ouvertes, la fête de la Terre, le voyage des anciens exploitants, la présence au Comice, à la Ferme s'invite et à Caprinov', la collecte de pneus. Mais aussi beaucoup des rencontres avec les représentants de l'Etat, les élus, et depuis début 2024, douze jours de mobilisation. "C'est du jamais" rappelle Sébastien Berger. Le président du syndicat a évidemment rappelé les actions menées en janvier et février dans la Vienne, et notamment le blocage de la nationale 10 et de l'A10 à Poitiers sud. "Nombre d'entre vous, syndiqués ou non, ont exprimé leur ras-le-bol. Et la force de notre réseau, c'est d'avoir pu autant mobiliser" explique l'agriculteur. "Mais ce mal-être qu'on a ressenti sur les points de blocage n'est pas un bon signe pour notre agriculture".
Colère pas éteinte
À ses côtés, Arnaud Rousseau, président national de la FNSEA sait lui aussi que l'agriculture vit " des moments loin d'être faciles." Et d'évoquer la colère du monde agricole, qu'il a constaté un peu partout sur les mobilisations en France, et le nécessaire passage à une étape de travail. "La colère, ça ne construit pas un projet. Ce que nous voulons, c'est construire un projet qui permette d'accompagner les femmes et les hommes dans l'agriculture, et donner le goût d'entreprendre aux agriculteurs". Et alors que les mesures obtenues n'ont pas permis pour l'instant de garantir "un juste revenu pour notre travail" et que "l'exercice de notre métier reste difficile avec tous les boulets qui nous sont mis dans les pieds", Arnaud Rousseau rappelle que le sujet de la transmission devient de plus en plus prégnant. "On doit préparer l'avenir". Une démarche de construction partagée par Sébastien Berger, qui rappelle que durant les mobilisations, les actions menées par le syndicat n'ont jamais été dans la destruction. "Nous faisons régulièrement des propositions, via nos associations spécialisées, qui sont aussi remontées au niveau national. Nous devons rester force de proposition" ajoute-t-il. "Toutes les filières de la Vienne, qui est une zone intermédiaire avec une grande diversité de productions, ont besoin d'un revenu rémunérateur".
Outre les agriculteurs, la salle accueillait aussi de nombreux élus, et notamment 3 des 4 députés de la Vienne: Pascal Lecamp, Sacha Houlié et Nicolas Turquois, qui ont d'ailleurs pris la parole en fin de réunion, pour évoquer plusieurs sujets "chauds" dans le département, et répondre aux interpellations réalisées durant le débat avec la salle, qui a suivi les discours des deux présidents. Accords économiques internationaux, Europe, Egalim, Ukraine et évidemment eau ont notamment été évoqués durant près de 2 heures. "L'Etat nous écoute sans nous entendre" regrette Sébastien Berger. Le Préfet, lui aussi présent, a salué cette démarche de construction qu'il constate. "C'est plus facile de défaire que de faire. Et il est plus difficile de trouver des solutions. C'est notre travail de le faire avec vous" a conclu Jean-Marie Girier.
Pour Sébastien Berger, "les mois à venir seront déterminants" pour la construction d'un avenir pour l'agriculture de la Vienne. Et le président de la FNSEA de la Vienne d'évoquer aussi les élections pour les chambres d'agriculture, qui auront lieu en janvier prochain. "Nous devons reconquérir la chambre". Et Arnaud Rousseau d'insister. "Il n'y a pas eu d'effet magique pour les agriculteurs avec l'arrivée de la Coordination Rurale à la Chambre".