Installation
Samuel et Sébastien sont allés chercher leur motivation loin de l’exploitation
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En mai dernier, Samuel et Sébastien Couturier abandonnaient leur statut de salarié pour s’installer en agriculture, motivés par la perspective de développer leur propre projet économique.
Philippe Morin, Sébastien et Samuel Couturier partagent le quotidien de l’exploitation. Pendant quelques années, au contact de l’aîné, les deux jeunes vont devenir éleveurs. Un choix.
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Christelle Picaud
Le 1er mai dernier, l’EARL le Buisson prenait vie officiellement. À 29 et 33 ans, Samuel et Sébastien Couturier concrétisent leur récent projet. Loin des ordinateurs, pour lesquels le plus jeune assurait le service après vente, et non moins loin de la centrale dont l’aîné assurait la surveillance, les deux jeunes frères ont choisi l’aviculture. « Une opportunité », reconnaît Samuel évoquant la situation de son beau-père Philippe.
Depuis deux ou trois ans, l’exploitant, aujourd’hui âgé de 53 ans, recherchait un repreneur potentiel. C’est avec attention qu’il a reçu l’inattendue proposition des deux garçons. « Philippe, comme notre mère, nous a d’abord incité à prendre le temps de la réflexion. »
Le chemin jusqu’au rachat à terme de la structure d’élevage est long. S’y engager devait être un choix. En agriculture, comme ailleurs, rien n’est impossible si l’on s’en donne les moyens, entend-on sur cette exploitation.
Manches retroussées
« J’ai moi-même été salarié avant de m’installer », se souvient Philippe Morin. Déterminé à aller de l’avant, le jeune volontaire qu’il était, a développé la production de volailles, d’abord dans un poulailler. Aujourd’hui, sur son exploitation située à la Ronde, 7 500 m2 (*) sont en production. Le fruit de nombreuses heures de travail effectuées sans regret.
Depuis trois mois, 5 000 m2 de cette surface d’élevage sont loués à l’EARL le Buisson. Samuel et Sébastien, manches retroussées, œuvrent sous l’œil expert de celui qu’ils présentent comme leur « tuteur », en quelque sorte.
Si le monde de l’élevage n’est pas étranger aux jeunes, aujourd’hui encore les ficelles du métier leur échappent. Mais, à la mesure de leur implication, il semble que ce ne soit qu’une question de temps.
Sous d’autres horizons professionnels, ils ont appris à se connaître. Certaines priorités se sont émoussées, d’autres avivées. Dans le quotidien des salariés qu’ils étaient, ils ont construit la motivation des chefs d’entreprise qu’ils deviennent. Un capital dont Samuel, lui-même, arrive à s’étonner. « Nous avons longuement réfléchi. La décision a été mûrie », commente le jeune « apprenti », pourtant surpris de la vitesse à laquelle l’élevage, la technique de production sont devenus l’objet de toutes ses attentions. « Y compris lorsque je ne suis plus dans les bâtiments. »
Transition
De septembre 2007 à la date de création de l’EARL le Buisson, Sébastien a fait ses premières armes d’éleveurs comme salarié de l’exploitation familiale. Samuel est arrivé dernièrement.
En raison de l’absence de formations et d’examens agricoles, le soutien de Philippe et de Marilyne, leur mère, est jugé, par les entrepreneurs, comme essentiel. Sur le plan technique mais également économique. Rien n’aurait été possible sans cet accompagnement, laissent-ils entendre. « Par la location, nous nous donnons le temps de nous lancer », commente Samuel.
Favorisant la constitution de l’indispensable trésorerie, la formule a également l’avantage de resserrer l’éventail des préoccupations qui ne manquent pas d’assommer les jeunes chefs d’entreprise. « Notre réussite dépendra de notre connaissance de l’animal et des exigences des deux espèces, dinde et poulet, que nous produisons. »
La technique, les réflexes d’éleveur acquis, Samuel et Sébastien seront plus forts pour faire face aux réalités économiques d’une exploitation agricole. Alors, Philippe et Marilyne pourront doucement lever le pied. Le témoin sera passé.
C.P.
(*) dont 2 500 m2 achetés dernièrement en vu de l’installation de Samuel et Sébastien.L’installation en chiffre
- À mi-parcours, les chiffres de l’installation aidée pour l’année 2008 témoignent d’une année dynamique. Début juillet, et à peu de choses près comme l’an passé, 96 dossiers de demandes d’aides étaient enregistrés à l’Adasea, 81 validés en CDOA. Sur les six premiers mois de l’année, 15 jeunes producteurs de lait de vache ont demandé les aides ; 28 producteurs de viande ; 11 producteurs de lait de chèvre ; 1 éleveur d’équidés ; 12 céréaliers ; 2 éleveurs en bâtiments hors-sol ; 4 éleveurs de moutons ; 2 exploitants dont le projet est classé en polyculture élevage et enfin 2 agriculteurs ayant fait le choix de la diversification.
Ces installations aidées ne représentent qu’une part des installations dans le département. Comme Samuel et Sébastien Couturier (voir l’article ci-joint), un certain nombre de jeunes (difficile à quantifier) se lance hors du parcours officiel de l’installation.