Installation
S’installer en agriculture à mi-temps
Jérôme Truteau partage son temps depuis quatre mois entre ses Charolaises et l’accompagnement technique des adhérents de la coopérative CEA Loulay.
Jérôme Truteau partage son temps depuis quatre mois entre ses Charolaises et l’accompagnement technique des adhérents de la coopérative CEA Loulay.
Avant de s’installer, Jérôme Truteau a voulu « voir ce qui se fait ailleurs ». Dès seize ans, il va de ferme en ferme avec sa « mob » pour des remplacements. Une licence professionnelle Conseil et développement agricole en poche, il travaille comme technicien chez Océalia, la Fédération régionale d’agriculture biologique (Frab) et aujourd’hui la CEA Loulay, ce qui lui apporte des compétences en agriculture biologique, mais aussi conventionnelle.
Après une année de césure en Amérique du Sud et la naissance de son fils, il est prêt à s’installer à 31 ans. Au 1er janvier 2020, un cousin éloigné lui cède la ferme dont il est tombé amoureux, située à Valdelaume (près de Chef-Boutonne), avec 50 ha de céréales et prairies et 31 Charolaises.
Technicien et éleveur
Jérôme Truteau pensait travailler à temps plein, mais sur les 65 hectares qu’il voulait cultiver, 15 ont été rachetés par un céréalier. Il choisit alors de poursuivre son activité de technicien à la coopérative de Loulay, en attendant que la ferme soit plus rentable. Cette double casquette est aussi un atout : en lien avec Arvalis et la chambre d’agriculture, le technicien suit l’évolution du marché au quotidien. « Je suis toujours dans l’air du temps, voire avec un cran d’avance », se réjouit-il.
Les activités sont complémentaires, mais aussi passionnantes que prenantes. Il accompagne une vingtaine d’adhérents pour 2000 à 2 500 hectares. « Heureusement, mon cousin continue à travailler, même à 68 ans, ce qui me permet de me dégager du temps pour la coopérative ».
La reprise se fait en douceur, ce qui convient au jeune agriculteur, qui veille à ne pas trop s’endetter. Pour le moment, il a investi dans le troupeau, le matériel et le fourrage, à hauteur de 60 000 €. « De quoi faire demi-tour si possible. Je ne veux pas galérer toute ma vie active et être riche à la retraite. Je n’en aurai sans doute pas ! ».
Le mi-temps a aussi ses inconvénients : il ne peut pas postuler à certaines aides, comme la Dotation jeune agriculteur, dont il n’obtiendrait que la moitié. Il en fera la demande quand il reprendra la ferme de ses parents, d’ici 2025.
Concilier agriculture et environnement
L’éleveur de Charolaises veut associer ses deux passions : la production agricole et la protection de l’environnement. « Je ne critique pas ceux qui traitent en phyto, mais je ne veux pas en utiliser, explique-t-il. Je veux pouvoir emmener mon fils dans les champs ». Son exploitation, à seulement huit kilomètres de la ferme de ses parents, lui permet de réaliser son projet. Les terres ne sont pas en agriculture biologique, mais correspondent au schéma qu’il recherchait. Son objectif : l’autonomie alimentaire. Avec la Frab, pour laquelle il a travaillé pendant cinq ans, il a mis en place un système de pâturage tournant dynamique (PTD). Le système de polyculture élevage est pour lui ce qu’il y a de plus pertinent en bio (gestion des adventices, engrais pour les cultures).
Pour l’avenir, Jérôme Truteau ne manque pas d’idées. Il les chiffre toutes, en argent, mais aussi en temps car il veut être présent pour sa famille.