Parcours
S’installer en agriculture, un chemin fait de courbes
En 2018, 119 nouveaux agriculteurs se sont installés en Deux-Sèvres. Des parcours qui demandent du temps et de la réflexion, comme celui de Marina Graveleau, qui est à l’aube de son projet d’installation.
En 2018, 119 nouveaux agriculteurs se sont installés en Deux-Sèvres. Des parcours qui demandent du temps et de la réflexion, comme celui de Marina Graveleau, qui est à l’aube de son projet d’installation.
Marina Graveleau, 25 ans, veut devenir éleveuse de chèvres. Un projet qui germe depuis 2013, quand elle débute son CS caprin. D’un élevage de 80 chèvres avec production fromagère en Auvergne à un cheptel de 350 têtes axé sur la génétique en Deux-Sèvres : Marina affine ses idées, tente, se cherche. Déterminée et passionnée, elle prend le temps de réfléchir à chaque composante de son projet.
Toujours se remettre en selle
Passionnée par les chevaux, Marina passe un bac pro CGEA équin. Elle tente un BTS ACSE avant de changer un mois plus tard et se lancer dans un CS caprin. Elle préfère suivre une formation professionnalisante et apprécie le contact avec les chèvres. Elle se rend régulièrement dans l’élevage caprin des parents d’une amie.
À cette époque, Marina se projette en Auvergne avec 80 chèvres, une production fromagère et une ferme pédagogique. Une première idée qui va bien évoluer lors de ses huit mois en alternance à Rorthais, dans un élevage de 380 chèvres hors sol. Son maître d’apprentissage lui fait découvrir un autre rythme de travail, sans transformation ni vente, qui lui correspond davantage. Après un congé maternité et une expérience en tant que salariée dans le Maine-et-Loire, elle suit le parcours à l’installation pour reprendre l’exploitation à Rorthais.
Encore jeune maman, elle finit par douter de ce projet de reprise, qui va lui demander un travail important, des travaux étant à prévoir dans les bâtiments. C’est en 2019 qu’elle fait marche arrière, ne voulant pas donner de faux espoirs à celui qu’elle considère comme son mentor. S’ensuit une phase difficile, où elle s’interroge sur sa vocation. Pendant quelques mois, elle travaille auprès de personnes âgées et en grandes surfaces. Un temps de réflexion qui lui permet finalement de renouer avec sa vocation première. « Ça m’a poussé à savoir ce que je voulais, à bien définir mon projet. C’est motivant de trouver sa voie », positive la jeune femme. Marina, qui est aussi cavalière, sait vite se remettre en selle après une chute.
Confronter ses idées au terrain
Tout au long de son parcours, Marina a rencontré des éleveurs qui l’ont aidé à définir le type d’élevage qui lui correspond le mieux. Elle a aujourd’hui des idées précises sur sa future exploitation : 350 chèvres alpines, hors sol, sans cultures, une production de lait et de viande de chevreaux, et un important travail sur la génétique en utilisant l’insémination artificielle. Elle a choisi la race alpine par affinité. Elle souhaite orienter tout son travail autour du schéma de sélection.
Aujourd’hui, il lui faut maintenant confronter son projet à la réalité du terrain. Vétusté des bâtiments, faible niveau génétique du cheptel : Marina n’a pas encore trouvé son bonheur parmi les exploitations qui cherchent un repreneur. Elle souhaite travailler avec le moins de contrainte manuelle possible et pouvoir être seule en salle de traite. « Le meilleur confort de travail pour moi et les chèvres », résume-t-elle. L’implantation géographique est importante à ses yeux, elle vise un secteur dynamique en sud Deux-Sèvres ou nord Charente-Maritime, avec un terrain propice pour un agrandissement à l’avenir. Elle a étudié un projet de reprise en Vendée, mais le cheptel ne lui convenait pas.
Si elle ne trouve pas d’exploitation à reprendre, Marina est prête à la monter de A à Z. Elle se donne deux à trois années pour ficeler un projet solide et le présenter aux banques, sachant qu’elles sont plus frileuses quand il s’agit de création. Pour faire les choses dans l’ordre, elle doit entreprendre de nombreuses démarches : scruter les mouvements dans les propriétés rurales, prendre des conseils auprès d’une laiterie, se rapprocher de la SAFER et de la Chambre d’agriculture du département pour établir un financement. Elle sait que le coût est élevé. L’élevage des chevrettes la première année n’étant pas rentable, elle aura besoin d’apports. Pour soutenir son projet, elle a droit à différentes aides : modernisation des bâtiments d’élevage, dotation jeune agriculteur, aide hors cadre familial et aide pour un salarié. Une seconde main sera utile pour les mises-bas et pour se dégager du temps. Au bout de deux ans, elle voudrait pouvoir prendre des week-ends.
Marina a rencontré une personne qui a réussi à créer son élevage, ce qui la motive pour se lancer dans l’aventure à son tour.
Le point de vue d’un conseiller en élevage caprin