Terre Atlantique : production en baisse, mais projets en hausse
Les récoltes sont moindres, mais cela n'empêche pas d'aller de l'avant. L'assemblée générale se tient ce vendredi à l'espace Encan de La Rochelle.
Deux heures n'ont pas suffi à Christian Cordonnier et Jean-Yves Moizant pour tout dire de la «bonne santé», des projets, des investissements et des innovations de leur coopérative. Ces dernières années, y compris en 2018, Terre Atlantique a encaissé de moins bonnes récoltes qu'attendu, mais cela ne l'a pas empêchée de poursuivre sur sa lancée de la décennie : l'expansion. Classée dans le top 10 des entreprises du département, derrière Stelia Aéopspace, Léa Nature, Soufflet et le Comptoir automobile rochelais, la coopérative, à travers la voix de ses deux porte-paroles, met en avant ses atouts : 1 200 adhérents sur l'Aunis et les Vals de Saintonge, 50 000 t de blés tendres alimentant 6 moulins partenaires, 15 000 t d'orges et autant de pois. Aujourd'hui, 100 % des tournesols et 90 % des colzas de Terre Atlantique sont triturés. Une multitude de partenariats ou de contractualisations ont été noués, avec Arkéos, Lu Harmony, Agriéthique ou les blés améliorants. Pour la plus grande fierté des dirigeants, les accords financiers avec Sateen Union-Azur Plant Breeding sont allés de pair avec des contrats semenciers importants. 4 200 ha sont ainsi dédiés à la production de semences sur le territoire de la coopérative, contre 2 008 ha... en 2008, il y a dix ans.
Au total, la récolte de 2017 s'élève à 377 000 tonnes en volume, pour un chiffre d'affaires céréales de 112 MEUR dont 74 MEUR pour la vente des céréales, 29 MEUR pour l'approvisionnement, et 12 MEUR pour la production de semences. Certes, au détour de la présentation, quelques déconvenus transparaissent, comme la difficile commercialisation des blés récoltés en 2017. «Sur le marché portuaire, nous n'avons pas réussi à retrouver nos parts de marchés liées à une faible disponibilité de produits pour La Pallice», concèdent-ils. Sur la campagne 2017/2018, «les principales productions ont été valorisées à 174 EUR/t».
Reflet de la conjoncture
Ce vendredi, la coopérative tiendra son assemblée générale à La Rochelle. On y regardera naturellement l'activité 2017-2018, mais aussi le début de la nouvelle campagne. «La collecte 2018 sera faible, à 350 000 t environ. Ce sont des rendements trop faibles pour nos filières, même si les prix montent...» estime Christian Cordonnier. Dans la lignée «Investir pour produire», Terre Atlantique est taillée pour gérer 400 000 t. Dans les résultats qui seront présentés dans le détail à la fin de la semaine, deux constats ressortent : la baisse des ventes des produits phytosanitaires, ainsi que le prix «historiquement bas» des engrais. Christian Cordonnier y décèle une «meilleure gestion» des adhérents et surtout une «amélioration des pratiques environnementales». Il embraye aussitôt sur toutes les innovations qui vont dans ce sens au sein de la coopérative : offre de services, plan de fumure, enregistrement des pratiques culturales avec Géofolia ou Phytopass, implantation de 18 stations météo d'alerte et de suivi, ou encore les expérimentations et la mise en place de l'agriculture de précision, le pilotage de l'irrigation avec Irré-lis, l'engagement dans la démarche Beapi (voir en p. 15). «Notre offre de services est là pour produire mieux et pour que nos adhérents gèrent avantageusement leur exploitation», commente Christian Cordonnier. C'est une avancée dans le tout-connectique.
Un plan d'investissement
Autre investissement que Jean-Yves Moizant met en exergue : l'installation de panneaux photovoltaïques sur les toitures des sites de Fontenet et de Landes. «Cela commence à rapporter», annonce-t-il en avançant la somme de 165 KEUR et en se félicitant de «l'engagement que l'entreprise a fait pour préparer l'avenir».
L'exercice présenté ce vendredi annonce plus de 6 MEUR d'investissements divers et variés, concernant notamment une nouvelle modernisation de la station de semences d'Aigrefeuille, où la coopérative devrait recruter un technicien industriel. En tout, 5 MEUR d'investissements sont prévus pour les 3 ans à venir sur la station de semences : nouvelle chaîne de réception, triage optique des tournesols, travail à façon dans le triage. Autant de projets qui sont la preuve de l'engagement dans l'investissement aval de Terre Atlantique. Toujours au rayon des bonnes nouvelles, la coopérative semble enfin voir le bout du tunnel avec sa filiale jardinerie.
Des projets plein les cartons
Dans le sillon de cette bonne marche de la coopérative, les deux dirigeants ont annoncé la mise en place d'un prochain groupe de travail autour de la stratégie des entreprises des adhérents. Une réflexion autour du «investir pour produire» qui se déclinerait par de l'accompagnement des adhérents, pour développer leurs productions et leur rendement avec plus d'efficience économique. Parmi les autres projets évoqués, la rénovation du site de Ste-Même, pour le spécialiser vignes, ou la gestion électronique des documents au sein même de la coopérative, pour éviter les doublons et rendre ainsi plus efficiente la partie administrative. Mais si certaines de ces innovations relèvent encore de l'expérimentation, l'idée, selon Jean-Yves Moizant, est d'aboutir à un partage avec l'ensemble des adhérents. «Le but principal est de produire et commercialiser les céréales et oléo-protéagineux sur notre territoire, tout en se préparant aux enjeux du digital.» Quitte à oublier que cette agriculture est l'objet d'attaques répétées, que la seule réussite économique ne suffit pas à calmer.