Tournesol : Irriguer avec des volumes limités
Le tournesol tire son épingle du jeu dans les sols superficiels et intermédiaires.
L’irrigation du tournesol est peu souvent mise en œuvre par les agriculteurs. Pourtant cette pratique bénéficie de nombreux atouts pour s’insérer facilement dans les exploitations agricoles équipées de l’irrigation… avec, à la clé, des résultats économiques améliorés !
Peu de tournesol irrigué mais du potentiel de développement
Culture robuste, le tournesol reste aujourd’hui très majoritairement conduit sans irrigation (« en sec » = pluvial) en France. Selon l’enquête de Terres Inovia sur les pratiques culturales 2017, le tournesol irrigué ne représente que 5 % de la sole nationale. Il y a cependant de grandes différences selon les bassins de production : ce taux d’irrigation est nul à l’Est tandis qu’il atteint 28 % en Rhône-Alpes en passant par 5 % dans le Sud-Ouest et le Centre-Ouest.
16 % des tournesols français seraient cultivés sur des parcelles irrigables. Deux-tiers des tournesols implantés sur des parcelles irrigables sont donc conduit en sec. Cela représente plus de 50 000 ha sur lesquels la culture n’est pas conduite à son optimum.
En 2017, la quantité totale d’eau utilisée sur tournesol est en moyenne de 77 mm en 2,7 apports soient environ 30 mm par tour d’eau. Dans un contexte d’apports limités en volume et en tours d’eau, le tournesol est l’espèce légitime pour valoriser au mieux cette irrigation restreinte.
Le tournesol a toute sa place
Le tournesol se contente d’apports d’eau limités, d’un total inférieur à 120 mm avec des stratégies de 1 à 3 apports (30-40 mm chacun). Pour des quantités supérieures, d’autres espèces comme le soja ou le maïs, sont plus rentables. Ce sont les sols superficiels (RU≈ 80 mm) et intermédiaires (RU ≈ 130 mm) qui valorisent le mieux pour le tournesol une irrigation à volume limité. De plus, pour une culture d’été, cette irrigation a l’avantage de se terminer tôt, première décade d’août en culture principale. Cette pratique est donc moins exposée à un risque d’arrêt partiel ou total d’irrigation suite à des arrêtés préfectoraux pris en cas de sécheresse.
Le changement climatique en cours, avec des étés en tendance plus chauds et plus secs dans le grand Sud-Ouest, accroit encore l’intérêt d’irriguer le tournesol.
Irriguer prioritairement le tournesol dans les sols superficiels et intermédiaires
Dans ces sols souvent argilo-calcaires, la marge brute du tournesol irrigué (irrigation comprise) est bien positionnée par rapport à d’autres cultures estivales. En sol superficiel, les marges indicatives comparées (source Terres Inovia) sont nettement en faveur du tournesol irrigué (graphique ci-dessus).
Avec le bonus huile, c’est encore mieux !
Les valeurs des simulations présentées ne tiennent pas compte de l’effet positif de l’irrigation sur la teneur en huile des graines (+ 2 à 4 points) et indirectement sur le prix des graines (+1,5 % du prix par point d’huile supplémentaire). En effet, dans la grande majorité des situations, la teneur en huile n’est pas rémunérée individuellement au niveau de l’agriculteur : il y a donc rarement une plus-value directe mais, dans tous les cas, une plus-value auprès du transformateur (triturateur des graines). Ce bonus huile grâce à l’irrigation est très significatif ! Sur la base d’un prix de vente à 330 €/t, d’un rendement irrigué de 32 q/ha et d’un gain de 3 points d’huile grâce à l’irrigation, il se chiffre à + 50 €/ha.