Transmission d'exploitation : céder, c'est d'abord avoir un projet
À l'heure où de plus en plus d'exploitants approchent de l'âge de la retraite, l'accompagnement de la Chambre d'agriculture
est indispensable pour réussir son passage de relais. Martial Pouzet accompagne Patrice et Chantal Ferrand dans leur projet de transmission. Et même bien suivis, ce n'est pas simple.
Transmettre une exploitation, ce n'est pas une simple transaction d'affaires. L'opération mêle patrimoine personnel, le plus souvent la maison d'habitation, des terres et des animaux auxquels les cédants ont consacré de très nombreuses années de leur vie. À Montrollet, le GAEC Routier-Ferrand a entamé une formation en 2018 auprès de la Chambre d'agriculture pour passer le cap avec le moins de heurts possibles en fin d'année et mettre un point final à près de 40 ans d'activité agricole.
Patrice et Chantal se sont installés dans un premier temps sur Saulgond en GAEC en 1983. L'expérience dure trois ans, avant que le couple ne s'installe à Montrollet, sur l'exploitation des parents de Chantal pour y élever des chèvres. Ils reprennent dans la foulée une activité de transformation du lait et de vente sur les marchés. L'exploitation est familiale et divisée en parts égales entre les enfants. Chantal ne reçoit qu'un tiers de l'exploitation d'origine, auxquels s'ajoutent des terres achetées au fil des ans. Le bien à transmettre compte actuellement la maison d'habitation du couple, 80 chèvres, l'atelier de transformation pour la fabrication des fromages, une quinzaine d'hectares et quelques limousines pour élever quelques broutards qui partent à l'engraissement. Les années se font sentir, et l'envie de préparer l'avenir également.
Martial Pouzet accompagne le couple dans ses démarches, de la préparation jusqu'à la cession, depuis octobre 2018. L'exploitation a son petit succès. Déjà presque une dizaine de visites et quelques candidats sérieux. Mais le couple ne regrette pas de ne pas avoir attendu le dernier moment. « C'est du temps à y passer, à expliquer ce qu'on fait. Ça peut durer de 3 à 5 heures, parfois c'est sur plusieurs jours. Il faut être réaliste dans ce qu'on présente et dans la présentation des contraintes du métier. Tous les repreneurs que nous avons vus sont en reconversion, avec des projets plus ou moins avancés », explique Patrice Ferrand. Les potentiels repreneurs peuvent aussi vouloir passer quelques jours sur l'exploitation pour se familiariser. Les demandes peuvent être diverses : compagnonnage ou transmission des savoir-faire. S'occuper des bêtes et faire son fromage, ça ne s'improvise pas.
Retrouvez la suite de l'article dans La Vie Charentaise du vendredi 11 juin 2021, disponible en kiosque et sur abonnement.