Trois nouveaux générateurs en Charente pour limiter l’intensification de la grêle
Sur proposition de l’Anelfa, trois nouveaux postes ont été installés en Charente pour la campagne 2015 à Sigogne, Saint-Brice et Saint-Genis/Deviat. L’objectif : améliorer et densifier le réseau dans un contexte d’intensification des épisodes de grêles avec davantage de gros grêlons.
À la suite des épisodes de grêle dévastateurs de juin 2014, l’Anelfa, Association nationale d’étude et de lutte contre les fléaux atmosphériques, a proposé de créer trois nouveaux postes en 2015 pour densifier le réseau départemental qui en comptait déjà 43. « L’installation de ces trois postes permet de combler des zones où le maillage est un peu lâche au sud-ouest, des zones fortement touchées sur les deux dernières situations orageuses de juin 2014. Cette évolution est en accord avec l’amélioration de secteurs qui ont déjà été signalés comme insuffisamment couverts tels que Condéon, Bécheresse, Rouillac et Echallat », a indiqué Frédéric Joseph, technicien de la chambre d’agriculture de la Charente, lors de la présentation du compte rendu d’activité 2015 du Silfa 16, Syndicat intercommunal de lutte contre les fléaux atmosphériques, relais local de l’Anelfa.
Paradoxalement, avec 12 alertes en 2014 par le système Viappel, la Charente se situe dans la moyenne des dernières années. Si l’on remonte jusqu’en 1999, on trouve même plusieurs années à plus de 20 alertes (26 en 1999, 23 en 2004 ou 22 en 2005). « Si on compare avec les Pyrénées-Orientales qui ont 50 alertes par an, on est quand même épargné en dépit des orages méchants de l’an dernier », a expliqué Bernard Georgeon, le président du Silfa 16, lors de l’assemblée générale le 22 avril à Segonzac.
Des grêlons plus gros
Il faut dire que les épisodes du 7 juin 2014, et surtout celui survenu dans la nuit du 8 au 9 juin ont marqué les esprits autant que les cultures (6 000 à 7 000 hectares de vignes touchées dont 3 500 à plus de 80 %). « Heureusement, on a des orages comme celui-là que tous les 5 ou 6 ans », selon le professeur Jean Dessens qui est intervenu sur le sujet.
Le 9 juin, entre 2 h 45 et 4 h du matin, des grêlons de 8 à 31 millimètres ont été récupérés dans 15 plaques de grêlimètres du réseau. Les données les plus exceptionnelles ont été enregistrées sur la plaque de Merpins où à 3 h 30, il ya eu des grêlons d’un diamètre maximal de 26 mm, ce qui veut dire qu’à côté il devait y en avoir certains qui faisaient 3,5 ou 4 centimètres. À Merpins, le nombre de grêlons au m2 a atteint 8 005 pour une masse de 4,93 kg et une énergie cinétique de 640 joules. « À ce niveau-là, la végétation est détruite à 100 %, a précisé Jean Dessens avant d’ajouter. C’est difficile de dire à des gens vous avez été grêlé mais sans les générateurs, cela aurait été encore pire. Même si le résultat est décevant, sans ensemencement d’iodure d’argent, la grêle aurait été probablement plus forte ».
En revenant plusieurs années en arrière, le physicien des nuages a constaté une légère baisse de la fréquence des épisodes de grêle mais une forte hausse de leur intensité. « On a moins de petits grêlons mais plus de gros grêlons que dans les chutes d’il y a 25 ans ». Dans le cadre du réchauffement climatique, « Les chutes standards ne seront pas plus nombreuses mais plus intenses », a expliqué Jean Dessens.
Si le réseau se densifie en Charente avec ces 3 nouveaux postes installés en 2015, qui ont déjà servi lors de la première alerte de l’année le week-end du 18 et 19 avril dernier, un autre a vu le jour à Tanzac en Charente-Maritime alors que deux autres sont en réflexion, notamment à Corignac. « C’est bénéfique pour lutter contre les orages qui se déplacent rapidement du sud ouest vers le nord est comme ceux de juin 2014, soit 75 % des orages qui passent en Charente », selon Jean Dessens.