UGVC : De la viticulture durable au cognac responsable
Phase 2 de son engagement envers le développement durable après la mise en place du référentiel, la filière du cognac se lance dans une démarche de responsabilité sociétale.
RSE (responsabilité sociétale des entreprises), RSO (responsabilité sociétale des organisations) ou RSC (responsabilité sociétale du citoyen) quel que soit l'acronyme, «cette démarche sert à intégrer les enjeux du développement durable à plus ou moins long terme et selon une contribution volontaire et collective ». Voilà en substance comment Ywan Penvern et Victoire Selins, respectivement directeur et consultante du cabinet Deloitte (N.D.L.R. : le cabinet choisi par le BNIC pour mener à bien cette nouvelle mission de RSE) ont «expliqué ce qu'on met derrière la notion de responsabilité». Cette explication de texte a eu lieu mercredi 28 mars, devant un parterre de viticulteurs, réunis à l'occasion de la mise au courant de l'UGVC à Châteaubernard.
Si les grandes marques de cognac, portées par des groupes internationaux, sont déjà pour la plupart engagées depuis longtemps dans une politique de responsabilité sociétale des entreprises, dans le cas du cognac, c'est l'ensemble de la filière que le BNIC et l'UGVC essaient d'entraîner dans cette dynamique nouvelle.
« Le cognac ne part pas de zéro »
La mission a commencé en novembre dernier pour l'équipe du cabinet Deloitte Développement durable, par des entretiens avec des membres de la filière et un premier travail d'enquête. «Nous partons plutôt confiant dans la réussite de cette mission, car ce qui distingue le cognac des autres entreprises ou secteurs (agricoles et agroalimentaires) que nous accompagnons, c'est que la gouvernance paritaire de la filière est déjà intégrée. Le cadre d'échange est déjà posé », a déclaré Ywan Penvern. Non sans faire remarquer avec justesse que : «Quand une filière réussit, elle suscite des attentes».
RSE : construire un discours qui protège et différencie
Autre atout dont bénéficie la filière cognac, selon sa collaboratrice : une «e-réputation et une image locale plutôt positive de la part des habitants». «Concernant les problématiques liées à l'environnement et à la santé des riverains, il existe une forme de bienveillance des habitants interrogés - une quarantaine, ce qui ne fournit pas un échantillon représentatif -, qui reconnaissent que des efforts ont été fournis dans ce domaine», estime Victoire Senlis. Le référentiel de viticulture durable est passé par là... Et justement «nous en sommes à 1 300 viticulteurs qui se sont autodiagnostiqués dans le cadre du référentiel» a annoncé Patrick Raguenaud, le président du BNIC. Ajoutant qu'il croyait beaucoup pour cette formation «à l'effet d'entraînement et de boule de neige», en réponse au cabinet Deloitte qui a discerné dans son travail d'enquête un «besoin d'accompagnement des viticulteurs sur les étapes suivantes».
Sur la RSE, Patrick Raguenaud décrit « une démarche stratégique pour notre filière face aux enjeux de société (pression médiatique, pesticides...), dans le prolongement des Etats généraux de l'alimentation. Il s'agit d'assurer notre prospérité pour l'avenir » a-t-il poursuivi.
Christophe Véral, président de l'UGVC, s'est montré tout aussi déterminé : «Nous construisons aujourd'hui le cognac de demain : un cognac d'excellence et responsable sur son territoire». Et d'appeler la filière à se montrer «ambitieuse». Quelques minutes auparavant, les consultants du cabinet Deloitte ne l'avaient pas caché : «La question du niveau d'ambition que l'on veut atteindre avec la RSE va devoir être évoquée dans les commissions du BNIC ». En attendant la phase de déploiement des chantiers thématiques, trois actions-phare sont annoncées dans les prochains mois : «un événement pour partager l'ambition» ; «la création d'une plateforme collaborative» ; «un dispositif de reporting annuel pour apprécier les progrès».