A lire cette semaine un dossier lait de onze pages
Un accord sur le prix du lait insatisfaisant mais indispensable
Suite à l’accord interprofessionnel sur trois prix du lait du 3 juin dernier, les producteurs de lait continuent de voir rouge et la colère blanche ne devrait pas faiblir.
Ce n’est pas l’accord sur le prix du lait obtenu tard dans la soirée du 3 juin qui mettra du beurre dans les épinards des producteurs de lait. Pour la FRSEA, le prix moyen demeure inférieur au coût de revient. Les trois branches de l’interprofession, pressées par le gouvernement, se sont effectivement entendues sur un dispositif tournant autour de trois prix du lait en moyenne pour 2009 selon que l’entreprise auquel le producteur livre a une part plus ou moins grande de produits industriels (beurre, poudre) dans son « mix-produit ».
A savoir 280 euros pour 1000 litres (pour 20% de part de beurre-poudre), 272 euros (pour 30%) ou 262 euros (pour 34%). Alors que, selon le syndicat, le prix moyen du lait devrait s’élever à 305 euros/1 000 litres.
Et si cet accord était indispensable, il demeure insatisfaisant pour Philippe Moinard, président de la FRSEA : « Il met fin à une spirale à la baisse car, sans cet accord chaque entreprise fixerait son prix. Mais ce n’est tout de même pas suffisant. Nous poursuivrons la mobilisation syndicale ». Aussi, la FRSEA compte demander au Criel de se réunir afin d’exclure le beurre pâtissier AOC et la mozzarella des produits industriels. Elle projetait également de rencontrer Jean-Pierre Raffarin vendredi 5 juin et une action syndicale devrait avoir lieu lors de l’assemblée générale de l’Association centrale des laiteries le 15 juin.
Structurer la filière
Dans ce contexte de crise laitière, Philippe Moinard appelle plus que jamais à une structuration de la filière. « En Charentes-Poitou, il y a peu de production mais la filière est divisée, martèle le président de la FRSEA. Il existe dix-sept marques de beurre AOC et autant de vendeurs ! Et puis il faut évoluer, après 20-30 ans de quotas, nos industriels sont restés dans le même schéma. »
Et si cet accord semble quelque peu compter pour du beurre aux yeux des syndicalistes, ils ne sont pas beaucoup plus satisfaits de la mise en place du plan d’aides de 30 millions à destination des exploitations fragilisées. Lequel s’opérera à travers un allégement des charges financières et sociales et un renforcement du dispositif de modernisation des bâtiments d’élevage. Michel Barnier a par ailleurs confirmé l’annonce qu’il avait faite au congrès de la FNPL, en mars 2009 à savoir le gel de l’augmentation des quotas de 1% pour toute la campagne 2009/2010.
Enfin, en attendant le mois septembre durant lequel l’accord devrait être revu, la FRSEA compte veiller au grain. « Il faut que cet accord soit appliqué par les entreprises, nous serons attentifs », souligne Philippe Moinard. Car malgré une déception pour le syndicat, « le pire aurait été de n’obtenir aucun accord », conclut Dominique Marchand, président de la FDSEA de la Vienne.