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Un coutelier bien affuté à Ligugé
Depuis cinq ans, Loïc Villeneuve passe une partie de ses soirées et week-ends à découper des lames, les poncer, les tremper, pour les assembler et en faire des couteaux pliants particulièrement recherchés par les collectionneurs.
Depuis cinq ans, Loïc Villeneuve passe une partie de ses soirées et week-ends à découper des lames, les poncer, les tremper, pour les assembler et en faire des couteaux pliants particulièrement recherchés par les collectionneurs.
Si on dit que la coutellerie, ce n’est qu’un second couteau pour Loïc Villeneuve, c’est vrai que le jeu de mots est un peu facile. Mais puisque cet habitant de Ligugé baptise tous les couteaux qu’il conçoit d’un sobriquet amusant, on peut se le permettre ! De Lo-merta à Lo-mage, en passant par Lo-pium et Lo-xymore, ce coutelier utilise systématiquement son propre surnom (Lo), qui est aussi la signature qu’il appose sur chacune de ses lames. Car c’est véritablement de A à Z qu’il construit chaque couteau.
Un processus de 20 à 50 heures
Ce passionné part d’une plaque d’acier, dans laquelle il découpe la lame, qui doit être ensuite longuement travaillée et poncée, avant d’être traitée thermiquement pour lui donner son coupant. « Pour une lame en inox, il faut qu’elle soit chauffée à 1 060 °C, dans mon four, avant d’être trempée dans l’huile, et à nouveau réchauffée ». Un travail de précision primordial pour que la lame soit à la fois coupante et résistante. Et la précision, justement, il adore ça Loïc Villeneuve. « Je ne fais que des couteaux pliants, car il y a toute une mécanique compliquée à mettre en place dans le manche ». La plupart de ses couteaux sont équipés d’un système de verrouillage de type liner-lock (une languette à l’intérieur ...), mais aussi de petits roulements à billes. Le coutelier façonne également avec la même minutie des pièces de titane qui permettent de réaliser le squelette du couteau, de tenir la lame et les plaquettes qui habillent le manche.
Comme pour la lame, c’est d’une pièce brute de bois qu’il part. Il y découpe la forme du manche, avant de fendre la pièce, pour réaliser l’espace de rangement de la lame, puis ponce la pièce et l’assemble. Des plaquettes de très nombreuses essences, parfois rares. « J’utilise par exemple du morta, un chêne tombé dans les marais, et en cours de fossilisation, qui est noir avec des veinages gris, mais aussi de l’ivoire de mammouth ». Depuis qu’il a rencontré David Grimaldi, un tourneur également installé à Ligugé, le coutelier se tourne de plus en plus vers des essences locales, ou tout au moins européennes, comme le châtaignier ou le buis. Le spécialiste du bois lui a réalisé une plaquette avec un bois récupéré lors de travaux réalisés aux Usines de Ligugé et stabilisé avec de la résine bleue. Au final, pour un couteau, il faut donc au minimum 20 heures de travail. « Mais ça peut aller jusqu’à 50 ! » s’amuse Loïc Villeneuve. Ses couteaux ont un coût important. « Autour de 300 euros. Le moins cher est à 150 euros, et le plus cher que j’ai réalisé coûtait 850 euros », explique le coutelier. Un prix que certains collectionneurs n’hésitent pas à mettre dans ce type de couteau.
Aucun stock, aucune commande
Malheureusement pour les habitants de la Vienne, il est bien difficile de trouver ses créations. « J’ai accepté les commandes au tout début, mais je préfère que ce soit moi qui choisisse la forme et la matière de chaque couteau ». Une façon de garder tout le plaisir qu’il a à imaginer des couteaux, sans contrainte. « J’ai participé en décembre 2018 à une exposition-vente qui se tenait aux Usines, et j’expose de temps en temps chez le peintre Man’s, à Cissé, mais je vends désormais uniquement lors de salons spécialisés dans les couteaux. » Le prochain se tiendra en novembre à Lyon (c’est d’ailleurs un de ses couteaux, Lo-xymore, qui est sur l’affiche, voir ci-dessous), et Loïc Villeneuve est donc en train de fabriquer les couteaux qu’il y présentera. « J’en prévois au moins une quinzaine ». Le coutelier explique que lors de tels salons, les collectionneurs, qui attendent souvent devant l’entrée plusieurs heures avant l’ouverture, se précipitent vers les stands dès l’ouverture des portes pour réserver un ou plusieurs couteaux. Vient ensuite le moment de convivialité qu’il préfère, avec ces clients qui repassent récupérer et régler leur couteau. « On a toujours des huîtres, un verre de vin à offrir, et on peut échanger tranquillement ». Et si quelques couteaux n’ont pas été vendus pendant le salon, Loïc Villeneuve les propose à la vente sur internet. « En général, ils partent vraiment très rapidement… » Pour les personnes intéressées, il est donc fortement conseillé de suivre très attentivement le profil facebook de Lo Coutelier dans les heures qui suivront la fin du salon de Lyon, le 15 novembre prochain…