Innovation
Un matelas à eau sous le sabot des vaches
À Guémené-Penfao (44), les vaches du Gaec des Landelles sont les premières au monde à bénéficier d’un matelas à eau dans leur logette. Objectif : améliorer leur bien-être et réduire le stress thermique qui impacte négativement la production du lait.
À Guémené-Penfao (44), les vaches du Gaec des Landelles sont les premières au monde à bénéficier d’un matelas à eau dans leur logette. Objectif : améliorer leur bien-être et réduire le stress thermique qui impacte négativement la production du lait.
À Guémené-Penfao, le Gaec des Landelles est une exploitation à la pointe de l’innovation. Bâtiments flambant neufs, évolutifs et économes en énergie ; imagerie laser pour déterminer la fertilité des sols et optimiser ainsi les quantités de semences ou de nutriments utilisés ; technologies de pointe pour améliorer le bien-être animal et la qualité du lait… Mais ce qui attire tous les regards, ce sont les matelas à eau zoothermiques sous les sabots des 160 vaches laitières. Une première mondiale dont les six agriculteurs sont particulièrement fiers.
Améliorer le bien-être animal
Plus qu’une passion dévorante pour la technologie, c’est le pragmatisme qui préside à cette vague de modernisations. Tout a commencé en 2017 quand deux Gaec voisins décident de se regrouper sur un seul site. Et de nombreuses questions se posent pour les six nouveaux associés. Comment maintenir la rentabilité économique de leur activité alors que certains équipements sont vieillissants ? Comment rendre attractif leur outil de travail auprès de jeunes agriculteurs dans l’optique de sa transmission ?
« Nous avons décidé de développer notre production laitière et de moderniser les bâtiments, raconte Gérard Courcoul, l’un des six associés du Gaec. Nous avons conservé les anciens bâtiments pour l’hivernage et construit trois nouveaux : une nurserie, un bâtiment pour les vaches en préparation vêlage, et un autre de 3 600 m2 pouvant accueillir jusqu’à 200 vaches laitières ». Et c’est ici que se concentrent les innovations. À commencer par ce matelas logette à poche d’eau climatisée par système rafraîchissant.
Des gains de production
La température confort pour une vache se situe entre 5 et 11 °C. Au-dessus de 18 °C, elle dépense des calories pour lutter contre la chaleur. Ce stress thermique impacte la quantité et la qualité du lait. Ce matelas à eau climatisée Aquaclim va le réguler et ainsi apaiser l’animal. Il favorise également une bonne circulation sanguine. Le principe ? Une eau à 15 °C circule dans des canules et rafraîchit la logette. Les calories récupérées par cet échange thermique sont envoyées vers la pompe à chaleur. L’eau à 55 °C ainsi produite sert ensuite à chauffer le plancher des cabanes des veaux.
« On envisage d’utiliser cette eau chaude pour nettoyer le matériel, indique Gérard Courcoul. Et pourquoi pas aussi en faire profiter le hameau voisin » ? Le système installé depuis un an a déjà montré son potentiel et sa rentabilité. Entre le 20 mai et le 31 juillet, malgré les températures caniculaires, les gains de production sont estimés entre 1300 et 1400 € par semaine. Autrement dit, grâce à cette régulation thermique, chaque vache a produit chaque jour, en moyenne, 4,8 kg de lait supplémentaire.
Traite à la demande
L’installation de trois robots de traite ultra-modernes participe sans doute à ces bons résultats. Un choix mûrement réfléchi de la part des associés du Gaec. « On n’a plus la contrainte de l’horaire de traite deux fois par jour, confie Gérard Courcoul. On a la même quantité de travail mais c’est plus agréable. On gagne en qualité de vie familiale ».
Les robots - un pour 60 vaches - fonctionnent 24 heures sur 24. La vache est autonome et vient naturellement à la traite quand elle en ressent le besoin, en moyenne 2,7 fois par jour. Pour préserver la qualité du lait, le nombre de passage est limité à quatre.
« On a une application sur le smartphone. On sait quelle vache est venue à la traite, quand et combien de fois, quelle quantité de lait elle a produit, où elle en est dans sa lactation, si elle a une mammite… En cas de panne, on reçoit une notification, décrit Gérard Courcoul. À terme, on aimerait que le robot puisse isoler automatiquement les vaches malades. Contrairement aux générations précédentes, les jeunes agriculteurs ne vivent pas que pour la ferme. Peut-être que cet outil d’aide à la décision peut leur donner envie de s’installer ou reprendre une exploitation ».
Cartographie génétique du troupeau
Pour optimiser davantage sa production laitière, le Gaec a fait cartographier génétiquement l’ensemble du cheptel par Génocellules. Un simple prélèvement indolore au niveau de l’oreille suffit à établir ce génotypage et à déterminer la valeur génétique de chacune des femelles. Les critères sont multiples. Ces informations sont non seulement utiles pour la sélection génétique, et donc pour mieux piloter le renouvellement du troupeau, mais aussi pour déterminer la qualité du lait. L’éleveur prélève un échantillon de lait de tank pour tout le troupeau. Trois jours plus tard, il connaît la « responsabilité et la numération cellulaire » de chacune de ses vaches. Plus elle a de cellules, plus le niveau d’infection est élevé. Les cellules (et de surcroît les mammites) impactent fortement la qualité du lait et ainsi le prix payé à l’éleveur mais également le temps de travail à la traite. Le coût de cet OAD est raisonnable. Comptez 34 € pour un génotypage, et 40 €/an et par vache pour l’utilisation du service.