Elections municipales
Un scrutin très terre à terre
Elections municipales
Les 9 et 16 mars, les électeurs du département seront appelés aux urnes pour renouveler les conseils municipaux. Une assemblée locale où les agriculteurs sont largement représentés pour apporter leur expertise du foncier et de la gestion mais aussi pour défendre leurs intérêts
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La réponse tarde à venir. Elle est difficile à structurer tellement elle tombe sous le sens. Jean-Pierre Morin, maire de Saint-Génard, paisible village aux 350 âmes qui compte 6 conseillers sur 11 exerçant le métier d’agriculteur se lance. « Il est difficile de faire sans les agriculteurs dans un conseil municipal pour une petite commune. Ils sont incontournables, ils font partie intégrante de la vie rurale et municipale ». Un fait, une tradition, une évidence. Quelque chose de tellement ancré dans les mœurs départementales et rurales qu’il est compliqué de le développer. Les chiffres confirment ce lien charnel. 63 maires sur les 305 communes que compte le département sont agriculteurs (1). Les Deux-Sèvres sont également administrés par 991 conseillers municipaux (sur 4108 pour l’ensemble du département) exerçant cette profession.
Engagement stratégique
Une omniprésence qui s’intensifie à mesure que la taille de la commune se réduit, tendance liée à la ruralité des territoires. Bien souvent, les agriculteurs sont ancrés à leur terre et leurs ancêtres ont exercé des fonctions électives similaires. Ils représentent le patrimoine historique de la commune et en sont les principaux acteurs économiques. A mesure que le village grandit, leur impact s’amenuise dans tous les domaines. On remarque ainsi qu’aucun agriculteur ne siège dans les 13 communes du département de plus de 3500 habitants et que seulement six communes de plus de 1000 habitants sont dirigées par un maire issu de la terre.
Philippe Bidet, universitaire ayant travaillé sur l’engagement syndical (2) et professeur à l’IREO de Bressuire, prépare une thèse sur l’implication des agriculteurs dans les conseils municipaux. Il voit dans les responsabilités confiées aux agriculteurs par la population une caution, « une légitimité qu’ils ont peut-être par rapport à leur attachement à la terre. Beaucoup d’études montrent que la société française est attachée aux paysans ». Il perçoit également un enjeu stratégique pour la profession agricole : « C’est un engagement pragmatique. Il est important que les agriculteurs soient intégrés dans la commune car il y est question de foncier, dont ils sont les premiers concernés par l’usage ». Un outil de travail qu’il leur faut défendre contre l’urbanisation mais aussi un espace qu’ils connaissent bien et pour lequel ils peuvent apporter leur expertise. Gilles Simonnet, candidat à la mairie de Cherveux, 1500 habitants, a tenu à avoir deux agriculteurs à ses côtés. Une volonté motivée par son projet communal : « Freiner l’urbanisation qui va trop vite. Les infrastructures ne suivent pas ». Il a donc couché les noms d’Olivier Blin et de Philippe Godard, exploitants, sur sa liste car ils ont « une vision de l’espace ». Eux-mêmes ont accepté ce passage aux urnes pour défendre leur métier mais également s’ouvrir. Car dans ce village rurbain où ils sont désormais en minorité, ils entendent s’intégrer à la population mais aussi défendre les intérêts de leur profession. « Je crois que les autres agriculteurs seraient quand même contents que l’on soit représentés au conseil municipal », avance Philippe Godard. Eric Bernard, 2e adjoint au maire de Pouffonds, 400 habitants, revendique également l’acte militant de défense de la profession en y ajoutant l’expertise du foncier : « Nous avons un rôle important à jouer dans les PLU pour protéger les exploitations par rapport à l’urbanisation ».
« L’habitude des responsabilités »
Une autre tâche est dévolue à l’élu du Mellois : la gestion. Depuis six ans, pour son deuxième mandat, il a en charge le budget de la commune. « Je suis un chef d’entreprise. J’ai l’habitude de faire la comptabilité, de manier les chiffres et de diriger ». Une charge qu’il a désiré « pour savoir d’où venait l’argent » mais qui ne le ligote pas pour autant à une gestion de bon père de famille. De la même manière qu’ils doivent investir pour maintenir le développement de leur exploitation, les élus municipaux qui sont exploitants sont enclins à engager des frais et donc des dettes pour faire avancer les chantiers communaux. « Ils ont une approche plus pragmatique de la vie rurale, analyse Jean-Pierre Morin. Un état d’esprit global qui leur permet de freiner les impatiences des autres populations en ayant une gestion à moyen terme ». « Les agriculteurs ont l’habitude des responsabilités collectives et une bonne connaissance de l’administration », abonde Philippe Bidet.
Des projets qu’ils ont de plus le temps de voir évoluer, leur activité n’étant pas délocalisable. Ce qui explique également que les assemblées communales leur confient souvent la gestion de la voirie, nécessitant une présence et une pratique assidues du terrain.
(1) Ces chiffres ne tiennent compte que des personnes en activité. Les retraités de l’agriculture, bien que nombreux également, ne sont donc pas comptabilisés.
(2) Il a notamment mené à bien deux travaux de recherche en sociologie sur les thèmes de l’engagement et du désengagement syndical dans le milieu agricole.
Engagement stratégique
Une omniprésence qui s’intensifie à mesure que la taille de la commune se réduit, tendance liée à la ruralité des territoires. Bien souvent, les agriculteurs sont ancrés à leur terre et leurs ancêtres ont exercé des fonctions électives similaires. Ils représentent le patrimoine historique de la commune et en sont les principaux acteurs économiques. A mesure que le village grandit, leur impact s’amenuise dans tous les domaines. On remarque ainsi qu’aucun agriculteur ne siège dans les 13 communes du département de plus de 3500 habitants et que seulement six communes de plus de 1000 habitants sont dirigées par un maire issu de la terre.
Philippe Bidet, universitaire ayant travaillé sur l’engagement syndical (2) et professeur à l’IREO de Bressuire, prépare une thèse sur l’implication des agriculteurs dans les conseils municipaux. Il voit dans les responsabilités confiées aux agriculteurs par la population une caution, « une légitimité qu’ils ont peut-être par rapport à leur attachement à la terre. Beaucoup d’études montrent que la société française est attachée aux paysans ». Il perçoit également un enjeu stratégique pour la profession agricole : « C’est un engagement pragmatique. Il est important que les agriculteurs soient intégrés dans la commune car il y est question de foncier, dont ils sont les premiers concernés par l’usage ». Un outil de travail qu’il leur faut défendre contre l’urbanisation mais aussi un espace qu’ils connaissent bien et pour lequel ils peuvent apporter leur expertise. Gilles Simonnet, candidat à la mairie de Cherveux, 1500 habitants, a tenu à avoir deux agriculteurs à ses côtés. Une volonté motivée par son projet communal : « Freiner l’urbanisation qui va trop vite. Les infrastructures ne suivent pas ». Il a donc couché les noms d’Olivier Blin et de Philippe Godard, exploitants, sur sa liste car ils ont « une vision de l’espace ». Eux-mêmes ont accepté ce passage aux urnes pour défendre leur métier mais également s’ouvrir. Car dans ce village rurbain où ils sont désormais en minorité, ils entendent s’intégrer à la population mais aussi défendre les intérêts de leur profession. « Je crois que les autres agriculteurs seraient quand même contents que l’on soit représentés au conseil municipal », avance Philippe Godard. Eric Bernard, 2e adjoint au maire de Pouffonds, 400 habitants, revendique également l’acte militant de défense de la profession en y ajoutant l’expertise du foncier : « Nous avons un rôle important à jouer dans les PLU pour protéger les exploitations par rapport à l’urbanisation ».
« L’habitude des responsabilités »
Une autre tâche est dévolue à l’élu du Mellois : la gestion. Depuis six ans, pour son deuxième mandat, il a en charge le budget de la commune. « Je suis un chef d’entreprise. J’ai l’habitude de faire la comptabilité, de manier les chiffres et de diriger ». Une charge qu’il a désiré « pour savoir d’où venait l’argent » mais qui ne le ligote pas pour autant à une gestion de bon père de famille. De la même manière qu’ils doivent investir pour maintenir le développement de leur exploitation, les élus municipaux qui sont exploitants sont enclins à engager des frais et donc des dettes pour faire avancer les chantiers communaux. « Ils ont une approche plus pragmatique de la vie rurale, analyse Jean-Pierre Morin. Un état d’esprit global qui leur permet de freiner les impatiences des autres populations en ayant une gestion à moyen terme ». « Les agriculteurs ont l’habitude des responsabilités collectives et une bonne connaissance de l’administration », abonde Philippe Bidet.
Des projets qu’ils ont de plus le temps de voir évoluer, leur activité n’étant pas délocalisable. Ce qui explique également que les assemblées communales leur confient souvent la gestion de la voirie, nécessitant une présence et une pratique assidues du terrain.
(1) Ces chiffres ne tiennent compte que des personnes en activité. Les retraités de l’agriculture, bien que nombreux également, ne sont donc pas comptabilisés.
(2) Il a notamment mené à bien deux travaux de recherche en sociologie sur les thèmes de l’engagement et du désengagement syndical dans le milieu agricole.