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Un système de désherbage autonome pour grandes cultures

 Connaissez-vous RobiOne? Derrière ce nom aux accents futuristes, c’est un système de désherbage pour grandes cultures qui se cache. Et c’est dans la Vienne qu’il a été imaginé et conçu.

Sébastien Gorry (à gauche), en compagnie de Thibault Savattier, concepteur mécanique et Jimmy Gaury Siroy, technicien en prototypage, à côté du RobiOne. 
© Elisabeth Hersand

Ce sont les champs de Pressac qui ont inspiré Sébastien Gorry. Cet ingénieur en mécanique de 33 ans, originaire de la commune, a toujours vu les contraintes d’usage de produits phytosanitaires dans l’exploitation de ses parents. «J’ai commencé à faire des plans, en réfléchissant à comment se passer des herbicides. Et j’ai imaginé un système robotisé de désherbage pour les grandes cultures». Un type d’engin déjà existant en maraîchage ou viticulture, qu’il réimagine totalement pour les parcelles de céréales, oléagineux et protéagineux, au sein de l’entreprise Cyclair, qu’il installe à Pressac. L’entreprise, dans laquelle il est associé avec Camille Auger et Quentin Guillemot, compte aujourd’hui 12 salariés et a déjà mis au point plusieurs prototypes. Au fil des tests sur les parcelles, ces désherbeurs automatisés ont évolué en taille et possibilités d’action. Le RobiOne (en photo ci-dessus) fonctionne de façon totalement autonome. Une fois programmé (avec la localisation des parcelles à traiter mais aussi le lieu où se situe la recharge), il se rend dans le champ, et se cale dans les rangs, grâce à des caméras qui filment le sol. «Nous avons rentré les adventices pour qu’il les repère. Il faut être certain qu’il n’arrache pas la plante cultivée». Sébastien Gorry assure que la précision de l’arrache est de l’ordre de quelques centimètres, et l’engin dispose de plusieurs outils. Chaque arrachage est ensuite comptabilisé et enregistré dans le cloud, ce qui permet à la fois de savoir quelle était l’infestation du champ, mais aussi que le système estime dans quel laps de temps il faut prévoir de passer à nouveau.  Si l’engin est techniquement autonome, il n’a en revanche pas l’autorisation légale de se déplacer seul sur la voie publique. Lorsqu’une route doit être traversée, il faut donc prévoir l’intervention de l’agriculteur. Cet engin permet de traiter actuellement 3 rangs en même temps, et une nouvelle version, bien plus grande, qui permettra de désherber 6 rangs simultanément, avec les mêmes 4 roues directrices (ce qui permet des demi-tours plus rapides).

Début dès le printemps

Une version qui sera prête dans quelques semaines, et qui sera testée chez une poignée d’agriculteurs autour de Pressac, dès le printemps, sur du colza. «D’ici 1 an et demi, nous pensons en réaliser une quinzaine» annonce le chef d’entreprise. Si Cyclair fait appel à des sous-traitants, notamment pour les pièces de tôlerie, c’est elle qui se charge de l’assemblage des robots. L’entreprise recherche un bâtiment plus grand que son atelier actuel, pour réaliser ces opérations. «Nous allons forcément recruter, entre 5 et 10 personnes, courant 2023, dans des métiers comme l’intelligence artificielle, la robotique embarquée, l’agronomie, la mécanique, la chaudronnerie ou le soudage». Un projet qui pourrait donc représenter près de 25 salariés, dont une grande partie de jeunes. Côté financement, Cyclair fonctionne actuellement uniquement avec les fonds apportés par les associés, mais aussi plusieurs aides décrochées (notamment de la Région), et va désormais faire appel à des investisseurs pour finir le projet et lancer la production. Sébastien Gorry entend ensuite ne pas commercialiser en tant que tel de robot, mais se propose de vendre un service. «Un robot peut prendre en charge 250 hectares de polyculture. C’est plus adapté d’être sur un assolement varié, car le robot a toujours une parcelle où intervenir. Nous pensons vendre ce service sur une année agronomique, sans nombre de passages de prévus».   Pour éviter toute «ubérisation» du concept, il entend aussi se rapprocher des coopératives, négoces ou autres OPA locales. «Ces acteurs sont reconnus, donc il n’y a pas de raison de ne pas passer par eux».

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