Usine
Un trait d’union entre élevage et céréales avec Ekorando
Terrena s’est associée à Valorex et Sofiprotéol pour concocter un aliment riche en protéines, grâce à la cussion-extrusion d’oléo-protéagineux. A Ingrandes-sur-Vienne, le site baptisé Ekoranda a été inauguré en début de semaine.
Alors que les cours des marchés ou les négociations sur la PAC font souvent s’opposer les céréaliers et les éleveurs, la société Ekoranda, se veut comme un trait d’union entre les deux. « Le nom provient d’un toponyme gaulois, Equoranda, qui correspondant souvent à la frontière de deux peuples et qui a donné le nom d’Ingrandes », précise Philippe Villain. L’agriculteur de Loudun a pris la présidence d’Ekoranda et insiste sur le choix de ce nom, qui symbolise « la rencontre entre les productions végétales et la nutrition animale ». Une société qui s’est elle-même construite suite à la rencontre de trois opérateurs : Terrena, Valorex et Sofiprotéol. Les partenaires possèdent respectivement 51 %, 25 % et 24 % des parts de la société, qui a inauguré mardi dernier son usine, à Ingrandes-sur-Vienne (86), sur le même site que l’usine de granulés qui était jusqu’à il y a quelques mois exploitée par Terrena. Vu de l’extérieur, et à part la signalétique, le changement n’est d’ailleurs pas visible. Le site a conservé sa capacité de stockage de 20 000 tonnes. Dans le bâtiment réservé à la production, seule la ligne de granulation a été remplacée. Et c’est une ligne de cuisson-extrusion qui est désormais opérationnelle. Un procédé de cuisson thermique et mécanique particulièrement adapté au traitement des graines oléo-protéagineuses, puisqu’il les rend plus digestes. Concrètement l’extrudeur est une vis d’Archimède de 210 mm de diamètre, qui permet de presser les graines, un peu comme dans un hachoir à viande. Le produit, qui sort chaud et humide, est ensuite séché pour ramener l’humidité autour de 10 %. Une cuisson que Valorex pratique déjà dans une de ses autres usines depuis des années. « La cuisson des graines entraîne une gélatinisation des amidons qui se traduit par une augmentation de leur digestibilité. Elle détruit les parois cellulaires, rendant ainsi les nutriments plus accessibles aux enzymes digestives » précise Pierre Weill, président de Valorex. « L’extrusion diminue la dégradabilité des protéines natives contenues dans les protéagineux et les oléagineux. Elle favorise ainsi la digestion intestinale de la protéine alimentaire et maximise les protéines digestibles dans l’intestin d’origine alimentaire. »
Côté apports, l’usine travaille 6 produits : lin, blé, maïs, lupin et tourteaux de tournesol et de soja. Des produits qui arrivent en très grande majorité du Poitou-Charentes et des régions autour (notamment Aquitaine et Pays-de-la-Loire). Seul le soja est importé du Brésil. Toutes graines confondues, Ekoranda a la capacité de traiter 25000 tonnes par an.
Une période de rodage
Si la production a véritablement débuté à l’automne dernier, elle n’est pas suffisamment rodée pour atteindre ce chiffre. « Nous devrions atteindre 15 000 tonnes en 2014 », précise Pierre Weill. Pour augmenter ce tonnage, il faudra notamment disposer de plus de graines à l’entrée. « Nous souhaitons aller vers des contrats sur du lin ou du lupin » lance Heubert Garaud, président de Terrena. « En tête d’assolement, le lin peut être intéressant en termes agronomiques. » Un oléo-protéagineux dont le cours est indexé sur celui du soja, et qui peut donc intéresser les céréaliers de la Vienne. Actuellement, Terrena Poitou ne compte pas de producteurs de lin. Côté lupin, la production actuelle des coopérateurs de Terrena Poitou est pour l’instant destinée à un autre débouché (cosmétologie et alimentation humaine). Il faudra donc augmenter le nombre d’hectares. Pour satisfaire l’usine, l’objectif est de cultiver 3000 hectares de lin et 500 à 600 ha de lupin. À la sortie de l’usine, quatre produits sont disponibles : une gamme d’aliments composés baptisés Giga et destinés aux vaches et chèvres laitières (55 % de la production), des noyaux riches en matière grasse (25 % de la production), des graines de soja bio extrudées (15 %) et des noyaux céréales (5 %). Des produits qui sont soit commercialisés tels quels, ou qui entrent dans la composition d’autres aliments. Au final, c’est Valorex et Terrena qui commercialisent les produits finis auprès des éleveurs.