Une année qui souffle le chaud et le froid
Si les maladies ont plutôt épargné les vignes charentaises-maritimes en 2019, les conditions climatiques, entre gel et sécheresse, ont entravé la production.
Une année assez moyenne : c'est ce que l'on retient des vendanges qui viennent de s'achever dans le département. Du bon côté de la balance, on retient la quasi-absence de maladies dans les vignes ; du mauvais, les conditions climatiques. La grêle et surtout le gel de printemps ont impacté des parcelles, mais c'est surtout la sécheresse estivale qui a entravé la production des pieds. C'est la production de cognac qui semble avoir le mieux résisté aux conditions. Le BNIC, soulignant le début précoce des vendanges, dès la mi-septembre, en raison du « climat chaud de l'année 2019 [qui] a entretenu une maturation rapide et précoce », est assez optimiste dans ses chiffres. « Malgré la sécheresse, et grâce aux pluies tardives, le grossissement normal des grappes pourrait déboucher sur un rendement moyen régional de l'ordre de 90-100 hl/ha (avec de forts rendements dans certains secteurs, mais très faibles en zones gelées). » En revanche, pour le Syndicat des producteurs et de promotion des Vins Charentais, note « une perte de valeur assez conséquente : on s'y attendait, mais pas autant ». « C'est dû au gel, à la grêle et à la pluie pendant la période de floraison, qui a provoqué de la coulure. » C'est davantage la quantité produite qui serait impactée, plutôt que la qualité.
Dans l'île de Ré, où les vendanges sont achevées depuis deux semaines, on déplore des rendements faibles malgré l'absence de maladies. « Nous avons essuyé un coup de vent début juin qui nous a enlevé beaucoup de graines », s'attriste Christophe Barthere, directeur de la SCA Uniré. Et les températures élevées, associées au manque d'eau, ont pénalisé la croissance de celles qui restaient. Les cépages de cognac, à la récolte plus tardive, ont été moins pénalisés que les autres, mais leurs résultats demeurent décevants. La situation semble similaire sur l'île d'Oléron ; sur les deux îles, on évoque pour l'heure jusqu'à 50 % de baisse par rapport aux volumes viticoles de l'an passé (millésime exceptionnel il est vrai).
Gel, grêle et sécheresse
Dans les terres, à l'abri des rafales, la situation devrait être meilleure, notamment dans le val de Charente. Ainsi, à Fontcouverte, Patrick Raffin est plutôt satisfait de son année. Pour les maladies, « on a eu une période tendue mai-juin, puis le beau temps est arrivé et ça s'est résolu ». Le gel de printemps a un peu touché son exploitation, sur un hectare. Résultat : « j'ai fait une bonne récolte. Pas une très bonne mais une bonne », « saine, de qualité », indique-t-il. Pour lui, ce sera « un millésime à retenir », même s'il regrette que « l'eau [soit] arrivée dix jours trop tard. On a sans doute perdu un peu en volume, mais on ne peut pas tout avoir ». Non loin de là, à Dompierre-sur-Charente, Jacky Bureau estime son année « dans nos moyennes », avec environ 10 hl AP/ha. « Ça a été une année assez facile pour les traitements », explique-t-il. Côté intempéries, il a subi « un tout petit peu de gel et un tout petit peu de grêle ». C'est surtout la sécheresse qui a pénalisé sa récolte. « On a perdu un peu. Il aurait fallu de la pluie début septembre. »Plus au sud, à Ste-Lheurine, Anne Bégouin déplore une année « beaucoup moins bonne » suite à l'épisode de gel du mois de mai. Les basses températures ont aussi impacté l'exploitation de Baptiste Sureau, à Gibourne, au nord de Matha, qui estime avoir perdu 20 % de sa production, avec certaines parcelles extrêmement sinistrées. « Ce n'est pas reparti, contrairement à ce qui s'était passé il y a trois ans », déplore-t-il. Toutefois, il n'a pas eu de problème de maladies et devrait atteindre un rendement entre 12 et 13 hl AP/ha, un grand progrès par rapport à l'an dernier où il avait perdu une grande partie de sa production à cause de la grêle. Ses vignes sont restées vigoureuses malgré la sécheresse. « Heureusement qu'il y a eu les dernières pluies, ça a fait du bien ! »