Témoignage
Une crise ovine de trop
Témoignage
Installé depuis huit ans, Jean-François Marteau, 36 ans, subit de plein fouet les aléas des cours des agneaux et la hausse des charges. « Il y a urgence pour des aides directes », dit-il.
Jean-François Marteau n’est pas devin, mais la réalité économique est implacable. Pourtant, cet éleveur refuse la fatalité.
©
Guy du Repaire
Si rien n’est fait cette année pour les éleveurs de moutons, beaucoup vont arrêter ». Jean-François Marteau n’est pas devin, mais la réalité économique est implacable.
Installé en 1999 à la Pilière, sur la commune de la Ferrière, il avait basé son étude prévisionnelle d’installation sur un coût de l’aliment, à cette époque-là, à 150 euros la tonne. Aujourd’hui, il est à 300 euros ! Mais il y a aussi les autres charges qui viennent réduire son revenu.
Avec seulement 600 PCO sur 54 hectares, dont 33 d’herbe, son exploitation ne lui permet pas de vivre. C’est la raison pour laquelle, il est tondeur dans les élevages de la région. Car depuis plusieurs mois les clignotants de son exploitation sont au rouge.
Un kilo de carcasse d’agneau, explique-t-il, coûte à produire entre 6 euros et 8 euros, « 7 euros ici » -, selon la productivité des élevages. Or en moyenne sur 2007, le prix de vente a péniblement atteint 5,30 euros. « Même si début 2008, le prix a été revalorisé de 20 centimes, il est loin de compenser la différence ». À ces cours très bas, s’ajoute la hausse des coûts de l’aliment : + 40% depuis avril 2007. À cheptel équivalent, le coût de l’aliment acheté a progressé de 10 000 euros, pour un chiffre d’affaires proche de 100 000 euros.
Pourtant, Jean-François refuse la fatalité. D’ailleurs, le pourrait-il, alors que les annuités de ses deux bâtiments lui coûtent
20 000 euros et qu’il doit en construire un troisième en vue d’un agrandissement. Il a décidé que l’engraissement des agneaux se fera sans les céréales produites sur l’exploitation. « Leur valeur est trop aléatoire. Je ne peux pas me permettre de prendre des risques », explique-t-il. L’enrubannage va remplacer le foin et une partie seulement des céréales sera donné aux brebis qui passent quatre mois en bergerie.
« Dans ce métier, il faut être très performant et ne pas avoir de pépins. On ne peut pas s’en sortir à moins d’un agneau et demi-produit par brebis », poursuit-il.
Même les éleveurs les plus performants ne sont pas assurés de s’en sortir. « Le revenu des éleveurs d’ovins est depuis longtemps à la traîne. Cette réalité a été accentuée avec la mise en place des DPU. Cette crise s’ajoute à celle des années 90, alors que notre revenu n’était déjà pas très élevé, il y a 3 – 4 ans : 7 000 euros seulement ».
Comme les autres éleveurs qui sont allés manifester mardi à Poitiers, après bien d’autres sonnettes d’alarme qu’ils ont tirées, il demande une revalorisation des DPU et une prime supplémentaire de 27 euros par brebis.
Cela suffira-t-il à compenser une remise en cause de l’ICHN au profit des zones de
montagne ?
Pour Jean-François rien n’est moins sûr. Il demande aussi aux GMS de jouer le jeu d’une production locale tracée, identifiée, plutôt que celui d’une viande importée sans les garanties de la production française. « Ils se servent de nos agneaux comme produit d’appel, pour vendre des agneaux élevés à l’autre bout du monde », dénonce-t-il.
Guy du RepaireSauray : les éleveurs veulent sensibiliser sur l’ensemble des territoires
Le jeudi 10 avril, la section ovine de la FDSEA avait invité les élus de Gâtine et l’administration agricole en présence de madame la sous-préfète de Parthenay, sur l’exploitation de monsieur Damien Veillon à Saurais.
Jean-Louis Chamard, président de la section ovine de la FDSEA et Jacques Ingremeau, président de la section ovine de la FRSEA, ont pu, lors de cette visite, présenter l’importance de la filière ovine sur le territoire et la crise à laquelle elle fait face depuis plusieurs années. Monsieur Gilbert Favreau, président du pays de Gâtine, monsieur Jean-Marie Morisset, député et monsieur Minault du service économie agricole de la DDAF ont alors entendu avec intérêt les attentes des éleveurs.
Patrice Coutin, président et Sylvie Macheteau, secrétaire générale de la FDSEA participaient également aux débats.
Installé en 1999 à la Pilière, sur la commune de la Ferrière, il avait basé son étude prévisionnelle d’installation sur un coût de l’aliment, à cette époque-là, à 150 euros la tonne. Aujourd’hui, il est à 300 euros ! Mais il y a aussi les autres charges qui viennent réduire son revenu.
Avec seulement 600 PCO sur 54 hectares, dont 33 d’herbe, son exploitation ne lui permet pas de vivre. C’est la raison pour laquelle, il est tondeur dans les élevages de la région. Car depuis plusieurs mois les clignotants de son exploitation sont au rouge.
Un kilo de carcasse d’agneau, explique-t-il, coûte à produire entre 6 euros et 8 euros, « 7 euros ici » -, selon la productivité des élevages. Or en moyenne sur 2007, le prix de vente a péniblement atteint 5,30 euros. « Même si début 2008, le prix a été revalorisé de 20 centimes, il est loin de compenser la différence ». À ces cours très bas, s’ajoute la hausse des coûts de l’aliment : + 40% depuis avril 2007. À cheptel équivalent, le coût de l’aliment acheté a progressé de 10 000 euros, pour un chiffre d’affaires proche de 100 000 euros.
Pourtant, Jean-François refuse la fatalité. D’ailleurs, le pourrait-il, alors que les annuités de ses deux bâtiments lui coûtent
20 000 euros et qu’il doit en construire un troisième en vue d’un agrandissement. Il a décidé que l’engraissement des agneaux se fera sans les céréales produites sur l’exploitation. « Leur valeur est trop aléatoire. Je ne peux pas me permettre de prendre des risques », explique-t-il. L’enrubannage va remplacer le foin et une partie seulement des céréales sera donné aux brebis qui passent quatre mois en bergerie.
« Dans ce métier, il faut être très performant et ne pas avoir de pépins. On ne peut pas s’en sortir à moins d’un agneau et demi-produit par brebis », poursuit-il.
Même les éleveurs les plus performants ne sont pas assurés de s’en sortir. « Le revenu des éleveurs d’ovins est depuis longtemps à la traîne. Cette réalité a été accentuée avec la mise en place des DPU. Cette crise s’ajoute à celle des années 90, alors que notre revenu n’était déjà pas très élevé, il y a 3 – 4 ans : 7 000 euros seulement ».
Comme les autres éleveurs qui sont allés manifester mardi à Poitiers, après bien d’autres sonnettes d’alarme qu’ils ont tirées, il demande une revalorisation des DPU et une prime supplémentaire de 27 euros par brebis.
Cela suffira-t-il à compenser une remise en cause de l’ICHN au profit des zones de
montagne ?
Pour Jean-François rien n’est moins sûr. Il demande aussi aux GMS de jouer le jeu d’une production locale tracée, identifiée, plutôt que celui d’une viande importée sans les garanties de la production française. « Ils se servent de nos agneaux comme produit d’appel, pour vendre des agneaux élevés à l’autre bout du monde », dénonce-t-il.
Guy du RepaireSauray : les éleveurs veulent sensibiliser sur l’ensemble des territoires
Le jeudi 10 avril, la section ovine de la FDSEA avait invité les élus de Gâtine et l’administration agricole en présence de madame la sous-préfète de Parthenay, sur l’exploitation de monsieur Damien Veillon à Saurais.
Jean-Louis Chamard, président de la section ovine de la FDSEA et Jacques Ingremeau, président de la section ovine de la FRSEA, ont pu, lors de cette visite, présenter l’importance de la filière ovine sur le territoire et la crise à laquelle elle fait face depuis plusieurs années. Monsieur Gilbert Favreau, président du pays de Gâtine, monsieur Jean-Marie Morisset, député et monsieur Minault du service économie agricole de la DDAF ont alors entendu avec intérêt les attentes des éleveurs.
Patrice Coutin, président et Sylvie Macheteau, secrétaire générale de la FDSEA participaient également aux débats.